Forum de FilmDeCulte

Ce que tu me sembles oublier c'est que le réalisateur est noir, que le personnage principal est noir et que le public plus particulièrement ciblé est lui aussi noir. Le cœur du film ne porte donc pas sur les blancs et ce qu'ils représentent, mais sur Chris et son regard sur les événements. J'ai déjà relevé certains points au sujet de son enfermement dans un schéma de racisme classique, je pourrais y ajouter qu'il est le seul à entretenir ce schéma, lorsque le père de sa copine lui donne du "my man" il trouve cela incongru et faux, par contre que ce soit le grand-père jardinier ou Andre, il va directement (et uniquement) vers eux avec son plus grand sourire et décontraction, les interpellant du même "my man" qu'il ne trouve plus du tout incongru, puisqu'eux sont noirs (et doivent donc nécessairement partager un même référentiel afro-américain, comme s'ils formaient un groupe homogène et parfaitement distinct de celui des blancs).

D'accord sur les préjugés de Chris mais c'est quand même clairement une satire de la fausse conscience de l'Amérique blanche et friquée, qui se croit libérée du racisme parce qu'elle a voté Obama.
C'est ce que tu disais plus haut:

C'est bien cette forme de racisme qui est tournée en dérision, et je ne comprends pas comment tu peux dire justement que ce sont des "stéréotypes racistes" tout en disant qu' "il n'y a rien dans le film qui permette de dire que l'Amérique blanche est raciste".

Jordan Peele dit que c'est le point de départ du film: "Quand j'ai écrit le film, nous vivions dans ce mensonge de l'Amérique post-raciale. Puisqu'un noir était président, les gens voulaient penser que le racisme n'existe plus. [...] Le film évoque une forme de racisme plus retorse qui fait que les noirs sont rendus exotiques et idolâtrés. [...] Ces blancs qui veulent être des noirs, cela reste une forme d'esclavage" (Cahiers du cinéma 738)

Elle n'est pas raciste dans le sens où ça ne l'amène pas à dévaloriser les noirs du fait de ces stéréotypes. Après on peut dire qu'elle est raciste parce que les blancs ont des noirs une vision stéréotypée, mais l'inverse est également vrai, donc tout le monde est raciste dans le film.


Merci pour l'extrait, je n'ai pas lu cet article. Je serais curieux de savoir ce qu'il dit du rapport de son personnage principal aux autres noirs dans le film.

Il dit des choses commes ça:

"Ce que j'aime faire dans Get Out ou dans la comédie, c'est utiliser nos positions, nos jugements, nos suppositions contre le public. Comme je me sers des suppositions de Chris contre lui. A un moment, il suppose que le domestique noir Walter doit être amoureux de sa copine, à un autre il suppose aussi que la servante Georgina doit être jalouse du fait qu'il sort avec une blanche. Je voulais que ces préjugés jouent contre lui, pour souligner son propre racisme. En fin de compte, j'ai toujours senti que le racisme fonctionne de manières diverses, en nous tous. C'est à nous de le trouver, de le voir, et à travers ça de chercher l'empathie et la raison
[...]
Il y a bcp de gros plans pour que le spectateur soit en phase avec le héros, qu'il soit proche de ce qu'il ressent, jusque dans les nuances, notamment lors des micro-agressions qu'il subit, tout le racisme à petite échelle. Et en effet on s'aperçoit que ces choses-là ne sont pas nouvelles pour lui, et il a mis en place un système pour gérer, ignorer ou cloisonner toutes ces petites choses. Quand on fait partie d'une minorité dans ce pays, on passe son temps à se demander ce que les gens veulent vraiment dire. Parfois on rate qqch de subtilement raciste, parfois on voit du racisme là où il n'y en a pas. C'est usant, du moins pour moi. Je voulais que le personnage soit confronté à cela."

Merci

Merci Latique, je ne connaissais pas ces interviews.

Bonjour,

Je suis tout nouveau sur le forum et je viens parce que je me pose des questions à propos du film "Get out". Je sais que j'arrive bien après la bataille, et je ne sais pas si quelqu'un portera de l’intérêt à mon commentaire. Ayant lu tout le topic, j'ai pu voir les différents points que vous avez pu développer pour ou contre ce film. Cependant, il me reste toujours des interrogations sur celui-ci. Sur tous les sites de critiques que je connais (Allociné, Sens critique, Rotten tomato...) ce film a de plutôt bonnes notes et pour l'avoir vu, je ne comprends pas pourquoi les gens l'aime et l'adore. C'est un film d'horreur avec des screamers ridicules (genre un chevreuil ), une écriture sans trop de folie, une BO que je trouvais plutôt cool de Childish Gambino mais qui passe seulement rapidement au début, et enfin des séquences placement de produits, WTF ! ( En plus, c'est pour Canon, Yahoo et Blackberry. EN 2017 !). Pour le traitement du racisme dans le film, j'ai pu voir que vous en aviez beaucoup discuté et c'est pourquoi je ne m'étendrais pas beaucoup dessus. Simplement, pour l'avoir vu en VF, le film se conclu par le sidekick qui dit au héros :"Je t'avais bien dit de ne pas aller chez les blancs". Dire que la méfiance est la clé de la survie, ne fait que confirmer le clivage noir/blanc et combattre le racisme par le racisme c'est juste stupide. J'avais déjà essayé de discuter avec d'autres gens, mais j'ai eu droit à des gens très pédant qui était en mode : "C'est beaucoup trop subversif pour toi, comment ose-tu critiquer un aussi grand chef-d’œuvre". Sans me développer plus d'arguments. C'est donc pour ça que je viens ici, pour en parler et essayer d'avoir des arguments plus fournis. Vous l'aurez compris pour moi ce film c'est "poubelle" sans aucun remords et quand je regarde sur les avis Allociné, j'ai l'impression d'être dans une réalité alternative. Je suis donc content de trouver enfin un endroit où certain en dise vraiment du mal.

Seule chose que j'accorde à ce film, c'est la scène de possession mentale du héros qui est je l'admets plutôt cool. Mais qu'est-ce qu'une pépite d'or dans un océan de merde ?

(P.S: Promis, la prochaine fois j'essaierais de parler de film un peu plus récent )

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Mais encore ?

Tu connais les sketches de Key & Peele ? Mate en quelques uns (ceux avec Obama, AAron, etc.), tu cerneras peut-être d'avantage l'humour que Peele injecte dans son cinéma.