Et c'est reparti pour un tour de grand cinéma.... Vingt films soigneusement sélectionnés, alors je suis désolé Jéronimo mais il y a deux films de ma collection personnelle dans le lot, beaucoup de grands cinéastes, j'espère que des grands films... Disons que nous avons jusqu'à mi-septembre ok ?
Mon Festival de Venise
Etats-Unis (2)
The Mountain : une odyssée américaine de Rick Alverson
Curieux film américain sur la pratique de la lobotomie dans les années 50 (c'est un concept), le tout avec un ton neurasthénique façon cinéma grec, sans plonger totalement dans l'absurde. Ecrit comme ça, le film parait bien chiant mais il y a une vraie atmosphère, qui m'a rappelé qu'il fallait que je vois la seconde saison de Mindhunter - à moins que ce soit la présence de Hannah Gross. Pas déplaisant donc, même si le récit met du temps à se déployer - je préfère la partie avec Denis Lavant qui apporte une vraie étrangeté au récit.
3/6
Section 99 de Craig Zahler
Je suis un grand fan de Bone Tomahawk et Traîné sur le bitume du même S. Craig Zahler, réal beaucoup trop méconnu à mon goût. Ce dernier est un peu moins fort à mes yeux, surtout pour les facilités de son scénario, pur prétexte à des explosions de violence auquel il manque de la cohérence, surtout dans son troisième acte. Mais bon, ça reste bonnard, à la fois dense et cartoonesque.
4/6
France (3)
J'entends plus la guitare de Philippe Garrel
Un peu/beaucoup déçu. J'aime bien certains films récents de Philippe Garrel, j'adore Les Frontières de l'aube. Là j'ai trouvé le film trop sec pour me séduire et le jeu de l'acteur principal m'a souvent sorti du propos - il en fait des tonnes non ? Après je connais mal la mythologie autour de Nico et je suis resté à quai. Même s'il y a de très belles choses - Yann Colette, le personnage d'Aline, la photo de Caroline Champetier.
3/6
Persécution de Patrice Chéreau - Universcine
Je connais assez mal l'oeuvre de Patrice Chéreau dont je n'aime vraiment que La Reine Margot. Son horrible palmarès de Cannes m'avait vacciné sur le gars et je redoutais ce film qui avait divisé la critique. Et bien je fais partie des conquis. Après une introduction d'une violence symbolique rare (avec Corinne Masiero !), le film nous emmène sur la fausse piste d'un Harry, un ami qui vous veut bien pour finalement ressembler à Two Lovers, mon film préféré de James Gray, sur l'incapacité à aimer et à être aimé en retour. J'aime beaucoup le travail d'Yves Cape, ce Paris d'hiver, de cafés et d'appartements en construction. Alors bien sûr ce n'est pas un film aimable, son héros (Romain Duris, oeil noir et mâchoire serré) passe trop son temps à geindre pour être en empathie totale avec lui, mais ce refus de prendre le spectateur par la main, cette sécheresse sentimentale et en même temps d'une vraie complexité psychologique, m'a donné envie d'en voir d'autres.
4/6
Gloria Mundi de Robert Guédiguian - Universcine
Petit cru. J'aime bien ce qui a trait aux vieux -Meylan forever et Darroussin parfait comme d'hab - mais les enfants sont tellement outranciers dans les oppositions de caractère que la fin fait presque rire (le discours dans un Tout Cash à base de vous êtes des minables, je suis premier de cordée sérieux...). Après, Robert Guédiguian sait filmer sa ville, ce n'est pas nouveau et l'opéra a toujours le même effet sur moi au cinéma.
3/6
36 vues du Pic Saint-Loup de Jacques Rivette - Mubi
Je connais très mal l'oeuvre de Jacques Rivette, à part quelques vieux films (La Religieuse, les Jeanne d'Arc, La Belle Noiseuse). Ce n'est pas forcément un cinéma qui me parle beaucoup et j'en ai eu la confirmation avec celui-ci. Tout le jeu sur le théâtre, le cirque, le catharsis par la récréation de la même scène originale, cela ne me passionne pas des masses et si lui et les seconds rôles sont bien, le personnage de Jane Birkin reste une énigme à mes yeux. Cela reste court, pas désagréable à suivre, parfois touchant.
3/6
Europe (6)
La Comédie de Dieu (A Comédia de Deus) de João César Monteiro
Imaginez un film où le héros encule sans son consentement une jeune vendeuse dans l'arrière-boutique, où ce même héros collectionne les poils pubiens des jeunes femmes et sniffe la culotte d'une pré-ado de 15 ans... Bienvenue en 1995 ! J'ai été plutôt conquis par mon premier Monteiro, mélange de comédie, de poésie et d'auto-dérision (et de perversion masculine). La tendresse réelle du personnage principal envers ses jeunes proies ne lui évite pas son châtiment donc la morale est sauf, rassurons les futurs spectateurs... Comme souvent dans ce cinéma d'auteur très particulier, c'est trop long (2h40), un peu répétitif dans ses effets mais je vais essayer de découvrir les autres dans l'orde.
