Film Freak a écrit:
Müller a écrit:
Que tu le penses ou non, l'objectif c'est bien ça puisque c'est ainsi que les pronomns fonctionnent sur nous et sur le monde.
Sauf que mettre ses pronoms dans sa bio Twitter, c'est avant tout pour défini son identité et non forcément une attente d'être genré correctement
Oui, c'est aussi un signal fort d'adhésion et d'appartenance à une série de croyances. Il existe plein d'autres signaux forts du style sur twitter, d'un bord à l'autre de l'échiquier politique. Mais twitter n'est plus le sujet et les gens y font bien ce qu'ils veulent, on est passé à ce que ces bios impliquent, c'est à dire au rapport du langage, et notamment des pronoms, à la réalité et comment ils l'informent et la façonnent. L'usage du langage, et notamment des mots qui renvoient à soi et aux autres, c'est extrêmement important.
Film Freak a écrit:
Citation:
et le problème est évidemment que Monsieur n'est pas une femme.
Quand bien même Monsieur ne serait pas une femme, c'est un problème en quoi? Et pour qui?
Les pronoms il/elle ont pour fonction de désigner un tiers, donc non plus de s'adresser
à quelqu'un mais de parler
de quelqu'un. Donc de
présenter en quelque sorte, par notre parole, ce quelqu'un au monde extérieur. Le Monsieur que j'ai donc genré au féminin par respect lors de notre conversation en tête à tête, s'il attend de moi que je continue à le genrer au féminin quand il n'est plus là et quand je suis avec d'autres personnes, il ne me demande plus une marque de respect très contextuelle qui s'apparente, par exemple, au vouvoiement plutôt que le tutoiement, il demande à ce que je
pense à lui comme étant une femme. C'est exactement ça qu'implique du point de vue grammatical et même linguistique l'usage il/elle, she/her etc.
Si ce Monsieur se comporte comme si je dois absolument le considérer, dans le cadre de ma subjectivité et de mes perceptions propres, comme une femme "quand bien même ce ne serait pas une femme" et qui plus est en son absence et avec potentiellement tous mes autres interlocuteurs, alors le problème est évident : il cherche à m'imposer, en influant sur mon usage du langage et par extension sur le déroulé de ma pensée, quelque chose qui n'est pas réel.
Se "sentir" femme alors qu'on est un homme, et toute la souffrance inouïe (et objectivable, cf. le taux de suicide) qui va avec, c'est une chose. Vouloir imposer ce ressenti comme une réalité en contrôlant le langage des autres, ce qui implique nécessairement une volonté de contrôle de leur pensée par extension, puisque les deux sont liés, c'est un problème également.
Les personnes trans n'ont malheureusement que leur subjectivité à avancer sur ces questions là, et laisser la subjectivité de quelqu'un d'autre prendre le dessus sur la sienne c'est un problème également (et ce n'est pas de l'empathie, c'est du renoncement aveugle au nom de vagues principes).