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 Sujet du message: Mon Festival de Venise 2023
MessagePosté: 26 Déc 2022, 21:25 
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Antichrist
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Festival de Venise

France (3)
Atlantic City de Louis Malle
Je connais mal l'oeuvre de Louis Malle, mais Malavida Films a l'excellente idée de ressortie les films de sa période américaine le 8 septembre. On commence donc par Atlantic City, très beau film, description d'une ville en perpétuelle reconstruction, dont Lou, vieux bookmaker qui a vécu son âge d'or crapuleux, est un vestige du passé. J'ai tout aimé, des fausses pistes narratives à l'humour en passant par l'érotisme du film (Susan Sarandon est GORGEOUS). Et Burt est magnifique.

Loin d’André Téchiné
Beau film d'André Téchiné, dans la lignée des Roseaux sauvages mais avec un volet politique plus évident (et qui reste d'ailleurs d'actualité), avec cette jeunesse marocaine qui rêve d'aller en France et la Française qui veut se perdre à Tanger. L'écriture est brillante, dressant le portrait de toute une galerie de personnages, sans oublier de faire battre les coeurs. Lubna Azabal était au-delà du charme...
4/6

Gabrielle de Patrice Chéreau
Je suis resté très extérieur à ce qui se joue dans ce court film de Patrice Chéreau sur un couple bourgeois qui ne s'est jamais aimé, sauf que monsieur l'ignore et qu'elle subit. Bon, la sophistication de la mise en scène m'a paru très artificielle et si j'adore Pascal Greggory, la "technique" de jeu d'Isabelle Huppert m'a paru ici très mécanique.
2/6


Etats-Unis (4)
White Noise de Noah Baumbach - Netflix
Quel film étrange. Cela commence comme du (mauvais) Alexander Payne, ça continue comme du Jeff Nichols (la meilleure partie), avant de vriller en du sous-David Lynch sur-écrit. Bref, ça ne prend jamais vraiment vie à l'écran, je pense que l'écriture de Don DeLillo est très difficilement transposable au cinéma. J'avais plutôt aimé Cosmopolis, pourtant, mais Cronenberg avait choisi une unité de lieu et d'action. Adam Driver est bien comme d'hab, avec sa grosse voix, mais Greta Gerwig a plus de mal à imposer son personnage décalé. Et c'est beaucoup trop long.
2/6

Tar de Todd Field - Univerciné
Sacré morceau d’une densité rare, 2h30 qui file à toute vitesse, comme une symphonie en plusieurs mouvements. On pense d’abord que l’intention de l’auteur (comme Mahler) est de remettre 50 nuances d’amour dans la vie de Tàr (l’amour fusionnelle, l’amour obsessionnelle, l’amour miroir) mais le film est surtout l’anatomie d’une chute - d’une cheffe d’orchestre, d’une époque culturelle, où l’on séparait l’homme de l’artiste, Schopenauer du gars qui jetait sa femme dans l’escalier. C’est mis en scène d’une manière extrêmement moderne, avec un énorme travail sur le son, sur la frontière entre naturalisme et fantastique. Cate Blanchett est bien sûr génial dans le rôle, mais tous les seconds rôles sont parfaits. Sur le scénario, je trouve le troisième acte un peu trop punitif envers le personnel principal, disons qu’on pouvait lui épargner la scène de l’école ou celle de la première à Berlin. Mais vraiment, c’est du très grand cinéma.
5/6

Master Gardener de Paul Schrader
Rude déception que le nouveau Paul Schrader, énième variation sur la rédemption (cette fois-ci un néo-nazi) dans un contexte nouveau (les grands jardins). Cela pourrait dire quelque chose de l'époque post-coloniale dans le sud des Etats-Unis mais le récit n'est jamais vraiment localisé. Difficile de croire à l'histoire d'amour, Joel Edgerton n'a pas le charisme d'Oscar Isaac, si bien qu'on s'ennuie un peu... Je garde juste Terrasse (le chien) et le papier-peint méduse de la maison de Sigourney Weaver.
2/6


Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras - Universciné
Formidable documentaire qui n'a pas volé son Lion d'or tant il parvient à lier l'intime - magnifique portrait de Nan Goldin qui revisite 50 ans de scandale (internement psychiatrique, lutte contre le Sida et combat contre les opioïdes) - et l'universel - c'est une formidable démonstration du militantisme pacifiste mais obstiné. Il permet en creux de mieux comprendre les actions si critiquées dans les musées et autres institutions culturelles. La forme est classique mais le travail artistique de Nan Goldin suffit à lui-même. Ce diaporama sur la musique de Mica Levy, je pouvais en prendre une demi-heure.
5/6