4/6
Pour l'éternité de Roy Andersson
J'avoue : j'étais plutôt resté de marbre devant Chansons du deuxième étage et Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence et j'ai vu ce film par hasard, en me trompant de salle de projection (3615 ma vie). Et bien j'ai beaucoup aimé. Déjà j'ai trouvé le film moins uniquement dépressif, avec parfois des parenthèses heureuses - la danse, l'homme dans le bar qui dit que la vie c'est fantastique -, toujours aussi renversant sur le plan esthétique (la ville de Cologne détruite, ce plan insensé de la retraite de Sibérie) et la voix-off féminine apporte une vraie douceur à l'humour noir so Swedish.
5/6
Paysage dans le brouillard de Theo Angelopoulos - Universcine
D'Angelopoulos, je n'avais vu que les deux films les plus célébrés, le Regard d'Ulysse et L'Eternité et un jour, deux films qui m'avaient laissé le souvenir de films très lents, parfois sublimes formellement mais trop métaphoriques pour m'emporter. Celui-ci m'a paru beaucoup plus accessible, peut-être que j'ai vieilli aussi, même si certaines symboliques m'échappent (la main sortie de l'eau, c'est sublime, mais quel est le sens de la scène ?). Tout ce qui a trait aux enfants et surtout à la jeune fille m'a touché - je trouve le personnage très bien écrit. Et puis, c'est beau bordel, d'une beauté qui est devenue au cinéma aujourd'hui avec des plans sur-travaillés et une musique simple mais qui surligne l'émotion comme une ritournelle (j'ai même cru que c'était du Morricone). Je pense que je vais continuer à explorer sa filmographie lors de mes prochains auto-festivals.
5/6
Prospero's Books de Peter Greenaway  - Universcine
Plus j'explore la filmographie de Peter Greenaway, plus je suis fasciné par l'extraordinaire inventivité baroque de l'auteur anglais. Jusqu'à l'excès parfois, et je comprends que ce soit pour beaucoup de spectacteurs une épreuve de suivre ce film. J'ai notamment décroché à mi-parcours, heureusement j'ai lu le résumé de La tempête pour bien comprendre ce qui se passait à l'écran, mais quand ça décolle avec la musique de Michael Nyman, c'est totalement fascinant. La scène du mariage est à ce titre totalement époustouflante, avec toujours des idées de mise en scène, parfois brillantes, parfois non - pas fan du tout des inserts dans l'image. Ce n'est pas mon préféré de lui mais c'est quelque chose - à découvrir sur Universciné notamment en VoD. Sinon dans la distribution tu as Mark Rylance, Michel Blanc, James Thierée et Isabelle Pasco...
4/6
Attenberg d’Athina Rachel Tsangari - Universcine
Une déception. J'aime beaucoup le cinéma de Lanthimos, son originalité, son côté pince-sans-rire, sa noirceur. Là ça y ressemble beaucoup (il joue même le rôle de l'ingénieur qui baise Ariane Labed (sa femme dans la vie), sauf que chaque scène m'a paru trop longue, trop démonstrative, trop volontairement arty. Et si le film ne dure qu'un 1h30, tu as l'impression qu'il en dure le double... Elle est par contre épatante.
2/6
Madre de Rodrigo Sorogoyen
Confirmation du grand talent de metteur en scène de Rodrigo Sorogoyen, à qui l'on doit déjà Que Dieu nous pardonne et El Reino, avec ce portrait d'une femme au bord de la folie après la disparition de son fils de 6 ans. L'ouverture (court métrage nommé aux Oscars) est si brillante qu'il faut ensuite un petit temps d'adaptation au récit principal. C'est un peu long - pas fan de la virée en boite de nuit - mais la mise en scène de l'Espagnol et le jeu de l'actrice (totalement inconnue à mon bataillon) emportent tout, comme les vagues les châteaux de sable.
4,5/6
12 de Nikita Mikhalkov - Universcine
Troublante chute de Nikita Mikhalkov, qui était considéré dans les années 90 comme l'un des plus grands réalisateurs européennes (Urga, Soleil trompeur) et qui me parait totalement oublié aujourd'hui. Il faut dire que ce 12 est vraiment poussif. Remake de 12 hommes en colère mâtiné de guerre en Tchétchénie, il vaut pour ses performances d'acteurs (enfin pour le concours de cabotinage) mais le scénario est ultra-répétitif et la mise en scène multiplie les effets d'un clip des années 80 - des ralentis moches, des effets de montage à base de lumière qui claque... Pas aimé.
