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MessagePosté: 12 Mai 2010, 10:36 
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Voilà une critique pas facile à écrire.

J'avais très envie d'aimer le film, en tant qu'admirateur d'Irreversible et étant en général sensible à la mise en image de Noé. J'y allais pour vivre une nouvelle expérience, pour rester accroché à mon siège pendant le film. Pari à la fois tenu, et à la fois raté.

Le départ est très bon, générique hypnotique incroyable, ambiance sonore ultra léchée, et j'ai adoré être projeté dans la vie d'Oscar. Pour moi cette caméra subjective est une réussite, j'y étais, je marchais dans tokyo après m'être défoncé, j'ai appréhendé de monter au void etc... Mais déjà le principal défaut du film est là dans la scène d'hallucination : c'est trop long. Je me fais haper au début, je contemple l'image proposée, , j'apprécie l'ambiance, le son, je me laisse aller à quelques pensées, puis... j'attend la séquence suivante. D'ailleurs ici quand elle arrive je ne suis pas déçu, la transition est très réussie avec une sonnerie de téléphone diabolique. Mais voilà, j'ai décroché du film pendant un petit moment, et en 2h30 j'ai décroché un peu trop souvent pour être happé dans le film.

J'imagine que les séquences où j'ai polimment attendu la suivante ont bien marché sur d'autres, et inversement, puisque pour certaines j'étais juste à fond. Notamment les flash back familiaux, globalement tous les plans avec Oscar de dos, j'étais à fond. Après certaines séquences fonctionnent bien, d'autres moins, et je me suis surpris à trouver le temps long dans la dernière demi-heure.

Bref, voilà, je me souviendrai de certaines séquences pendant un moment, que j'ai déjà très envie de revoir, mais je n'ai pas été absorbé de bout en bout, et j'ai décroché trop souvent pour que le happening soit réussi. Je pense qu'il serait possible de raccourcir le film d'une bonne demie-heure sans vraiment l'altérer, mais bon on est jusqu'au-boutiste ou on l'est pas.

Ah, encore une chose qui me gêne dans pas mal de films : les noirs trop long. Mécaniquement, quand l'écran est noir trop longtemps, l'oeil privé de l'éblouissement de l'écran capte la luminosité de la salle et la distingue tout d'un coup. Du coup, un noir trop long est le meilleur moyen pour te rappeller que tu es dans une salle de ciné et de mater un peu autour de toi, bref, pour faire un décrochage de plus.

Alors voilà, le même film avec une demie heure de moins, j'aurais été ravi, là en l'état il manque quelque chose pour m'accrocher plus, ou alors il faut raccourcir pour pas que je décroche. 4/6


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MessagePosté: 12 Mai 2010, 13:05 
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Bulldog Errant a écrit:
Voilà une critique pas facile à écrire.

J'avais très envie d'aimer le film, en tant qu'admirateur d'Irreversible et étant en général sensible à la mise en image de Noé. J'y allais pour vivre une nouvelle expérience, pour rester accroché à mon siège pendant le film. Pari à la fois tenu, et à la fois raté.

Le départ est très bon, générique hypnotique incroyable, ambiance sonore ultra léchée, et j'ai adoré être projeté dans la vie d'Oscar. Pour moi cette caméra subjective est une réussite, j'y étais, je marchais dans tokyo après m'être défoncé, j'ai appréhendé de monter au void etc... Mais déjà le principal défaut du film est là dans la scène d'hallucination : c'est trop long. Je me fais haper au début, je contemple l'image proposée, , j'apprécie l'ambiance, le son, je me laisse aller à quelques pensées, puis... j'attend la séquence suivante. D'ailleurs ici quand elle arrive je ne suis pas déçu, la transition est très réussie avec une sonnerie de téléphone diabolique. Mais voilà, j'ai décroché du film pendant un petit moment, et en 2h30 j'ai décroché un peu trop souvent pour être happé dans le film.

J'imagine que les séquences où j'ai polimment attendu la suivante ont bien marché sur d'autres, et inversement, puisque pour certaines j'étais juste à fond. Notamment les flash back familiaux, globalement tous les plans avec Oscar de dos, j'étais à fond. Après certaines séquences fonctionnent bien, d'autres moins, et je me suis surpris à trouver le temps long dans la dernière demi-heure.