Asie (5)
Killing de Shinya Tsukamoto - collection personnelle
Un film de samouraïs signé Tsukamoto (Tetsuo). La première demi-heure installe l'intrigue dans un petit village, avec un magnifique personnage de jeune samouraï qui ne veut pas faire couler le sang, le trouble érotique en sus. Le calme avant la tempête et le déchainement de violence de la suite, plus convenue avec pas mal d'hémoglobine. La mise en scène fiévreuse de Tsukamoto saccade les assauts à l'arme blanche - ça tranche vif. Mais le film manque quand même un peu d'ampleur…
3-4/6

La Pègre d’Im Kwon-Taek - collection personnelle
Film de mafia sud-coréen signé Im Kwon-Taek, très efficace dans sa première partie, avec l'ascension d'un jeune gangster dans la Corée corrompue de l'après-guerre. Dommage que la suite soit plus survolée et la fin particulièrement abrupte. Mais la mise est en scène est efficace, et ça n'a rien à envier au cinéma américain.
4/6

Love Life de Koji Fukada
J’aime beaucoup le cinéma de Koji Fukada, cinéaste de ma génération avec qui ça marche bien en interview. J’ai l’impression d’une proximité intellectuelle et artistique avec lui. Ses précédents films m’avaient un peu « déçu », après le triptyque Au revoir l’été, Harmonium et Sayonara. Love Life est l’un de ses meilleurs films à ce jour, déjà pour son scénario qui fait la part belle à un magnifique personnage féminin qui, dans le deuil, s’émancipe de ce qu’attend d’elle la société, mais surtout pour sa mise en scène, avec une grande maîtrise de ce fantastique du réel, cet étrangeté du quotidien que l’on retrouve aussi, en moins marqué, chez Hamaguchi. Ce n’est pas un hasard : Kiyoshi Kurosawa a été leur professeur.
5/6

Quand les vagues se retirent de Lav Diaz
Le nouveau film de Lav Diaz, donc, une réflexion sur la justice, le crime et le châtiment, dans un noir et blanc crépusculaire. Comme souvent chez le maître philippin, le récit est avant tout métaphorique, danse de la mort d'un policier - le meilleur enquêteur des Philippines, pays en état de putréfaction morale - qui erre après avoir frappé sa femme et être resté impuissant devant la campagne de meurtres orchestrée par le pouvoir. Dommage qu'il ajoute à ce très beau personnage son double maléfique, même si je comprends l'intérêt narratif. Comme toujours, c'est long et inégal, comme toujours ça touche au sublime par séquence - les scènes au bord de l'eau, quand le héros retourne dans la maison de ses parents, le personnage du photographe
4/6

Love after Love d’Ann Hui
Direction artistique de dingue (photo de Doyle, musique de Sakamoto, costumes de Wada) pour un grand mélo à la Jane Austen entre Shanghai et Hong Kong, signé Ann Hui. La durée est excessive pour des enjeux assez limités mais bon, la jeune actrice est jolie à regarder.
2/6

Europe (7)
Eternal Daughter de Joanna Hogg
Belle tentative de mixer le cinéma gothique (sublime photo, beau travail sur le son) et l'auto-fiction psychologique (le personnage principal est une réalisatrice dont on devine la proximité avec la cinéaste). Tilda Swinton est bien sûr à son aise pour interpréter les deux rôles - la fille et la mère. Cela manque quand même un petit peu de surprise dans le déroulement, seul le chien (excellent Louis), vient perturber le ronron de la narration. Mais c'est du bel ouvrage.
4/6


Raspoutine, l'agonie d’Elem Klimov - Russian Movie Online
Film d'Elem Klimov, le réalisateur de Requiem pour un massacre, longtemps interdit en Russie (car le Tsar Nicolas II est presque décrit d'une manière positive). Un film à la fois fascinant et épuisant, fascinant quand il nous montre avec des images d'archive le décalage entre le peuple russe réprimé dans le sang et la décadence de la cour du Tsar, épuisant tant le personnage du "mage" Raspoutine passe son temps à hurler et à geindre et qu'il faut être bien concentré pour comprendre qui est qui, tant le nombre de personnages est important. Mitigé donc, mais je ne regrette pas de l'avoir vu.
2/6

The Painted Bird de Vaclav Marhoul
Découverte au cinéma à La Rochelle de ce film de guerre tchèque, odyssée macabre d'un jeune enfant juif durant la Seconde guerre mondiale. C'est à la fois impressionnant visuellement et lourdement démonstratif, avec une vraie descente dans l'enfer de l'âme humaine - autant prévenir les curieux, rien n'est épargné au héros. Cela n'atteint pas le lyrisme de Requiem pour un massacre que le réalisateur a sans doute beaucoup vu mais quelques scènes risquent de marquer au fer rouge - celle de l'affiche bien sûr, la séquence du train, le sort réservé aux animaux. Je regrette aussi le catalogue des guests - mais je suppose que ça sert à financer le film - même si Barry Pepper est grand comme d'hab. Le DVD existe chez Spectrum.
4/6