2/6
Asie (5)
La cité des douleurs de Hou Hsiao Hsien - collection personnelle
Tout simplement l'un des plus beaux films de Hou Hsiao-hsien et donc l'un des plus beaux films du monde. Déjà c'est peut-être son film le plus ambition : raconter à hauteur d'homme la sanglante période 1946-1949 à Taïwan. Et comme c'est à hauteur d'homme, ne pas bien connaitre cette période (il m'a fallu lire wikipedia pour recoller certains morceaux de l'intrigue) n'est pas un sérieux handicap pour comprendre émotionnellement les enjeux : la destruction d'une famille qui a fait fortune et trafic pendant l'occupation japonaise. C'est d'une beauté de tous les plans (cette intro !), impossible de rester insensible à l'histoire d'amour d'Hiromi et du frère sourd (Tony Leung génial), de ne pas être complètement subjugué par le rythme, le sens des détails, des cadres. Déjà envie de le revoir.
5-6/6
Chronique d'une disparition (Chronicle of a Disappearance) d' Elia Suleiman
Le premier film d'Elia Suleiman. Bon, on retrouve ce que fera l'originalité du cinéaste palestinien, son goût de l'absurde, sa narration en mode vignette qui mêle des scènes de la vie quotidienne et des fantasmes politiques. On ne va pas se mentir : cela fonctionne moins bien que le dernier, avec le recul son meilleur film. Parfois l'ennui pointe, un peu, beaucoup... Parfois c'est brillant, un peu, beaucoup.
3/6
Paprika de Satoshi Kon -
https://www.canalplus.com/cinema/paprika/h/972025_40099J'avais découvert le film lors d'une nuit Satoshi Kon (au Champo ?), mais je m'étais endormi dès le premier quart d'heure (c'était le dernier film) et j'avais bien galéré pour comprendre le scénario au réveil. Enfin bref, j'ai (vraiment) rattrapé cette merveille... et je n'ai pas trouvé le scénario si embrouillé que cela. Le graphisme est mortel, tout le rapport rêve-cinéma dément et l'on devine bien tout le potentiel du pitch (que reprendra et adaptera Christopher Nolan). Si j'ai un reproche à faire, ce serait clairement du côté de la fin, assez déceptive. Mais bon quel trip, quelle originalité... Le film plus K.Dickien que bien des adaptations de K.Dick.
5/6
Melancholia de Lav Diaz - Mubi 4-5/6
Je continue mon exploration de la filmo de Lav Diaz avec ce film de... 7h30, vu en plusieurs fois (sur Mubi). C'est quelque chose comme on dit, un film d'une grande ambition thématique, qui explore la destruction psychologique des proches de militants communistes traqués à mort dans la jungle philippine. C'est très très lent, un peu gonflant dans sa manière de garder le mystère, surtout avant le rebondissement de la fin de la première partie (je n'avais pas lu le synopsis). Le film devient alors beaucoup plus intéressant - mais toujours aussi lent, je préfère prévenir les curieux. On retrouve le style de Lav Diaz, sa faculté à créer une atmosphère hypnotique avec juste les sons de la ville et la nuit qui tombe. J'ai été moins convaincu que par Norte, car je trouve le film trop étiré mais la dernière heure mérite le voyage (avec un côté La Ligne Rouge). Mais bon, c'est du grand cinéma, avec un investissement incroyable des acteurs.
Amérique Latine (2)
Ema de Pablo Larrain - en salle
Voilà le grand film malade (et de malade) de l'été. Le portrait d'une femme, d'une génération qui prend le pouvoir, qui s'en fiche des genres, des étiquettes, de ce qui est "culturellement ou sociétalement bien", un soleil rouge qui va tout brûler sur son passage. Pablo Larrain (qui a le même âge que moi et je comprends totalement son vertige devant la jeune génération) est l'un des plus grands cinéastes actuels. La forme du film est un trip sensoriel qui cogne à la tête comme le Reggaeton, qui colle à l'humeur changeante de son héroïne, à sa perversion profonde, à sa soif de liberté. J'ai pensé à Sense 8, la série des Wachowski, à Climax aussi, et pas seulement pour les scènes de danse (il y a un passage dans le film totalement dément). Film-transe, film fantastique, film-fantasme incroyablement contemporain, Ema n'est ni aimable, ni parfait (j'ai un peu de mal avec le pompier, perso complètement sacrifié), mais c'est du grand cinéma.
5/6
Carmin Profond d’Artur Ripstein - La Cinetek
La farce macabre avec des personnages répugnants, ce n'est pas trop mon cinéma. Là objectivement, le film possède des qualités artistiques (les décors notamment), mais le côté artificiel des situations, la narration répétitive et le sentiment que rien ne déviera les amants terribles de leur route du Mal m'ont vite ennuyé. J'avais déjà détesté la Vierge de la luxure d'Arturo Ripstein, je crois que je vais arrêter les frais avec lui.
2/6
Afrique (1)
Daratt, saison sèche de Mahamat-Saleh Haroun
Beau film de Mahamat-Saleh Haroun, récompensé à Venise, sur un jeune orphelin qui cherche le meurtrier de son paternel et trouve en lui un père de substitution. Le scénario est assez classique mais la mise en scène de Mahamat-Saleh Haroun, son sens du cadre et de la lumière, donne au film une belle puissance métaphorique et universelle. Je conseille.
4/6