Forum de FilmDeCulte

L'affiche tue-l'amour



Nouvelle ville, nouvelle maison et toute nouvelle 6e pour Noé, initié aux sports de combat par son père, Marc. Tous deux doivent cacher leur double vie.

Film assez juste sur les blessures d'un gamin élevé à la paranoïa et au refus forcé de l'attachement (toute la partie "enfants" marche bien), Un monde à nous est moins convaincant dans sa partie thriller, plus gratuite, plus programmatique, et à la conclusion qui, impuissante dans ses beaux draps de mystères, se prend un peu lourdement les pieds dans l'erase/rewind explicatif. Schizophrénie qui se retrouve également dans l'interprétation: si Baer laisse assez indifférent dans son contre-emploi violent, le petit Anton Balekdjian fait merveille en joufflu à l'innocence cassée.

3/6

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Doll, it's a heartbreaking affair

Difficile d'évoquer ce film sans le spoiler un peu. Ne lisez pas si vous êtes rigides sur ce point.



Un monde à nous se laisse hanter par un rêve de cinéma américain en prenant le risque de décors et d'accessoires "improbables": zones résidentielles à la Desperate Housewives, maison en bois canadienne, baignades dans le lac à la Tom Sawyer, entraînements père-fils dans la cave comme dans Incassable, gros break américain - une Ford, tiens... on se souvient que dans Un monde parfait, son film jumeau pour le titre et pour l'histoire, Clint Eastwood réclamait "une Ford" pour s'enfuir avec l'enfant ("I want a Ford !": il fallait entendre aussi bien la marque de la voiture que le nom du réalisateur).

C'est une très jolie prise de risque. Il y a aussi un joli thème: est-ce qu'éduquer un enfant c'est inventer un monde de dangers fictifs ("Ne parle pas aux étrangers, ne monte pas dans la voiture des inconnus...") ?

Malheureusement, le film est prisonnier de son aspect "fictif" dont il ne peut se défaire que par des déceptions ("oh, c'était une grenouille...") ou par des mensonges inacceptables pour le spectateur (la séquence des méchants dans la maison). Exception: la belle poursuite avec l'homme cagoulé.

Du coup, Un monde à nous vient bêtement se ranger dans la catégorie des films qui ont une chose à vendre, une seule chose et qui sabote tout son potentiel pour abattre cet atout le plus tardivement possible.

Les conséquences sont nombreuses. Le récit doit emprunter un pesant détour vers des complicités enfantines (la petite fille noire joue d'ailleurs très mal). Le personnage d'Edouard Baer est sacrifié (que fait-il de ses journées ?! ce serait l'option L'emploi du temps), de même que certaines vraisemblances (comment vivent-ils matériellement ? comment se procurent-ils de faux papiers ?) La nécessité policière impose un personnage de flic très anecdotique qui, maqué à la très belle Mariame Gaye, empêche une possible romance avec Edouard Baer - romance qui permettrait d'évoquer ce dont le personnage de Baer se prive, dans sa folie.

Le film retrouve du souffle quand le fils s'oppose physiquement au père. On est alors plutôt ému quand Edouard Baer doit affronter une machine de guerre de 10 ans qu'il a lui-même élaborée. Mais 10 ans, c'est un peu jeune pour que le combat soit crédible. Si le fils avait 15 ans, ça pourrait vraiment être excitant... Bref, c'est autre chose.

Au final, le rêve américain se paye très très cher. Pour un peu de suspens, on n'a pas pris le parti du personnage d'Edouard Baer, qui reste bizarrement très con tout le long du film (et l'acteur sous-exploité). C'est peut-être idiot de dire ça mais on a presque envie d'un film qui dirait son secret d'emblée, et où on pourrait s'émouvoir des inventions d'un père qui kidnappe son propre fils pour lui rendre un deuil moins douloureux, comme le Papa d'Alain Chabat (qui fait d'ailleurs une apparition de producteur vraiment stupide dans le film).


NB: je découvre que "cagoulé" n'est pas dans le dico...

3/6

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