Forum de FilmDeCulte

#16 Loin des hommes, de David Oelhoffen

L'éreintante accumulation de purges vues en compétition poursuit son bonhomme de chemin avec cette adaptation a minima de Camus où un bon samaritain (Viggo Mortensen, décidément le grand acteur du moment, même en français ou en arabe) est chargé d'escorter un prisonnier (Reda Kateb, qui hérite d'un perso fatigant) là où il doit être jugé en pleine guerre d'Algérie sous la musique de Nick Cave et Warren Ellis. Braises de western qui ne prennent jamais à cause d'une réalisation plus timorée tu meurs, Loin des hommes n'inspire que clichés et ennui.
2/6

#17 Hungry hearts, de Saverio Constanzo

Le nouveau film du réalisateur de la solitude des nombres premiers commence comme la jolie bluette new yorkaise entre Alba Rohrwacher (point trivia, par ailleurs la meuf de Constanzo) et Adam Driver de Girls qu'elle semblait annoncer, avec des roucoulades et la musique de Flashdance. Il bifurque vite sur un Rosemary's baby vegan, thriller intimiste en appartement abusant du fisheye jusqu à donner une impression de moyen métrage étudiant allongé. Le sujet n'était pas inintéressant, on connait tous au moins dans notre entourage un obsédé du bien être qui commence à être bouddhiste puis végétarien puis vegan illuminé par le complot des lobbys agricoles et qui finit parfois agoraphobe pratiquant des nettoyages du colon le week end. Ca ne va pas jusque là dans Hungry hearts, mais l'idée de mettre en danger un bébé suscitait la curiosité. Malheureusement, le casting réduit a beau faire ce qu'il peut, les développements faméliques peinent à étayer plus qu'une atmosphère inquiète et la conclusion est bâclée.
3/6

Comment le festival de New York est en train de niquer les vacances de DPSR.

Oui, il me semble.

liamenglisation

#18 The cut, de Fatih Akin

N'ayant jamais trop compris ceux qui voyaient un chef d'oeuvre dans De l'autre côté, je ne serai pas aussi dur que ceux qui découvrent subitement le classicisme d'un réalisateur qu'on semble soudain prendre pour l'héritier d'Alexandre Arcady au rayon fresque méditerranéenne. Mais c'est typique de la montagne qui accouche d'une souris. Déjà, ce n'est pas un film sur le génocide arménien, point de détail d'un drame sur l'exode, et Akin se tire quand même une sacrée balle dans le pied en rendant Tahar Rahim muet après s'être fait trancher la gorge. Mais il conserve cette beauté triste dans le mélo, malgré le fait qu'on était en droit d'attendre une fin autrement plus consistante après avoir fait parcourir le tour du monde dans tous les sens à son personnage.
3-4/6

Spoilers

#19 Nymph()maniac director's cut, de Lars von Trier

Un cut de cinq heures trente qui s'il ne change pas grand chose pour le volume 1, à peine ajusté dans les quatrièmes et cinquièmes chapitres, donne surtout une envergure qu'on ne soupçonnait pas au volume 2 (qui dure presque une heure de plus) qui insatisfaisait tout le monde dans sa version salles. Ce n'est pas tant la scène de fist fucking avec Jamie Bell ou celle de double pénétration avec les deux blacks dont les futures captures d'écran annihilent la portée de tout celebgate, mais en point d'orgue une scène d'auto-avortement hardcorissime avec arrachage de foetus dont aucun détail mutilatoire nous est épargné qui renforce le malaise et la tension entre Joe et Seligman qui semblait éventée dans la version censurée, alors que Von Trier va encore plus loin constamment sur le fil du rasoir, tout en renforçant le sentiment de pédophilie borderline du dernier chapitre et en réglant ses comptes avec Cannes dans un petit aparté sur Hitler.
5/6

Pas de sortie salle en france pour le director's cut j'imagine...Vu une sortie BR en fin d'année chez Potemkine et le 25 novembre au US..
J'ai hâte après ton avis.

