Forum de FilmDeCulte

Trois femmes, dans un appartement à Marseille en pleine canicule. En face, leur mystérieux voisin, objet de tous les fantasmes.

Hé ben dis donc Noémie Merlant en ce moment ça va pas fort: un coup en proie au non-désir dans EMMANUELLE, un coup proie des hommes de tous poils dans son deuxième long-métrage en tant que réalisatrice. Car c'est vraiment "Men Are Trash", le film. J'aime pas trop utiliser cet argument car c'est celui des losers mais y a un petit côté "ouin ouin" dans cette description d'un monde où chaque homme est littéralement un agresseur ou un harceleur. Je vois la démarche mais d'une part ça arrive tellement en queue de comète d'un mouvement culturel qui a quand même été très présent ces dernières années que ça fait très dévitalisé, d'autre part c'est juste fait avec une sorte de premier degré "décalé" assumé qui fait presque penser à un film de lycéen.

Pourtant ça commençait bien, avec cette description d'un Marseille en proie à la canicule. Déjà c'est le vrai Marseille et tout de suite ça donne une identité différente au film, c'est des apparts de Marseille qui sont pas pareils que des apparts de Paris, c'est des cages d'escalier qui sont différentes, c'est tout un monde. L'aspect "canicule" est bien, ainsi que ce début quelque peu hitchcocko-depalmien. Y a aussi des trucs sympa dans la D.A., Merlant convoquant l'esprit coloré d'Almodovar (habillée d'un fichu, Sandra Codreanu ressemble à s'y méprendre à Carmen Maura).

Co-scénarisé par notre foruméenne Céline Sciamma, le film obéit clairement à une logique politique. D'une part dans la narration, avec ce côté "film de lycéen méta" justement où Codreanu suit un séminaire d'écriture avec un gourou scénaristique et met en mot le crédo pas inintéressant de Sciamma d'une narration qui ne repose pas obligatoirement sur le conflit. D'autre part dans le montrage du corps féminin nu, le female gaze ici relevant presque du défi: y a du topless absolument tout le temps (à tel point qu'on se demande si le titre du film n'est pas un clin d'oeil), topless parfois justifié narrativement, parfois non, dans une volonté j'imagine de questionner le "régime de monstration" (j'adore cette expression) du sacro-saint "corps".

Pas inintéressant dans la démarche sur le papier. Mais dans l'exécution je trouve ça d'un manque de finesse quasi total. Et la stimulation intellectuelle ou provocatrice n'est pas suffisamment grande pour justifier ou compenser ça.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tout à fait d'accord avec toi.
Pourtant le film démarre super bien, les 5-10 premières minutes sont très très prometteuses, inspirées, excitantes. Et puis tout part en vrille, j'ai vraiment l'impression que Merlant perdait les pédales, tant sur le fond (lourdingue malgré les intentions) que sur la forme (que de maladresses de mise en scène..). J'ai fini le film fort agacé, et à mes yeux le film est tout simplement un vrai ratage, comme on dit.
Hyper dommage car sur papier il y avait vraiment quelque chose à défendre.

En tout cas, c'est sûr, il y a du monde au balcon. (#TeamYacoub)

Après j'ai rattrapé Mi Iubita Mon Amour, truc à peine écrit et à peine mis en scène, mais que j'ai pourtant préféré car ça tient debout, y'a une âme, une grâce fagrile, une sincérité..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"