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MessagePosté: 30 Juin 2016, 13:40 
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Synopsis : On connaît tous Kerviel, l’opérateur de marchés de 31 ans dont les prises de risque auraient pu, en 2008, faire basculer la Société Générale - voire même le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais que sait-on de Jérôme ?… Entré dans la banque par la petite porte en 2000, personne n’aurait pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Et Jérôme Kerviel va gagner ses galons et sa place en apprenant vite. Très vite. Jusqu’à fin 2007, il sera dans une spirale de réussite : « une bonne gagneuse », « une cash-machine » - comme le surnommaient ses collègues…

Petit poème en hommage à Kerviel :

C'était un trader,
Du nom de Jérôme,
Un fieffé menteur,
A pris pour sa pomme,
A la dernière heure,
Procès aux Prud'hommes.


Une bien bonne surprise dans le petit monde du cinéma français que ce biopic financier ! Sur un des scandales les plus retentissants de la crise financière, à cette heure toujours pas résolu devant les tribunaux, le pari était cependant risqué. Comment coller le plus possible à la réalité de cette affaire complexe, dans un souci de crédibilité, tout en évitant l'écueil du documentaire et donc véritablement faire cinéma ?

Difficile en l’occurrence de ne pas faire la comparaison avec les références américaines du genre. Si le petit Jérôme de la Société Générale -incarné par le tout beau tout frais Arthur Dupont- ressemble en tout point au jeune candide Bud Fox de Wall Street fasciné par les étincelles des salles de marché -au risque de s'y brûler-, point ici de maléfique Gordon Gheko ou de quelconque "génie du mal" de la finance. Le personnage de mentor prend ici la peau d'un débonnaire trader arrogant-mais-pas-méchant (un excellent François-Xavier Demaison, tout à fait à l'aise dans son rôle), démiurge malgré lui, bientôt effrayé par la créature qu'il a créé. Si par ailleurs l'univers de la finance de marché, dans ces hautes tours qui dominent Paris, est bien dépeint comme hors-sol, déconnecté des réalités, point non plus ici de peinture des excès d'un monde décadent et irréel à la Loup de Wall Street. Car par souci de crédibilité, priorité va à un réalisme froid : ce qui se passe là-haut, dans ces tours, c'est du concret, avec des mecs normaux, un peu beauf, qui brassent des millions mais pourraient être nos voisins de RER. C'est ça qui est grave. C'est aussi la raison pour laquelle la technicité financière parfois absconse d'un The Big Short n'a ici pas sa place. Ce qui compte, ce n'est pas tant de savoir COMMENT le mec a fait pour tricher (l'enquête est toujours en cours), on s'en fout, mais POURQUOI on l'a laissé faire et POURQUOI il le fait.

Tout le propos du film est donc de répondre à ces deux questions. A la première, Barratier explique (sans trop se mouiller non plus) : l'appât du gain, la fuite des responsabilités... Tout le monde en prend pour son grade. C'est un véritable réquisitoire -parfois un peu forcé (les enquêteurs dans la pénombre, dont on ne voit pas le visage... on n'est pas dans X-files)- qui invite à réfléchir sur la faiblesse des contre-pouvoirs et lanceurs d'alerte de manière générale dans notre société. Mais pour être véritablement convainquant, il faudrait justement y apporter cette dimension bigger than life des films américains, comme le disent fort joliment les Anglo-saxons. Allez les films français, encore un petit effort... Quant à la seconde question, Barratier prétend dévoiler progressivement les motivations profondes et cachées du jeune "héros" dans l'accomplissement de son oeuvre, à la manière d'un Fincher dans The Social Network, le talent en moins. Le désir d'ascension sociale, la rage de réussir, le syndrome du joueur de casino... Ces passions souterraines, au fond au cœur même de la dramaturgie du film, sont bien dépeintes mais laissent une impression de fadeur, d'inachevé... C'est le principal reproche que j'adresserais au film. La faute à un souci de réalisme peut-être trop poussé, et à un acteur principal loin d'être mauvais mais peu convainquant. Trop gentillet, trop jeune premier. Quand je vois le vrai Jérôme Kerviel, il y a quelque chose dans son regard... de froid, de squale, comme une détermination sourde et animale. Il aurait dû jouer son propre rôle dans le film vraiment.