Ah mais fallait le dire si ton unique référence était Isabelle *party girl* Régnier du Monde!
Blague à part, je pense vraiment que tu vas beaucoup aimer. Il y a un côté raconter un truc mille fois vu en dégraissant à la subtantifique moelle en prise directe avec le dernier Amalric.

Alix Delaporte, c'est demain pour mon anniversaire. J'espère qu'elle va en profiter pour nous glisser comment planter des bulots ou rénover des chaises en rotin.

Il y a quelques semaines, un twit ou post FB de Potemkine, je ne sais plus, garantissait une sortie salle, mais riquiqui...

Non, mais tu sauras comment rénover des caravanes posées en bord de plage.

merci. je vais passer mon tour

DSPR tu fais le festival en cinéphile ou en pro, car quand je vois tes notes putain j'ai de la peine pour toi ^^

Je vais finir par relever mes notes, j'ai limite l'impression que ça vous tape plus sur le moral qu'à moi. Pourtant vous le savez bien que je ne suis ni Zad ni FDC qui doit trouver dix films valant 5/6 tous les mois

#20 Olive Kitteridge, de Lisa Cholodenko

Nouvelle mini-série HBO qui sera diffusée les 2 et 3 Novembre prochains, cette adaptation d'un vainqueur du Pulitzer réunit Frances Mc Dormand en femme gauche et acerbe incapable de montrer sa vulnérabilité, Richard Jenkins en mari dévoué le coeur sur la main, Peter Mullan en amant convoité, puis au fil des épisodes John Gallagher jr en fils pas assez aimé qui entame une analyse ou Bill Muray en alter ego républicain de Kitteridge. Le premier épisode qui ne casse pas des briques laisse craindre une déception manière télé de grand-maman après tous les superlatifs et les comparaisons avec six feet under entendues dans la salle de presse, mais Cholodenko se rattrape ensuite grâce à un brillant art de l'ellipse (et les personnages ont déjà bien grandis au commencement de l'épisode 2) où tous les épisodes s'interconnectent subtilement. McDormand trouve ici un rôle en or, suicidaire, orgueilleuse, secrètement tendre et involontairement drôle, parfaite leader d'un casting quatre étoiles. D'ors et déjà vainqueur de l'Emmy award l'année prochaine.
4/6

#21 Hill of freedom, de Hong SangSoo

Tout d'abord coupons net la racoleuse propagande de Chow qui nous vantait un Nymphomaniac de HSS... Les protagonistes étant confortablement lotis dans leur couette epeda à caresser des chiots, rien ne justifie qu'un tel essai (parce que bon, malgré cet effarant soutien critique qui me fait film après film, l'effet de ramifications infinies d'une secte, difficile de voir dans un machin aussi *euphémisme* modeste, du vrai cinéma) finisse censuré aux moins de 17 ans, à moins d'une mesure préventive visant à éviter que la jeunesse coréenne (pays peut-être composé de gens différents qui ne goûteraient pas les délices du Jean-Michel Ribes rhomérien) ne meure d'ennui ou tombe foudroyée par un lock in syndrom au cours de ses toutes sauf fulgurantes 66 minutes.
Bon, le truc de structure cette fois-ci c'est un japonais qui cherche à retrouver sa copine avec un niveau d'anglais sous-wall street institute, dite copine qui ne découvre toute la correspondance qu'il lui avait adressée pendant sa quête, après avoir renversé toutes ses lettres, c'te gourde, qu'elle lit donc dans le désordre. Autrement, HSS me fait toujours autant l'effet d'un poivrot (d'ailleurs, il est venu hier présenter son film coiffé d'un bob) qui, bourré au soju, s'écroulerait aléatoirement sur sa platine de contrôle composée des deux uniques touches "faire un zoom bien baveux" et "lancer une instru au bontempi". C'est charmant, c'est low key, c'est le triomphe du néant.
1/6