Forum de FilmDeCulte

Hum, DPSR, ce message est cace-dédi pour toi.

J'ai vraiment bien aimé. Il y a sans doute 40 minutes en trop, mais au fond c'est pas tellement grave, les 50 minutes restantes étant vraiment excellentes. Ca pêche un peu dans la structure d'ensemble, ce qui pose des problèmes de rythme. Il y a environ 4 parties dans le film (la mer au début / la glace / la terre / la végétation... c'est un peu con comme délimitation, mais je l'ai ressenti comme ça), et les parties "paires" font redite et sont quelque peu lourdingues. En en faisant un moyen métrage de, disons, 50-55 minutes, je suis sûr que le film aurait gagné en efficacité, en contemplation, en portée, en tout. Ici il y a vraiment des moments où on sort COMPLETEMENT de la salle (genre je pensais parfois aux coups de fil que je devais passer en sortant de la salle, où à ce que je devais acheter en passant au Franprix à côté de chez moi).

La première demie-heure est fascinante et impressionnante. On découvre ces paysages qui personnellement me subjuguent, ça aurait pu n'être que ça que j'aurais été satisfait. Le premier plan, les fondus enchaînés, la lumière, tout ça ça déboîte. L'expédition est vue à distance, du point de vue du lieu immuable (mais voué à disparaître, ce qui est finement traité dans le film), donnant lieu à des plans magnifiques : un voilier flou qui disparaît derrière un rocher filmé en gros plan, des silhouettes absurdes débarquant sur la côté comme sur une planète inconnue. Le film recèle quelques moments assez comiques, d'un comique absurde, sur ces humains qui jettent des pierres dans une rivière, qui savent pas trop quoi faire dans ce décor trop grand pour eux. Ils sont assez émouvants, ces scientifiques, à vouloir à tout prix être filmés, à s'asseoir pile poil dans le bon angle pour que la réalisatrice n'ait pas à recadrer. D'ailleurs, faut pas écouter DPSR, c'est pas 13 Lakes ce film, la caméra est un bon tiers du film à l'épaule, se permettant des panos et des recadrages quand c'est nécessaire. Ariane Michel n'est pas dogmatique, qu'on se le dise.

L'appréhension progressive des différents "êtres" du film (minéral, végétal, aqueux, animal, humain, etc.) fonctionne à merveille, et à chaque variation d'échelle de plan Ariane Michel semble découvrir les possibilités du cinéma, et c'est vraiment beau. Les gros plans sur les mains, les plans rapprochés sur les visages, les bribes de conversation, tout cela prend une importance énorme, et le film devient très charnel, très physique, échappant au côté intello-théorique dans lequel il pouvait s'enfermer. Et puis y a un côté incertain, imparfait, qui me plaît, elle ne s'impose pas de schéma sur sa façon de cadrer, sur son montage, sur son rapport aux gens filmés. Elle n'hésite pas non plus à montrer son processus de mise en scène, dévoilant en milieu de film ses mises au point forcées sur le premier plan.

Le film aurait peut-être dû, mais je ne suis pas certain, être plus radical. La séquence parlée, même si je l'aime beaucoup, et si elle offre de très belles résonances, c'est comme si Ariane Michel se dédouanait, s'excusait d'avoir imposé son film hermétique.

Bon, je suis pas fan de tout : y a des effets de montage qui me semblent ratés (les champs contre champs entre un animal et un autre plan), ça manque de rigueur sur la longueur et sur la construction du film, et le travail sur le son, même si souvent très intéressant et réussi, est parfois un peu "facile" (les nappes sonores mystérieuses, ça va 2 minutes).

Et sinon, Zad, ton Xénocristal est quand même bien inspiré (pompé?) sur ce film!

Si je devais noter, je dirais :

4/6

... et je conseillerais aux curieux d'y aller.

Je persiste à croire qu'il est impensable que je vois pire film cette année.

Et ton avis c'est de la branlette. Oh une main et surgit la dimension charnelle. Déjà mettre 4 à un film dont tu voudrais couper la moitié et pendant lequel tu penses à tes virées au Shopi ça montre bien tes habitudes de poseur qui ne s'intéresse plus qu'à la technique qu'au résultat fini (un film mal dégrossi, souvent laid, qui ne semble pas pensé, taillé dans la masse des prises de vue). Filmer de la flotte, filmer des ours polaires parce que allez tiens, filmer des caillous, c'est comme acheter un chien pour ensuite dire que c'est ton meilleur ami, ça ne parle pas, ça ne dégage rien, ça n'engage à rien. Quand vous dézinguiez Notre pain quotidien l'année dernière parce que le film prenait le parti de l'esthétique, au moins vous auriez pu reconnaitre que chaque plan avait son utilité.

Ici Michel aurait pu filmer n'importe quoi. Mais bon on s'en fout c'est désert, c'est dans l'Antarctique ou je ne sais où, c'est tellement hermétique, ô qu'elle prend des risques la Michel à jouer la carte de l'ennui, de la nana qui n'a rien à filmer, le pauvre petit spectateur de multiplexe inculte va bien se faire chier mais on est tellement au-dessus de tout ça. Maintenant oui c'est bien joli le silence, l'eau, le clapotis, le minimalisme et le surgissement de tel ou tel truc dans cet assomoir d'une lenteur écrasante, si si ça repose, ça lave l'oeil. Mais bon il faudrait reconnaître qu'une sortie en salles n'a pas grand intérêt et si c'est ça votre vision du cinéma, votre fantasme ultime de film, c'est bien la preuve d'une attitude hautaine qui méprise le public et la perspective d'avoir à être vu et à proposer quelque chose de pensé, construit, qui reste.

Je persiste à croire qu'il est impensable que je voie meilleur film cette année.