Bref, voilà, je me souviendrai de certaines séquences pendant un moment, que j'ai déjà très envie de revoir, mais je n'ai pas été absorbé de bout en bout, et j'ai décroché trop souvent pour que le happening soit réussi. Je pense qu'il serait possible de raccourcir le film d'une bonne demie-heure sans vraiment l'altérer, mais bon on est jusqu'au-boutiste ou on l'est pas.

Ah, encore une chose qui me gêne dans pas mal de films : les noirs trop long. Mécaniquement, quand l'écran est noir trop longtemps, l'oeil privé de l'éblouissement de l'écran capte la luminosité de la salle et la distingue tout d'un coup. Du coup, un noir trop long est le meilleur moyen pour te rappeller que tu es dans une salle de ciné et de mater un peu autour de toi, bref, pour faire un décrochage de plus.

Alors voilà, le même film avec une demie heure de moins, j'aurais été ravi, là en l'état il manque quelque chose pour m'accrocher plus, ou alors il faut raccourcir pour pas que je décroche. 4/6


J'ai ressenti exactement la même chose. Mais curieusement, quand je trouvais ça long dans la dernière heure, ça m'intriguait. Je décrochais mais en continuant de réfléchir au film, à son sens, à ses choix, à ses couleurs, à sa première heure en caméra subjective ou dos au personnage etc. Alors que lorsque tu décroches d'un film généralement, il peut t'arriver de penser carrément à autre chose et d'être incapable d'y replonger par la suite.

Donc en fait, je me dis que je ne suis pas sorti du film comme je le crois.

C'était un peu pareil avec Seul contre tous. Lorsqu'il balance son carton "vous avez 30 secondes pour quitter la salle", finalement tu rebascules sur ton siège, tu réalises que ce n'est qu'un film, et pourtant je suis reparti de bon coeur. Dans Irréversible, la première demie-heure avant le viol était tellement éprouvante que j'ai souhaité sortir respirer de l'air frais et poser mes yeux sur un point fixe et apaisant. Lorsque les sièges ont commencé à claquer, lorsque les gens quittaient la salle à l'arrivée de Jo Prestia, il était impossible de ne pas se dire que j'étais assis sur mon siège, dans une salle de cinéma... et pourtant j'ai réinvesti le film, et de façon mémorable. Ici c'était un peu pareil. Noé propose une immersion mais sans nous kidnapper. Ses films sont assez interactifs et il compte sur notre envie d'y plonger pour l'expérience, pour y apporter de nous-même. il laisse des échappatoires. Ce qui fait que malgré les expériences fortes de ses films, je m'y sente parfaitement bien, en sécurité, protégé. Et volontaire.

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MessagePosté: 12 Mai 2010, 22:21 
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Pour expliquer qui aime quoi sur le forum aux nouveaux le plus simple est de montrer la chaîne de notes d'Enter the void

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MessagePosté: 12 Mai 2010, 23:21 
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En somme, comment réduire chacun à son appréciation d'UN SEUL FILM quoi.

*Ou alors ça veut juste dire "si tu aimes enter the void, t'as une chance sur deux d'être gay"*

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MessagePosté: 13 Mai 2010, 07:49 
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DPSR a écrit:
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MessagePosté: 13 Mai 2010, 12:35 
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DPSR a écrit:
Pour expliquer qui aime quoi sur le forum aux nouveaux le plus simple est de montrer la chaîne de notes d'Enter the void
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Vous c'est quoi, le consensus mou ?


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MessagePosté: 13 Mai 2010, 12:53 
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Z a écrit:
Donc en fait, je me dis que je ne suis pas sorti du film comme je le crois.


Je dois reconnaitre que tu as en partie raison, à chaque fois que j'ai décroché, je n'ai eu aucun mal à reprendre le train, surtout que les transitions sont souvent réussies.

Je note quand même une différence avec Irreversible, là où moi aussi j'ai du détourner le regard et me rappeler que ce n'était qu'un film, c'était pour me sauver du film, pour casser l'attraction trop forte. Dans Enter the void, c'est plutôt à cause d'une attraction trop faible.

