Forum de FilmDeCulte

Version cinématographique de la pièce de théâtre musicale, présentant les dernières semaines de la vie du Christ.

Ah ouais.

Ah c'est quelque chose.

Je ne sais plus quand j'ai vu ce titre (et cette affiche) pour la première fois mais ne sachant pas alors qu'il s'agissait d'un musical, ce simili-oxymore m'avait immédiatement interpellé et fasciné. Et il cristallise bien le film, loin d'une épopée historique musicale type Les Misérables avec des chansons "intemporelles" mais plus proche d'un Hamilton dans sa dissonance cognitive entre époque/sujet et style musical étant donné qu'il s'agit d'un opéra rock prog (musique d'Andrew Lloyd Webber - Evita, Cats, Le Fantôme de l'opéra - et paroles de Tim Rice - Evita, Le Roi Lion - quand ils avaient 21 et 25 ans).

Vraiment, dès le premier plan, montrant une vaste contrée désertique et des ruines de palais, sur lequel vient soudain vibrer un riff de guitare, le choc est déjà de mise.

Mais le film choisit d'être encore plus atypique que ça, et bientôt des échafaudages apparaissent au sein des ruines puis un bus avec une inscription mi-hébreu mi-rebeu dont sortent une flopée de jeunes qui descendent une croix et se mettent à habiller l'un des leurs, comme une troupe théâtrale investissant les lieux. Et la bizarrerie ne s'arrête pas à cette introduction quartomurubriseuse, plus tard on verra des tanks et des avions, mais le mieux reste les soldats romains armés de mitraillettes et vêtus d'un marcel violet, d'un treillis et d'un casque luisant.






Et...j'ai bien aimé...?

Le film n'évite évidemment pas le kitsch avec ces parti-pris outranciers, comme la caractérisation des ouailles de Jésus comme une congrégation de hippies, avec leur parlé anachronique (ils ont une chanson intitulée "What's The Buzz?") et leur diversité ethnique (sans doute plus authentique que beaucoup de représentations en vrai), mais le fait d'être profondément un produit de son époque confère également une portée politique au film (le mouvement pour les droits civiques continue et Judas est joué par un noir et autant le protagoniste du récit que Jésus, qui devient un symbole du "système" dont Judas se méfie).



C'est pas La Dernière Tentation du Christ mais on note tout de même une certaine ambivalence dans le portrait qui est fait de Jésus, la "superstar" donc, et même le messie est partiellement humanisé ici aussi, notamment par le doute (à ce titre, la chanson "Gethsemane" est vraiment pas mal).



Toutefois, je trouve que le film est quelque peu desservi par un autre parti-pris radical, le fait d'en faire un sung-through musical, autrement dit il n'y a absolument aucun dialogue. Ça ne fait que de chanter, les morceaux s'enchaînant parfois même sans pause et souvent trop sur le même rythme ou la même tonalité. Ça égalise un peu toutes les séquences et l'absence d'une construction permet rarement aux morceaux d'atteindre l'emphase qu'ils visent (alors que tout le monde hurle tout le temps, c'est globalement que des gens qui s'invectivent).

Pareillement, si la mise en scène réserve quelques compositions intéressantes (Douglas Slocombe à la photo d'ailleurs), elle aurait pu elle aussi pousser les potards pour parachever l'expérience "illuminante" mais demeure en fin de compte assez sage.



Mais pas mécontent d'avoir vu cet OVNI.

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J'adorais un morceau de musique lors de ma période psychédélique

ah oui, c'est l'ouverture