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je comprends ce que tu veux dire, mais j'ai eu la chance de le voir dans une version non-sous-titrée, ce qui changeait finalement la donne à mes oreilles, car il fallait les tendre, justement, décrypter ce que j'entendais, et ça en revenait à écouter les cris des humains, en somme...

et oui, oui, xénocristal est nécessairement le résultat de mes amours de l'année (j'ai pensé à Pelechian aussi, en le montant, même si je n'ai absolument pas fait de montage en contrepoint)

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Attends tout de même Spartatouille. Après tu pourras être sûr de toi.

LOL

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J'ai hâte de venir me mêler à tout ça.

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J'aurais pas dû noter le film, forcément tu t'engouffres là-dedans. Sur mon ressenti global du film, le 4/6 me paraissait bon : film pas complètement abouti, mais très intéressant et qui m'a proposé plusieurs belles choses. Ensuite, je ne trouve jamais le film "laid", je trouve qu'il y a des problèmes dans la structure mais jamais qu'il n'est "pas pensé. Certes il est mal dégrossi.
Et je vois pas trop d'où tu sors le côté "tu t'intéresses à la technique et pas au film fini". M'enfin.



Moi je trouve ça très couillu. C'est comme quand Flaubert dit qu'il rêve de faire un livre sur rien, un film qui ne tient que par la force du style. Ariane Michel est encore loin de ça, mais c'est pas facile d'accrocher ses spectateurs en filmant des cailloux, et pourtant elle y parvient (même si seulement pendant la moitié du film). Ensuite, il y a tout de même un discours écologique et anthropologique dans le film. Et une réflexion que je trouve assez belle sur l'homme comme passager.



C'est d'ailleurs ça que je n'aimais pas dans ce film. Son côté utilitaire, illustratif, dogmatique (entre autres).



Bah c'est clairement un film pas très accessible, limite élitiste (il passe pas dans les multiplexes, d'ailleurs). Mais non, Michel ne filme pas n'importe quoi, il y a une vraie fascination pour ces lieux de non-vie, pour ce monde extrême ou, pourtant, des gens ont vécu, pour ces scientifiques burlesques qui sont là un peu par hasard.
Après, t'as peut-être raison, elle pourrait filmer n'importe quoi (sans que ce mot soit péjoratif pour moi) et en faire film. Ca m'a fait penser à du Mekas, en mode léthargique. Filmer le monde, ce qui se présente sous nos yeux, sans que ça fasse forcément discours, idée, sens.



Ouh là, c'est un peu limite ça comme discours. Dès qu'on fait une oeuvre un tant soit peu anti-commerciale, un tant soit peu non-industrielle, faut pas que ça sorte, faut que ça reste dans les galeries? On aurait raté beaucoup de films si c'était le cas (et des films que tu apprécies... des gens ont dit ça de certains films de Gus Van Sant, par exemple).
Et ce n'est absolument pas mon fantasme ultime de film (d'où tu sors ces conneries?), tout comme Hyper Tension n'est pas mon fantasme ultime de film, c'est pas pour autant que ça m'interdit de l'apprécier.

Ahahah ! Bin ça m'a plu !
Le premier plan je l'ai trouvé incroyable, à partir de là pour moi c'est passé comme sur des roulettes. J'aime l'étrangeté de la présence des hommes et des paysages, et leur évidence aussi. J'aime qu'il ne se passe rien mais que ce soit rempli d'évènements en même temps.
Alors c'est vraiment le genre de film où il faut accepter de décrocher parfois, de s'ennuyer à certains moment (le plan sur le yack qui s'endort m'a fait sourire) pour apprécier l'ensemble. C'est pas le genre de film qui m'enthousiasme le plus et il y a une récurrence du plan d'ensemble avec pierre au premier plan un peu systématique. Mais ça évite très bien le film naturalia ou le film de musée. Le type qui soulève les pierres puis les repose comme s'il frôlait le sacrilège, le travail sur le son (les talkies c'est très beau), l'arrivée des visages vers la fin, le monologue qui met en perspective le titre, et surtout l'ensemble qui moi m'a mis dans une ambiance presque de film fantastique (le gars qui fait des gestes aux oiseaux, l'autre qui ressemble à un morse quand il avance à plat ventre...).

J'avais peur d'un film trop monolithique, en fait j'ai trouvé ça souvent beau (et je parle pas de la beauté des cadrages mais d'un sentiment global), à force de recentrer l'attention sur une échelle microscopique, dans un temps étiré, la moindre sortie de champ d'un oiseau devient captivante.

4.5/6

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Pré Carré

Mais qu'est-ce que je peux répondre à ça...

Bon je vais payer Freak pour qu'il aille le voir.

LOL

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L'ennui est le mal suprême, le péché originel, l'avant-goût du néant déja sur les lèvres et dans les tripes.

Séance trés éprouvante pour ma part... Alors que j'avais plutôt bien marché au premier plan. La réalisatrice avait pour idée de "se mettre du point de vue de la nature" je crois mais j'ai le sentiment qu'ici il y a une sorte de maniérisme neutre (le coté formation aux arts-déco?) qui finalement n'a pas vraiment cette humilité, surtout quand arrive le spitch du scientifique. Bref concept séduisant en dossier de presse mais très difficile à l'arrivée.

Le premier plan est très bien, sauf que je l'avais déjà vu dans son court.
Sinon Ariane Michel est la fille d'Agnès B., ça aide.

ah bien sûr que ça aide, je suis le premier à le reconnaître, remember ce qu'on s'est dit devant beaubourg, au son de la rasta blanche...

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Mais va profiter du sud toi... Je veux plus voir ta face de rat ici pendant les trois prochaines semaines.

Laisse ce topic Ariane Michel en de bonnes mains