Je me ferai une bulldog's cut quand le BR sortira :D


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MessagePosté: 13 Mai 2010, 13:33 
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Bulldog Errant a écrit:
Z a écrit:
Donc en fait, je me dis que je ne suis pas sorti du film comme je le crois.


Je dois reconnaitre que tu as en partie raison, à chaque fois que j'ai décroché, je n'ai eu aucun mal à reprendre le train, surtout que les transitions sont souvent réussies.

Je note quand même une différence avec Irreversible, là où moi aussi j'ai du détourner le regard et me rappeler que ce n'était qu'un film, c'était pour me sauver du film, pour casser l'attraction trop forte. Dans Enter the void, c'est plutôt à cause d'une attraction trop faible.

Je me ferai une bulldog's cut quand le BR sortira :D


Noé aimerait travailler une version alternative pour le BR, moins narrative, plus explosée, plus psyché, moins sage. Là où je te rejoins aussi, c'est sur le fait qu'Irréversible a une première partie vraiment difficile, du coup la seconde partie est la bienvenue pour décompresser.

Ici la première partie n'est pas si oppressante que ça. Du coup on a moins besoin de redescendre dans une dernière partie plus cool. Et elle se fait longue aussi parce qu'elle n'est pas aussi utile que pour le précédent.

Il y a aussi un truc que j'ai remarqué, assez curieux. Pendant la vision d'un film, je ne pense presque jamais au metteur en scène, mais plus aux personnages, à l'histoire, voire à une entité que l'on pourrait assimiler au destin, ou plus prosaïquement au scénario, bref aux choix qui sont faits.

Avec les films de Noé, j'ai souvent Gaspar en tête, sa volonté de nous tester, ses choix de mise en scène, comme s'il était le véritable sujet du film, et le reste que de l'expérimentation finalement. Comme si j'entrais dans son laboratoire et assistait avec lui à une expérience. C'est curieux. Je pense que c'est du au fait que Noé n'a pas réellement le souci de raconter une histoire avec un fil narratif clair ou abouti. Il est auteur mais pas scénariste, il y a une histoire et une ambiance, mais pas d'arcs scénaristiques. Il y a des choix forts dans la mise en scène, mais l'aspect purement narratif apparait tellement dénudé ou lisible qu'il en devient naïf (les personnages qui ne peuvent s'empêcher, dans leurs rares dialogues, d'évoquer LA thématique ou d'avoir une précognition sur leur devenir et le devenir du film : Bellucci parle des rêves prémonitoires et du bouquin qu'elle a lu sur le sujet, Oscar parle de la mort et de la réincarnation et du Livre des Morts).

Comme l'intérêt de ses films est ailleurs, comme la dramaturgie est davantage dans les images que dans l'histoire, comme ses expérimentations sont d'ordre graphiques et sensoriels, comme il axe l'essentiel de sa narration sur la continuité (son film est presque un long plan-séquence de 2h50 de la première seconde à la dernière image), finalement le réalisateur prend contre toute attente une autre dimension : il a une présence. D'autant plus lorsqu'il décide contre toute narration, de faire errer l'âme d'Oscar dans toute la ville, avec cette caméra en plongée totale, et ce regard presque anthropologique. Ce pourquoi peut-être les avis sont aussi partagés. Certains comme moi apprécient l'expérience, d'autres détestent et s'en prennent directement à Noé, avec familiarité et vulgarité, rejetant non seulement le film (qu'ils réduisent à une expérience sans intérêt) mais surtout la personnalité du cinéaste, en dénigrant son intention, son ambition, sa moralité, sa vision du cinéma etc.

Dans la vie on est capables d'aimer les films de 0/6 à 6/6 avec toutes les nuances possibles, mais s'agissant des personnes, on est bien plus sur du 0/6 ou du 6/6, sans trop de demie-mesure. Et je crois que dans le cas de Noé, ça joue bien plus que les films eux-mêmes.

Pourtant en interview, c'est frappant de voir à quel point l'histoire ou les éléments narratifs ont pour lui une réelle signification. Et une grande importance. Ce n'est jamais un prétexte facile. C'est parfois même hommage à un vieux film méconnu, façon Tarantino.

