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MessagePosté: 08 Mar 2010, 10:26 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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L'impression, au fur et à mesure que le film avance, de me trouver face à l'un des plus beaux films du monde, l'un des plus émouvants, des plus frais, des plus poétiques... Une mise en scène incroyable, pourtant improvisée, vient mettre en valeur des actrices sublimes sur un scénario d'une grande finesse (même si, en écoutant le commentaire audio sur la dernière scène, on se rend compte qu'une bonne part de l'intelligence du film ne vient pas du script en lui-même mais d'improvisation sur le plateau). La photographie (très beau noir et blanc granuleux) et la bande son (les bruits d'oiseau pour souligner le pipotage des deux actrices, notamment) achèvent de faire du film un objet en tout point magnifique.
Encensé à l'époque par la critique ("le meilleur film français depuis 70 ans") et Pasolini (qui a engagé les deux actrices sur Salo et leurs fait même rejouer une scène du film, et a souhaité produire un film de Vecchiali pour "le regarder l'observer sur le plateau"), Femmes femmes monte très haut dans mon top de tous les temps, et me donne envie de découvrir les autres films du réalisateur (j'ai Change pas de main en DVD, je ne vais pas tarder à le regarder). J'avoue que les mots me manquent, mais j'ai vraiment l'impression de découvrir quelque chose de neuf, que je n'avais jamais vu avant, et qui ferait le pont entre Demy (les passages chantés - qui enterrent tout Les Demoiselles de Rochefort), Pasolini (surtout l'aspect burlesque et libre), Eustache (pour l'aspect désenchanté), etc. Femmes femmes est tout cela à la fois, et en même temps il ne ressemble à aucun de ces films tant Vecchiali les dépasse et ose tout, avec pourtant autant de finesse que de humilité.

666/6

Le film vient de sortir dans une belle édition DVD, comprenant quelques bonus (dont interview du réalisateur et du scénariste) assez intéressants.

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MessagePosté: 08 Mar 2010, 10:30 
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Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
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Ah oui j'ai vu passé ça au boulot et ça m'intriguait. Je tenterais de le voir alors, ta critique donne bien envie.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 08 Mar 2010, 15:18 
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Inscription: 04 Juil 2005, 15:21
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Pour info : projection du film en présence de Noël Simsolo (scénariste) et d'Hélène Surgère (un débat suivra), le 19 mars à 20H au Reflet Médicis...

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MessagePosté: 16 Mar 2010, 02:14 
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Inscription: 28 Déc 2006, 21:20
Messages: 8711
Et c'est là qu'on se rend compte que les meilleurs films de Christophe Honoré ont sans doute tout pompé sur ce Femmes, Femmes, cette manière de tout mettre en chanson, ces longs plans-séquence sur ses deux nénettes qui jouent à vivre, qui réinventent leur petit théâtre du quotidien où tout est simulacre, sur un ton de comédie badin et actuel qui rappellent les films les plus légers de Rohmer et Rivette en plein delirium tremens.
5/6


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MessagePosté: 07 Sep 2010, 00:32 
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Inscription: 13 Mai 2010, 11:50
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Bon. L'exacte même impression que devant Les petites marguerites : enfant virtuose de la nouvelle vague, sur un récit absurde façon coq à l'âne au ton dépressif et nihiliste. Et là encore, j'ai bien du mal à rentrer dedans : j'ai besoin que ça aille plus loin que le plaisir du tout détruire, de tout salir, surtout que le film n'est pas exempt de maladresses (le son direct pas réfléchi par ex, qui tue dans l'œuf pas mal de scènes...). Après, la mise en scène est tellement impressionnante et solide, parvenant toujours à concentrer l'attention du spectateur sur ce qui est en jeu au milieu du bordel, parant la chute d'une poésie noire, que parfois (le pervers, la rue, la toute fin...) c'est assez fort et charismatique pour que je puisse m'impliquer. Mais j'ai du mal avec ce genre de projets qui, une fois tous leurs jouets cassés, n'ont plus rien d'autre à dire du monde.

4.5/6 d'admiration froide


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MessagePosté: 10 Juil 2017, 11:05 
Mon premier Vecchiali. Je suis partagé entre répulsion et tendresse envers ce film.
Peut-être ai-je trop tendance à procéder par classement et catégorisation, et que le côté "le Père Noël est une Ordure rencontre Jeanne Dielman (il y a là aussi une scène d'épeluchage de patates marquante)" m'a perdu.
Il y a certes des moments hilarants et un vrai sens du burlesque rare dans le cinéma français, mais ce qui m'a le plus marqué dans le film est la mélancolie noire (mais au fond animée par une envie de vivre radicale) de Sonia Saviange et ses faux airs de Diana Riggs tout en ayant le regard et le ton d'une grand-mère attentive, qui parvient à faire passer quelque chose du malaise de l'adolescence dans la cinquantaine, et qui reste drôle.

Les dialogues sont brillants. Mais il y a quelque chose que je trouve cynique et "petit malin" dans le film, comme s'il ne croyait pas dans la dialectique ou plutôt "les" dialectiques (entre drame et comédie, théâtre et réel, égarement et maîtrise de sa liberté, l'appartement et la rue, qui devrait recadrer les actrices mais est encore plus folle qu'elles) qu'il met en place et qu'il prenait un malin plaisir à saper brutalement son propre dispositif . A la fin le néant et la figure du double négatif triomphent sur le jeu et la dialectique, qui sont ramenés à des objets d'une croyance naïve que le spectateur avait nourrie tout seul.

La mort probable de Sonia à la fin acquiert dès lors avant tout une connotation de scepticisme rhétorique exercé au détriment des personnages, elle a un peu le sens d'une punition à l'encontre du personnage le plus généreux, le "non-savoir" sur le fait de jouer sa vie étant vu non pas comme une limite existentielle infranchissable, mais plutôt une faute morale capitale et un commode Deux ex-machina narratif.

Le film la tue d'ailleurs plusieurs fois (sans compter le fait que son delirium tremens lui est d'abord raconté au tout début par le docteur) . La première fois via la télé dans le café, pendant qu'elle doit gèrer la mort de la voisine, ce qui l'empêche de se regarder mourante : le film est sur la frayeur de devoir gérer seul sa propre mort, soit sur ce que le cinéma reproche au réel, et semble fantasmer qu'il faille être déjà soi-même mort, mais en l'ignorant, pour s'occuper des morts.

Le non-dit du film me semble aussi être la seconde guerre mondiale, le film se place dans une histoire parallèle où il n'y aurait pas eu de coupure entre les années 30 des photos de stars (le ton du film est très proche des romans de Marcel Aymé de cette époque , genre Travelingue) et les années 1970 (avec la chanson disco-Joe Dassin sur l'Amérique de l'hilarante jeune veuve de Julien, qui fait croire à un happy-end) : la culpabilité envers le passé est une affaire de fantôme, ou bien un secret, deux pôles delimitant l'espace du fantasme( dans les bonus du DVD Hélène Surgère fait glisser la conversation et commente Salo de Pasolini (et la péremption de l'antifascisme comme idée) plutôt que ce film en disant qu'elle n'aime pas trop le cinéma de Pasolini, et que ce n'est pas non plus le film de Vecchiali qu'elle aime le plus).


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