Forum de FilmDeCulte

Un 6/6 de the black addiction bientôt dans ce topic.

Bon c’est juste hallucinant, au moment où je pensais que mon année ciné était réglée comme une horloge, il faut que monsieur Garrel réalise son plus beau film depuis La naissance de l’amour, enfin un chef d’œuvre dans cette décennie. Car oui je passe pour un vendu absolu à Garrel mais c’est faux, j’aime souvent, parfois très intensément, mais ce n’est pas systématique. Bon je suis vendu quand même, mais pas au degré de perfection que je vois dans ce dernier film.

Bon alors voilà, pour moi c’est un de ces chefs d’œuvres intemporels et inclassable dont l’émotion ne peut pas trop se définir à l’écrit, ni à l’oral d’ailleurs. J’ai l’impression qu’on ne peut que rester intime avec un tel film, qu’il ne peut pas y avoir de débat, qu’il ne peut que me chuchoter à l’oreille. Car que dire à quelqu’un qui n’aime pas ? Je n’ai pas la réponse. Ce film m’a trop bouleversé pour que je la trouve. On dira encore que, en plus d’être un vendu, je suis une pleureuse, mais ce n’est pas bien grave.

Je disais hier à Noony que, en général, mon appréciation des films de Garrel se faisait en fonction du degré de présence du sujet de l’amour dans ses films. C’est toujours plus ou moins présent, c’est son éternel sujet, mais plus c’est habité par ça et plus je suis touché. Comment faire plus que dans son dernier film ? Garrel n’écrit pas une histoire d’amour, il écrit l’amour. Une somme d’affects mise en scène pour quelque chose d’une intensité inouïe.
Alors après, on peut toujours objectiviser sur ses films, comme sur tout film, je peux toujours parler de montage, d’échelle de plan… de sa méthode en gros, mais j’ai le sentiment qu’il y a quelque chose d’indéfinissable qui se dégage de ses films, je veux dire qu’une séquence où deux amoureux s’écrivent des lettres et lisent à voix hautes, tout le monde peut mettre en place ce montage alterné, mais qui peut lui apporter cette puissance si singulière ? Celle la, cette puissance, il n’y a que lui, elle lui appartient. Du coup je me refuse écrire sur la méthode qui peut amener à quelque chose que je trouve si beau, car je ne peux que la réduire, même avec les meilleurs mots du monde. Je refuse.

Je sacralise peut être trop, mais je ne vais pas me refaire aujourd’hui.

Après y a des choses que je peux toujours dire. Je crois que c’est un film important pour Garrel, quand il se rapproche aussi intensément du sujet de l’amour ce n’est pas pour rien. Il y a un retour déboussolant à l’univers de Révélateur, son premier chef d’œuvre expérimental…Une espèce de collage des visages et des formes, une répétition de ces dernières qui mène à la sensorialité la plus extrême. Une actualisation radicale du cinéma muet, du cinéma allemand des années 20, ou du cinéma français, en tous cas une manière sublime de jouer avec le primitif, de privilégier les agencements. Ici, dans La Frontière de l’aube, c’est plus narratif bien sur mais on retrouve cette expérimentation. Garrel a toujours été très loin du réalisme de toutes façons, cette réalité est là, mais elle est pervertie par l’amour. Quoi de plus logique donc, que de voir cette apparition finale que je trouve tellement en accord avec l’univers mis en place.

Bon j’essaye d’écrire, mais je n’y arrive pas. Malgré tout l’admiration que je porte à son cinéma, ce sentiment face à son dernier film est une énorme surprise pour moi, l’impression de retrouver un cinéaste que j’avais perdu. Attention, ses films étaient toujours très beaux, mais là c’est autre chose pour moi.

6/6 Mon film de l’année sera donc français, et ça aussi c’est une surprise.

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Putain putain putain putain...
Il me tarde de le voir...

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Why there is so much trouble in this world?

Bon bah je vais y'aller, on va encore me traîter de tapette sinon...

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N'écoutez pas Film Freak

Vas y Tetsuo, mais si tu mets 3,5 je te demanderais pas de poster ton avis, comme pour Bashir par exemple. Je ne peux pas concrétiser ni imposer ce que je suis encore en train de ressentir une heure après la fin du film. Je suis juste encore en train de chialer comme pas possible devant mon écran, qu'on se foute de ma gueule je m'en fous, c'est le genre de film qui met à distance de tout, et je vais être dans cet état un certain temps.... je ne me "battrai" pas pour ce film. Si on en dit du mal ça va me faire du mal, oui, mais ça doit arriver.

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Bon et Laura Smet alors?

A l'image du film.

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Vite, mettez-lui du slip là, on est en train de le perdre !

Conneries mises à part, si j'aime pas du tout, je m'abstiendrai de tout commentaire pour pas te chagriner mon blackaddounet. Mais a priori y'a pas de raison...

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N'écoutez pas Film Freak

Non non, ne t'empêche pas de dire ce que tu penses pour moi, tu rigoles ou quoi...

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Non, notre amitié passe avant la démocratie.

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C'est gentil ça.

De toutes façons, je sais pas ce que tu as vu de Garrel, mais c'est le cinéaste qui s'approche le plus de Bresson, dans cette espèce de pureté cinématographique, dans cette manière de conter des choses très simples en les magnifiant par les agencements, donc je pense que tu devrais aimer.

Tu as vu et aimé quoi de lui ? Et pas aimé aussi ?

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En fait j'ai seulement entraperçu son dernier là, les amants machin-chose. Mais je me suis endormi comme une merde...
C'est donc telle une vierge dont l'hymen s'est réconstitué que j'irais voir La frontière de l'aube

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Ah ok, ce cinéaste devrait donc te plaire, je ne vois pas de raisons au contraire.

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Heureusement que tu n'étais pas à la projection cannoise.

Ok, je ne sers plus à rien, personne ne me fait confiance...