Par exemple on lui a reproché d'avoir peint le couloir du viol d'Irréversible en rouge vif. Trop démonstratif, trop facile, de l'esthétisme facile etc. C'est à dire que l'on conteste un choix qui fonctionne sous prétexte qu'il fonctionne trop bien ou qu'il est trop esthétisant. Mais quand lui se justifie, il explique que lorsque son père a été arrêté par la police argentine, les salles de torture étaient peintes d'un rouge vif. Parce que cela faisait peur et que les gens, avant même d'être torturés, pouvaient anticiper ce qui allait arriver et lâcher des infos avant même l'interrogatoire. Il a donc des raisons esthétiques d'être rouge ce couloir, cela a une résonance personnelle et intime pour lui.

Il est finalement moins ado attardé que l'on pourrait le penser. En plus, il se réjouit que l'on puisse s'offusquer, ou que l'on puisse avoir peur, gerber, détester etc. Pour lui les mauvaises critiques et la violence de celles-ci ont plus d'intérêt que les critiques élogieuses. Il veut de la réaction, pas de l'approbation. Alors que pour n'importe lequel d'entre nous, une critique négative - surtout si elle est injurieuse et pas du tout constructive - pourrait nous faire du mal ou en tous cas nous remuer un peu, lui a trouvé la parade... Le mec est capable d'accumuler de la confiance et de la sérénité en englobant aussi bien les horreurs que les compliments. Du coup il n'est jamais abattu ou découragé, et ça m'impressionne. Je trouve que c'est un bon état d'esprit. Et qui n'empêche pas la concertation avec les gens qu'il estime ou la remise en question sur ce qui marche ou non, sur les aspects ado de son travail etc. C'est l'artiste le plus libre et le plus perfectionniste que je connaisse, et je suis content qu'il existe.

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MessagePosté: 14 Mai 2010, 00:48 
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C'est vrai que j'ai eu ce genre de pensées : "Oh il ose", ou encore "Ah l'ordure il est sans pitié" pendant
la scène du foetus
, en ayant bien Gaspar en tête.

Je conclus aussi de ton texte que s'il faisait une adaptation, ou s'il était accompagné par un vrai scénariste, il pourrait faire un cinéma sans doute toujours de grande qualité mais plus fédérateur.

Sinon, en y repensant, ce que j'adore, c'est ses écritures immenses sur l'écran, ça a vraiment une force. Le générique, les cartons bien sûr, mais aussi les enseignes géantes, "Sex Money Power". Des mots puissants, en grand, en couleur. Aucune subtilité, mais vraiment écrasant.


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MessagePosté: 14 Mai 2010, 15:43 
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Bulldog Errant a écrit:
Je conclus aussi de ton texte que s'il faisait une adaptation, ou s'il était accompagné par un vrai scénariste, il pourrait faire un cinéma sans doute toujours de grande qualité mais plus fédérateur.


Ah si seulement... mais bon son prochain sera un porno...

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MessagePosté: 02 Juin 2010, 09:54 
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Je pensais vraiment pas mettre 0.

Je ne suis pas du tout de ceux qui ont une dent contre Noé.
Au contraire, j'ai plutôt tendance à la défendre, du moins à défendre son droit de montrer ce qu'il veut sans avoir à être bêtement traité de "connard" (j'ai beau trouver que son dernier film est un ratage complet, je vois mal en quoi l'emploi d'un tel mot est justifié).
Irréversible m'avait semblé un exercice de style intéressant et assez probant par moments même s'il ne m'avait pas touché davantage.
Pas vu Seul contre tous.

Mais donc j'ai vu ce Enter the Void.
Et le film porte très bien son titre.
C'est complètement vide.

Alors je veux bien louer l'intention, l'ambition générale d'illustrer les préceptes du livre des morts par un trip filmique mais pour moi, ce film est un gigantesque constat d'échec.

Le générique annonce la couleur.
Il y a tout d'abord tous ces crédits de générique de fin qui défilent à toute allure et qui me paraissent juste poseurs...puis il y a ce vrai générique de début qui introduit véritablement le film et pour lequel je trouve au contraire que l'effet désiré est atteint. Sorte d'agression visuelle qui hypnotise.
Le problème, c'est que c'est très représentatif du film : pour chaque RARE idée formelle qui "marche", t'en a 135 000 qui font "plouf".
Et le pire dans tout ça, c'est que ces rares trouvailles sont souvent exploitées à outrance, répétées inlassablement sur DEUX. HEURES. TRENTE (au bout de 50 minutes, je regardai ma montre, incrédule devant le temps de film restant) jusqu'à te dégoûter, jusqu'à annihiler le peu de mérite que tu trouvais au film.

