Forum de FilmDeCulte

Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris se séparent. Or, c'est elle qui a acheté la maison dans laquelle ils vivent avec leurs deux enfants, mais c'est lui qui l'a entièrement rénovée. A présent, ils sont obligés d'y cohabiter, Boris n'ayant pas les moyens de se reloger. A l'heure des comptes, aucun des deux ne veut lâcher sur ce qu'il juge avoir apporté.

C'est le versant "A perdre la raison" (où Maître Gims vient remplacer Julien Clerc) et "Nue propriété" de l'oeuvre de Lafosse, autant dire celui que j'aime le moins, dans cette histoire du divorce où on compte les points comme dans une chanson de Biolay, Delerm ou d'Alex Beaupain. Autant le film essaie de capter quelque chose de très contemporain, comment s'efforcer de vivre sous le même toit avec quelqu'un qu'on n'aime plus jusqu'à une forme de haine froide à cause de contraintes économiques, autant Lafosse tourne à vide ses petites combines de ressentiments et d'engueulades en boucle où on ressort les mêmes arguments, l'argent brocardé sur les sentiments, tout en essayant de s'arroger la préférence des enfants. L’ambiguïté distillée pour empêcher de prendre parti pour la mère travailleuse ou le papa poule loser tourne au face-à-face stérile de drame en chambre coutumier de bisbilles qualité française (même si belge) et finit par gaver jusqu'à sa petite résolution procédurière qui finit de laisser sur sa faim.
2/6

Maitre Gims, sérieux?? Déjà que j'avais pas fort envie mais alors là.....

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Moi j'ai bien aimé, c'est limite le film que j'ai vu à Cannes que j'ai préféré (avec WOLF AND SHEEP que personne n'a vu...). Il y a un côté hypnotique à revoir la même scène rejouée en boucle. Bon après c'est sûr que ça s'essouffle un peu, mais Cédric Kahn reste fascinant à regarder en connard passif-agressif auquel t'as quand même envie de t'identifier.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tiens j'ai vu Wolf and Sheep. Beau film ouais. Un peu raide dans son minimalisme.

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CroqAnimement votre

J'aime le concept, espèce d'"Entre les murs" du film de couple où on voit les relations se déliter peu à peu dans un climat anxiogène et délétère. J'aime la manière dont le film débute in media res sans en faire trois tonnes sur l'histoire d'avant, sur l'amour qu'il y a pu avoir entre eux, sur ce qui a provoqué la rupture. On est là face à une situation donnée et il faut la gérer avec tous les aléas hyper concrets du quotidien. Avec une mise en scène plutôt inspirée avec beaucoup de plans longs où les personnages sont actifs dans des activités triviales (faire la cuisine par ex) tout en gérant leur vie intime, exposée nue et brutale dans les pièces de cet appartement qui les enferme. Comme un entrelacement inextricable, interdépendant des contingences extérieures de la vie quotidienne et des sentiments les plus profonds de la vie intime.
En une poignée de scènes vraiment réussies Lafosse décortique quand même cette cassure sentimentale de manière clinique et paradoxalement très émouvante que ce soit lors de ce repas glaçant entre amis ou la scène de danse sur Maïtre Gims.

Le seul bémol c'est finalement le personnage de Kahn. Lui est plutôt bon acteur mais c'est son personnage que j'ai du mal à trouver crédible. Je trouve qu'ils vont pas ensemble, que sa vie bien rangée, petite bourgeoise à elle, va pas du tout avec ce mec maçon au black et magouilleur. Du mal à croire qu'ils ont pu vivre 15 ans comme ça. D'autant que je vois pas du tout l'intérêt de cette pseudo histoire de dettes. J'aurais trouvé le film finalement plus fort et plus "universel" si le mec était un mec "lambda" avec un boulot moyen.

Mais à part ça, j'ai trouvé ça vraiment bien, sobre, humble et, encore une fois, émouvant. Je gardais de Béjo son effroyable prestation dans le dernier Hazanavicius et là elle m'a vraiment épaté, elle est parfaite. Kahn est bon dans les moments de confrontation brutale, dans un truc un peu sauvage mais moins dans les scènes plus calmes je trouve. Puis le film est intéressant du point de vue du rapport de force homme-femme, sans trop en faire il raconte quand même une domination

Une certaine "qualité française" (un bon scénar, de bons comédiens, une mise en scène discrète mais cohérente - à ce titre j'aime beaucoup les deux derniers plans) qui me rend le film attachant.

4/6

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CroqAnimement votre

Lafosse réussit à saisir de bons moments au cœur d'un sujet de lutte des classes domestique a priori peu ragoûtant.

3,75/6