Forum de FilmDeCulte

aka دانه‌ی انجیر معابد aka The Seed of the Sacred Fig



Iman vient d’être promu juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestations populaires commence à secouer le pays. Dépassé par l’ampleur des évènements, il se confronte à l’absurdité d’un système et à ses injustices mais décide de s’y conformer. A la maison, ses deux filles, Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement avec virulence, tandis que sa femme, Najmeh, tente de ménager les deux camps.

Je ne savais rien du film. Je pensais naïvement que, comme beaucoup de films iraniens, ça parlait du régime en filigrane, de façon détournée. Loin étais-je de me douter que le film allait traiter de cette question non seulement de façon frontale mais en évoquant directement l'actualité récente et notamment le mouvement "Femme. Vie. Liberté." avec ses manifestations qui dégénèrent en agressions de femmes non-voilées.

J'imagine bien que tout le monde n'est pas nécessairement au fait de ces événements mais je m'interroge tout de même sur la nécessité de consacrer la MOITIÉ du film soit près d'UNE HEURE ET DEMIE à exposer la situation. Lorsque le compte-rendu se fait qui plus est aussi démonstratif, se permettre de s'étaler sur une aussi longue durée me paraît franchement mal-avisé et même lassant.

Le véritable postulat réside dans la nature de cette cellule familiale où le père est enquêteur pour le régime et les filles, l'une lycéenne, l'autre étudiante, de la génération accro à leurs portables et donc susceptibles d'adhérer à ces aspirations de libertés scandées dans les rues. L'idée de prendre une famille pour symboliser le conflit des générations n'a rien de révolutionnaire mais en faisant du père directement un outil du régime en place ajoute une dimension allégorique forcément porteuse. Et le personnage de la mère dévouée bénéficie d'une écriture finalement plus complexe qu'on ne le croirait, moins dévote ou soumise que matriarche à qui incombe la charge mentale de devoir gérer tout le monde en plus de la maison (superbe détail des courses qu'elle a fait en plus d'être allée demander un service en scred à une amie qui bosse dans l'administration).

Le souci, c'est que là aussi, l'écriture prend beaucoup de temps à établir des choses qu'il était possible de raconter de façon plus économique, pour en arriver plus vite au véritable élément déclencheur (j'ai d'ailleurs supprimé la dernière phrase du synopsis qui la révélait) qui fait basculer le film dans un autre genre, exploitant enfin son "concept", pour devenir un thriller paranoïaque au sein d'un simple foyer, où la fonction du père et la nature des filles clashent enfin, où les masques tombent, les rôles s'inversent potentiellement. Après une moitié de film à n'avoir que des personnages spectateurs, ils deviennent enfin acteurs.

Malheureusement, je trouve que le film devient maladroitement contre-productif mais surtout de plus en plus poussif au fur et à mesure qu'il traine la patte vers un climax étiré dont je veux bien accepter le symbolisme mais dont la crédibilité vacille.

Résultat, la force du film et du propos s'en retrouve nettement diluée.
Et si les acteurs sont impeccables, je ne trouve pas la mise en scène particulièrement inspirée alors qu'elle devrait se faire plus tendue et rigide.

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Je l'ai vu deux fois, la première fois pris par l'émotion de la présentation, j'avais été très ému, surtout dans la première partie quand il intègre des vidéos au récit.

La deuxième fois, j'ai plus ressenti les pb de rythme dont tu parles, je trouve le deuxième acte fusil de Tchekhov bcp bcp trop long. J'aime bien la fin par contre, qui nous emmène sur autre chose de plus psychanalytique.

4/6

Typiquement, le coup des vidéos réelles, même si j'imagine bien la difficulté à les mettre en scène et la volonté de garder le point de vue des filles, ça fait partie des choses que je trouve un peu illustratives. Pour quiconque les a vu à l'époque, là elles sont juste posées là, reprises sans vraie réflexion, pour ancrer le film dans le réel mais de façon pas très élégante.

Ça participe aussi à tout ce qui m'a fait me poser la question "mais à qui s'adresse ce film?". Les iraniens d'Iran ne le verront pas. Une grande partie du public français qui ira le voir est déjà au fait de ces événements et de cette réalité. On va dire que le film aura son maximum d'impact auprès de la portion du public qui vient voir le Prix Spécial du Jury et va peut-être (mieux) comprendre la situation en Iran mais même à cet égard, je ne sais pas si un film de 2h47 était le meilleur moyen de parler au quidam.

Mais bon, je suis sans doute dans le tort si j'en crois l'accueil très positif de la presse (que je ne me permettrais pas d'imputer aux conditions dans lesquelles le film - et son cinéaste - est arrivé jusqu'à Cannes même si bon...).

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Le film alertera l'opinion publique sur le fait que le combat des femmes iraniennes est toujours d'actualité. En France, nous sommes très informés mais aux Etats-Unis ?

Par contre, sa "fabrication" fait partie du film, de sa réception aussi. C'est un geste brut. A La Rochelle, il a dit après avoir vu le film (a priori pour la première fois sur grand écran car à Cannes il était pas resté dans la salle), qu'il avait envie de se frapper la tête contre un mur tellement il était insatisfait, qu'il aimerait tout refaire. Mais il a ajouté qu'aussi imparfait soit-il, il avait ressenti le besoin de tout mettre, toute sa rage, toute envie de cinéma, de tout répéter aussi, comme le ferait un jeune cinéaste inexpérimenté.

Le film est grand pour ça. Et moyen pour le reste.

Reste à voir sa distrib mais ça va faire combien d'entrées là-bas, honnêtement?
Et quand bien même le monde entier serait alerté, ça changera pas la situation sur place. Ce sont les soumis de là-bas qu'il faut réveiller.


Bah justement non. Ça fait jeune cinéaste expérimenté. Ça déborde pas de rage. Ça déborde pas vraiment d'ailleurs, c'est juste un film dont on n'a gardé toutes les scènes tournées.
Ça fait pas un geste, ça fait un brouillon.

Et je réitère, la fabrication ne fait pas partie de l’œuvre finie qui se juge indépendamment (la preuve : c'est comme ça que 97% des spectateurs la jugeront parce qu'elles ne sauront rien de sa fabrication). On parle pas des films de Panahi comme Ceci n'est pas un film ou Taxi Téhéran où le réel se mêle à la fiction et la clandestinité fait partie du récit et/ou du dispositif de mise en scène.

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Je pense que tu te trompes totalement sur la connaissance de sa fabrication par les spectateurs. Au contraire, je trouve qu'à Cannes les dés étaient pipés (mais le jury a finalement déjoué le "piège). Et je suis prêt à parier ma maison que le film remportera l'Oscar du meilleur film étranger après une campagne sur ce thème justement.