C'était sans doute l'une des séances les plus pénibles de ma vie. Interminable.

Interminable fiasco démonstratif où j'ai réalisé à quel point l'esthétique (faussement) chic et choc de Noé n'avait aucun effet sur moi. Je sais pas si ce sont d'autres oeuvres qui m'ont désensibilisé à son cinéma ou si c'est son propre goût pour la redondance.
Dis, Gaspar, va falloir s'en remettre de tes stroboscopes. Il est temps de trouver un nouveau joujou.

Dès le début, je me suis rappelé ce que j'écrivais à propos de...Resident Evil de Paul W.S. Anderson.
Je ne me souviens plus les propos exacts mais ça concernait l'inintérêt inhérent à toute adaptation de jeu vidéo. L'intérêt du jeu vidéo, sa valeur ajoutée vis-à-vis du cinéma, c'est son interactivité. Dès lors, une adaptation - qui plus est celle d'un jeu "flippant" - devrait faire tout son possible pour reproduire cette ambiance, de manière à ce que l'immersion du spectateur soit aussi forte devant le film (sur lequel il n'a aucune emprise) que devant le jeu (dans lequel il est davantage impliqué). Or, Anderson échouait lamentablement en abandonnant la tension pour l'action.

Mon problème avec Enter the Void est sensiblement le même.
Tu as beau utiliser une caméra subjective, c'est vain.
Tu as beau me faire des séquences d'hallucinations à la Blueberry, ça ne vaudra jamais celles que je peux vivre "pour de vrai".
Alors peut-être faut-il s'appeler Kubrick pour réussir, je sais pas, et on a bien compris maintenant que Noé voulait refaire 2001, mais je trouve l'exercice aucunement effectif ici.

Je trouve le procédé autrement plus réussi dans les séquences de Strange Days ou le clip de Smack My Bitch Up. Peut-être est-ce le format court, peut-être est-ce parce que ce qui se passe dans ces séquences en vue subjective est plus entraînant, je sais pas trop pourquoi ici ça plante.
Enfin, je sais que je trouve ça moins bien foutu (les mouvements, par exemple, ne sont pas assez rapides ou parfois trop faux genre quand il monte des escaliers) alors que ça se veut réaliste (les clignements de paupières, c'était franchement dispensable).
Les paupières c'est assez représentatif de l'approche à mon goût pas assez réfléchie de Noé sur son procédé. Mec, t'as pas besoin de pousser le vice jusque là pour qu'on accroche. Remate Strange Days. Remate Smack My Bitch Up. C'est pas un clignement de paupières qui fait le truc.
Faut se sentir impliqué et ici, je ne le suis jamais.

Faut dire que dans l'écriture, c'est globalement aussi infantile que dans la mise en scène.
Ca commence par des dialogues passablement débiles ("Ca doit être beau Tokyo de là-haut" et autres adolescenteries sur la mort), ça continue avec des situations clichées et surtout des sous-intrigues inutiles (les parents de Victor qui s'engueulent et surtout, tous ces retours sur Alex qui galère dans les rues), ça abuse de passages hystériques où les gens ne font que de crier (Linda, gamine tête à claques, adulte insoutenable, quand elle engueule Victor là, putain), et je passe sur le fond tantôt ridicule (la réincarnation du mec sous forme de son propre neveu, or as I like to call it "Le Périple Incroyable d'un Mec qui Voulait Sucer les Seins de sa Soeur"), tantôt douteux (Victor, pour avoir balancé Oscar aux flics, tu es condamné à sucer des bites dans des ascenseurs).