L’île de Pavel Lounguine - Collection personnelle
Un peu déçu. Bien que non-croyant, j'aime beaucoup les films sur la religion, mais le propos de Pavel Lounguine est très appuyé ici, avec ce moine hanté par son passé mais en communication directe avec Dieu. Même si le cadre est magnifique et la musique divine, on s'ennuie un peu, surtout que le principe narratif est un peu répétitif. Par contre l'acteur Piotr Mamonov joue comme un possédé, je me demande s'il parait aussi allumé dans la vie (non je pense).
3/6

Portrait au crépuscule d'Angelina Nikonova
Portrait d'une Russie où l'on dresse les hommes à coup de poings et les femmes en les violant, ce Portrait au Crépuscule doit beaucoup à l'interprétation d'Olga Dykhovitchnaia, qui co-signe le scénario et joue parfaitement le trouble existentiel de son personnage en plein burn-out post-traumatique. C'est un peu surligné dans sa misanthropie générale mais la mise en scène était extrêmement assurée pour un premier film.
4/6

Bones and all de Luca Guadaguino - Univerciné
Film de cannibales qui m'a surpris - en bien - par un réalisateur dont je n'avais pas aimé les précédents (même Call me... me laissait de marbre). Je ne sais pas si c'est la candeur de l'héroïne, ou le charme de la balade qui m'a rappelé la sauvage de Malick ou celle du Bruno de Herzog, mais je n'ai pas trouvé le temps long et surtout je trouve que Luca Guadagnino capte quelque chose de la jeunesse... La zik est bien aussi, les réalisateurs italiens ont souvent très bon goût (bon, on leur choisit aussi les morceaux). Bref, c'est sorti dans l'anonymat le plus complet, il faut supporter le Chalamet-show, mais je le recommande si la vue du sang ne vous effraie pas. Bien sûr, c'est moins bien que Trouble Every Day.
4/6

Never Gonna Snow Again de Malgorzata Szumowska
Belle surprise que ce film très original qui suit un masseur ukrainien dans un lotissement bourgeois polonais. Plus que le scénario qui passe d'une maison à l'autre, c'est la mise en scène qui m'a séduit, avec des passages très Tarkovski-like sur la musique divine de Max Richter. Sur Mubi.
4/6

Amérique du Sud (1)
Sundown de Michel Franco - Universciné
En route pour la joie avec Tim Roth, qui joue un milliardaire dépressif en plein burn-out à Acapulco - fausse piste. Et le cinéaste mexicain de déployer son art de la trajectoire doloriste avec maîtrise et de savantes ruptures de ton. Tim Roth est bien sûr parfait dans le rôle mais en dévoilant le mystère de sa soustraction au monde, Michel Franco rate sa cible, à mes yeux.
3/6


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MessagePosté: 19 Juil 2023, 13:24 
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Antichrist
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Et c'est parti pour juillet/août et Venise....


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MessagePosté: 20 Aoû 2023, 21:29 
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Antichrist
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Place au palmarès, donc

Lion d’or : Toute la beauté et le sang versé de Laura Poitras

Pour le coup, le jury de l'an passé avait vu juste : doc formidable, femme unique et qui reste durablement en tête.

Grand prix du jury : Tàr de Todd Field
Grand film là encore, d'une puissance et d'une maitrise dingues.

Prix du jury : Love Life de Koji Fukada
Le meilleur film de Koji Fukada, peut-être, avec un formidable personnage féminin.

Acteur : Burt Lancaster (Atlantic City)
Quel acteur, quel personnage... Là aussi, prix facile par rapport à ma sélection.

Actrice : Olga Dykhovitchnaia (Portrait au Crépuscule) et Tilda Swinton (Eternal Daughter)
Je donne toujours un double-prix par auto-festival. Et donc deux actrices qui, à mon sens, transcendent le film par leur interprétation.

Scénario : Loin d’André Téchiné
Film magnifiquement écrit, avec toujours chez Téchiné un amour pour le romanesque.

Mise en scène : Never Gonna Snow Again de Malgorzata Szumowska
Max Richter, des citations de Tarkovski... Ma came.

Voilà, très surpris par ce que j'ai vu et aimé. Je misais plus sur un trio Tsukamoto/Klimov/Kwon-Taek


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