Forum de FilmDeCulte

J'ai largement préféré Limbo que je trouve plus beau visuellement , plus fort et mieux maîtrisé sur le rythme et la trame.

Cela reste sympa mais bien loin de la claque film d'action espéré. Il y a plusieurs fois des passages qui renvoie à Time and tide de Tsui Hark sans en atteindre la folie et la maestria.

Pas mal mais déçu dans le sentiment immédiat.

Au moins dans celui-là, contrairement à Limbo, on tape pas que sur la même personne pendant quarante minutes.

_________________

Euh si. Et le méchant est très mauvais.

Oui, mais celui sur qui on tape se défend.

_________________

J'ai pas vu Limbo mais j'ai lu que c'était un peu misogyne. Il est en tous cas certain que City Of Darkness est quand même fortement macho.

Misogyne, je ne sais pas... mais très "male savior"

Et c'est très doloriste donc la meuf prend cheeeeer.

_________________

J'ai adoré ce grand moment pulp.

Je ne savais rien de plus qu'une guerre entre deux gangs dans Kowloon et m'attendait à du polar d'action sous influence 80s modernisé avec une touche de Thé Raid mais presque pas du tout.
C'est une variation de wu xan pian dans le monde moderne.

Et en effet, comme dit FF, le titre original est bien plus représentatif (et je me pose les mêmes questions sur les choix des titres, l'anglicisation en général des films asiatiques).

On se retrouve dans un récit de seigneurs de la guerre, Kowloon étant une sorte de village isolé d'un royaume de HK, concerné par autre chose jusqu'à ce que le grand mah jong ou le destin rattrape le tout, qui était écrit, on en parlait même à la télé.

Sans pour autant surmythifié le cadre, et sans avoir non plus la prétention d'un discours social et politique, il y a ce respect du matériel de base qui n'est pas vu honteusement exploité.

Alors faut accepter un romantisme de la misère et une position sur la rétrocession sur du "en même temps" mais le propos est sur un hommage consciemment nostalgique qui ne peut q'enjoliver.
Un enjolivement de cinéma avec cette volonté de faire vivre l'esprit du cinéma HK dans un décor passé et inévitablement fantasmé, comme le cinéma HK le faisait avec les films historiques.
Ya le symbole du héros et de ces papiers, cet avion qui survole la ville (et qui à la fin semble quitter la cité pour aller à la rencontre du monde), les affiches sur la dératisation etc. Plein de petits trucs comme ça (les ST parlent à un moment de "réfugiés", curieux de savoir si c'est exactement le terme ou une francisation dans l'esprit mais avoir un héros boat-people, ce n'est pas forcément neutre dans un territoire qui est en crise démocratique pas seulement à cause de la dictature la dominant mais pour les bouleversements liés à l'afflux de population continu, illégal autrefois, légal aujourd'hui mais n'arrangeant pas l'accès à l'emploi et à l'immobilier).

C'est alors que j'ai adoré ce passage d'un réalisme over-the-top à un fantastique de plus en plus assumé avec ces pouvoirs, ces manifestations d'esprits du passé, tout ça dans un crescendo très bien géré.
Avec quand même une rupture, la scène de la Boulette devant le corps (et la vengeance qui s'en suit, jouant sur un fragile équilibre de la naissance d'un groupe de héros autour d'un lynchage).
À partir de là, on n'est vraiment plus dans le film de gangster mais dans la chevalerie.
Avec tous les délires ensuite de trahison, de code de l'honneur.
Vraiment super bien géré, surtout grâce à la galerie de persos tous plus stylés les uns que les autres. Le méchant et ses sbires avec leurs dégaines sont à la fois des démons et le grotesque 80s.

Alors reste cette frustration de ne pas voir inclus au détour de scènes le polar HK contemporain du film (les premières armes à feu arrivent très tard et sont vite évacuées) mais la chair du film aurait voulu que ça développe encore plus de personnages pour illustrer ça.
Il aurait fallu 3h mais ça aurait pu s'appeler Il était une fois Kowloon.
On aurait aussi pu s'attendre à de l'inclusion de philosophie d'arts martiaux mais là aussi, ça serait parti dans un méta qui aurait plombé l'ensemble.

Ce qui n'empêche que niveau action, c'est nickel. Pas vraiment de scènes qui se détachent mais quelques plans jouissifs de ci de là rendre ça excellent et m'ont ramené à mes 12 ans.
Vraiment rafraîchissant ce film qui a conscience de toute la richesse derrière le cadre sans se sentir écrasé et restitue l'esprit d'un cinéma d'exploitation à qui il rend hommage et ne fait pas le malin avec.
Ya même une touche (en particulier la guitare électrique de la BO très présente au début) de western spaghetti, ce genre miroir du films d'aventure HK.

Vraiment cette rencontre entre l'incroyable de cette cité pourtant encore là il y a moins d'un demi-siècle et ce souffle fantastique (ce réalisme magique comme déjà dit) donne un film, même si finalement ne dépassant pas l'exercice de style, à l'identité forte. Et très réjouissant, parce que ya beaucoup d'humour et de tendresse dans ce monde pourri (littéralement, ya genre 90% d'humidité et des typhons, ça devait être l'enfer de vivre là-dedans).

Oui, faut savoir que le film est sorti en salles en Chine continentale, donc a priori il n'y a rien de politiquement polémique dedans, en tout cas aux yeux de la censure chinoise (ça lui arrive de passer à côté de certains trucs, mais sur un film venant de HK je pense qu'elle est plus que vigilante car le retour de HK ds le giron du continent est tjs l'un des sujets les plus chauds actuellement : qq militants pro-démocratie ont encore été condamnés cette semaine). De toute façon on voit pas bien comment il pourrait encore sortir quoi que ce soit de contestataire de HK sur la situation là-bas désormais, puisque l'emprise du PCC est maintenant totale à la racine. A cette vision noire du HK pré-rétrocession (déjà hyper complaisante dans "Limbo" qui laisse le sentiment d'un territoire à nettoyer et que je n'avais pas du tout aimé entre autres pour cette raison) on pourrait ajouter la réplique finale du gangster qui regarde à l'horizon : "il y a des choses qui ne changeront jamais", et la rattacher à la collusion aujourd'hui actée des mafias de HK avec le PCC pour faire régner l'ordre sur le territoire (très visible durant le dernier mouvement des parapluies où des gangsters en civil ont été mobilisés pour casser du manifestant).

Sinon plutôt bien aimé le film aussi, qu'il se concentre dans cet espace réduit du bloc de Kowloon et en tire tous les avantages pour les scènes de combat (qui ont un côté jeu vidéo dans ces décors en dur qui s'assument pleinement comme décors, à l'intérieur des vues d'ensemble qui reproduisent la cité numériquement), chose à laquelle nous a habitué le meilleur du cinéma d'action hongkongais. Les persos et leurs relations sont également développés autant que possible, avec quelques nuances appréciables.