Alors c'est facile.
C'est facile de faire crier une gamine pendant 5 minutes pour retranscrire "l'émotion" de la scène.
Ca oui, c'est vite relou.
Je ne doute pas de la sincérité de Noé, même quand il "ose" une scène d'avortement montrée cash (ça pour le coup, ça marche, il a le droit de le montrer et il le montre bien), mais cette sincérité s'apparente la plupart du temps à une relative naïveté (les scènes de serment entre mômes et de nounours trimballés partout, pitié). Du coup, entre la Naîveté et la volonté (du moins, la conscience) de choquer par moments, on a un film assez puéril. Aux émotions faciles, bas de gamme.
Et justement, ça manque d'un véritable tissu émotionnel. Le grand atout d'Irréversible, la raison pour laquelle on est impliquée, ce sont ses personnages, et leur vie, écrite, jouée et filmée avec naturel, que l'on découvre à rebours.
Ici, y a pas UN personnage qui ne soit pas antipathique. Donc zéro identification. Donc zéro implication.

Et il ne suffit pas de se dire "ok, maintenant tout est filmé de derrière le dos du protagoniste" pour que l'identification prenne.
Remate Elephant. Là aussi, la digestion d'une esthétique proche du jeu vidéo était plus pertinente. Plus pourvue de sens.

En fait, je suis assez déçu, je m'attendais à un film un peu plus ouf, surtout dans la forme.
Et c'est pas le récit, somme toute assez banal, qui y change quoi que ce soit.
L'un comme l'autre sont d'une redondance fatigante, étirant le film jusqu'à atteindre une auto-indulgence indécente, répétant les mêmes effets ad nauseam (à la fin, avec tous ces survols/passages à travers les murs qui se succèdent inlassablement, tous ces plans de caméras qui rentre dans la lumière avec à chaque fois l'effet stroboscopique, ça en devient impuissant, dénué de la force que ça pouvait avoir).

La bonne volonté, déjà anémique, du film est réduite à néant par une absence de maîtrise. C'est amateur.
Et les fautes de goût style "lueur d'énergie autour des organes génitaux" sur la fin, c'est le pompon.
Ca ma fait penser à Immortel de Bilal. Nanardesque.

0/6

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MessagePosté: 02 Juin 2010, 10:14 
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Faut que je voie ce truc!


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MessagePosté: 02 Juin 2010, 10:15 
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Zad a écrit:
quand on commet des points de montage immondes du niveau de "le connard mordille sans ménagement les tétons de la meuf dans une scène de sexe triste et froid et c'est glauque/le bébé tète sa maman dans une lumière de pub pour center parks, et tout ceci nous démontre que l'homme n'est pur que bébé, perverti ensuite", j'arrive pas à admettre qu'on puisse parler de sens incroyable du montage.

Mais grave, la vulgarité putain.

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MessagePosté: 02 Juin 2010, 10:20 
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Marlo a écrit:
Comme Zad j'ai trouvé que le montage était sans subtilité, sursignifiant et d'une grande vulgarité.

Dfaçon, le film est très bas de plafond au niveau du sens..."notre papa et notre maman sont morts donc je me drogue et tu deviens strip-teaseuse" et autre "je veux têter maman/des femmes/ma soeur"...c'est plein de maladresses, de grossièretés, de raccourcis.

Citation:
Sinon, dans mon avis j'ai oublié de parler de la représentation du sexe chez Noé. Dans toutes ses interviews qu'il donne il explique qu'il veut faire un beau film d'amour, que le sexe doit être joyeux ... avec des gens qui ne baisent pas mais qui font l'amour, comme il dit.
Et ici le sexe est glauque et déprimant. J'avais lu que le film se concluait dans une grande orgie et j'imaginais quelque chose de beau, de coloré, un peu comme la fin d' "Irréversible", or cette scène a surtout provoqué le dégoût chez moi. On ne peut pas dire que j'avais envie de baiser (enfin, de faire l'amour, pardon) en sortant de la salle

Pareil.

Je me suis posé la question durant cette scène.
Il veut nous faire bander ou nous dégoûter?
Si c'est la première réponse, c'est raté.

Alors que dans Irréversible, quand tu voyais Cassel et Bellucci au pieu, après le viol, c'était pour le coup assez beau dans la manière de représenter le couple, l'amour, la sexualité, la nudité.

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MessagePosté: 02 Juin 2010, 10:32 
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Pandi a écrit:
J'aime la pondération de Z et Ronald.

Ronald?

"pour ceux qui auront été troublé voir saoulé par les répétitions des séquences, des points de vues et des effets, je n'ai rien d'autre à leur dire que se mettre à la drogue et on en reparle"

Paye ta pondération de bouffon.

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