4/6


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MessagePosté: 30 Juin 2016, 21:37 
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Dire que ce n'est même pas Liam qui a ouvert ce topic...


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MessagePosté: 30 Juin 2016, 22:57 
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Robot in Disguise
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Déjà-vu a écrit:
Dire que ce n'est même pas Liam qui a ouvert ce topic...
Vu au MK2 Nation mais j'avais tellement rien à dire dessus... C'est pas mauvais mais, malgré le sujet, c'est rarement vraiment passionnant. On sent que c'est bien renseigné donc on "apprend des choses", mais les mecs jouent les traders comme des caricatures, c'est dommage.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 30 Juin 2016, 23:11 
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Et puis ça ne souffre pas de la comparaison avec Le loup de Wall street, The big short ou Margin Call? J'aime bien Demaison mais j'ai du mal à le voir crédible dans cet univers. Je me trompe ou rôle à contre-emploi réussi? Vous me conseillez de le voir, sachant que je viens de ce secteur et que les films sur le sujet me passionnent (surkiffage du Scorsese et du Chandor).


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MessagePosté: 30 Juin 2016, 23:29 
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Robot in Disguise
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Abyssin a écrit:
J'aime bien Demaison mais j'ai du mal à le voir crédible dans cet univers. Je me trompe ou rôle à contre-emploi réussi?

Difficile à juger car lui était vraiment trader (il est même crédité en consultant au scénario au générique de fin) donc on a envie de lui accorder le bénéfice du doute quand il fait de son personnage un énorme connard. Le problème c'est l'accumulation, où tout le monde est sur la même ligne...

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MessagePosté: 30 Juin 2016, 23:33 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Difficile à juger car lui était vraiment trader (il est même crédité en consultant au scénario au générique de fin) .


Dans la vraie vie, Demaison n'était pas trader mais avocat fiscaliste. Pour moi il est crédible dans son rôle de trader débonnaire. Pour en avoir fréquenté quelques uns de loin, les jeunes loups de la finance de marché sont rarement les plus finauds (sans manquer de respect à Abyssin), sans être non plus les machines de guerre sans scrupule qu'on a tendance à voir. Kerviel est intervenu sur le tournage en tant que consultant, notamment pour tout ce qui a trait aux termes techniques de la finance.


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MessagePosté: 30 Juin 2016, 23:38 
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Nijal a écrit:
les jeunes loups de la finance de marché sont rarement les plus finauds (sans manquer de respect à Abyssin).

Non mais tu sais que je ne suis pas dans le coté et qu'il y a un monde d'écart entre les mecs qui bossent dans mon secteur et les Kerviels. C'est un peu éloigné de mon taff mais tout ce qui touche à la finance dans le cinéma me fascine.


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MessagePosté: 30 Juin 2016, 23:46 
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Oui tu m'avais expliqué, ça n'a effectivement rien à voir ce que tu fais.

Quant à la comparaison avec les films que tu cites, "L'Outsider" est évidemment moins spectaculaire, moins maîtrisé de bout en bout... Le Loup de Wall Street, notamment, est un sommet du genre. Mais le propos, l'ambition et les moyens ne sont pas non plus les mêmes. Le film reste crédible pour moi, ce qui est le minimum quand on prétend relater des faits avérés. Et très accessible. C'est à la fois sa force et sa faiblesse par rapport à des films plus techniques comme Margin call ou The Big Short, qui demandent plus d'efforts.


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MessagePosté: 05 Juil 2016, 23:18 
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Antichrist
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c'est dommage que la forme soit si quelconque, je trouve que le film touche à quelque chose d'assez vertigineux de notre société, ce côté junkie des traders et la virtualité totale de la haute finance
3/6


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