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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 09:02 
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#02 - Ce serait quoi, le système de financement idéal du cinéma français ?

Sport national s'il en est, taper sur le financement du cinéma français est l'un de ces rares rituels qui met magiquement tout le monde d'accord. Ce pays est pourtant assis sur un trône : il n'est nul part au monde plus facile de faire un premier long-métrage, les techniciens sont protégés par un régime spécial, et la France cumule à 250 films par an quand ses voisins européens se résument à un champ de ruines.

Mais il n'est pas non plus difficile de dérouler les innombrables perversions de ce système. La multiplication de films sous-financés quasiment programmés pour ne jamais avoir à se confronter à un public (et les dommages artistiques qui vont avec), le cinéma populaire laissé dans les mains désastreuses des chaînes hertziennes, un confort collectif qui n'incite aucunement à la prise de risque, et l'académisme rampant qui en découle...

Si taper c'est simple, proposer ça l'est moins : qu'est-ce qu'il faudrait changer ? Si le système en place est si pernicieux, par quoi peut-il être complété, ou remplacé ? Y a-t-il un modèle étranger partiellement importable ? Comment souhaiter ramener un peu de risque et de tranchant dans l'économie de ce cinéma, quand on sait que cela aurait pour conséquence immédiate la disparition des Guiraudie ou des Despallières ? Comment on fait, en somme, pour que le cinéma français puisse avoir les moyens de redevenir une cinématographie forte, et pas un simple performer statistique se gargarisant du nombre de bouses qu'il produit ?


+ Si besoin : un bilan très simple (partie 1) et un plus détaillé du financement du cinéma français dans les grandes lignes, et un topic où l'on avait déjà un peu discuté du problème (mais sans s'intéresser aux solutions). Si vous avez de meilleures adresses, n'hésitez pas à les proposer.
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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 09:23 
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En ayant recours à des producteurs, des vrais, pas à des monteurs financier. Mais cela n'existe plus.

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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 09:45 
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Tom a écrit:
Comment souhaiter ramener un peu de risque et de tranchant dans l'économie de ce cinéma, quand on sait que cela aurait pour conséquence immédiate la disparition des Guiraudie ou des Despallières ?


Je te trouve bien sûr de toi.
La particularité du cinéma de Guiraudie ou des Pallières ne réside pas dans son financement. Je ne vois pas en quoi un système différent entraînerait leur perte ? Est-ce qu'on a déjà vu des artistes arrêter de pratiquer leur art avec leur sortie du circuit traditionnel ?


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 09:57 
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Tetsuo a écrit:
En ayant recours à des producteurs, des vrais, pas à des monteurs financier. Mais cela n'existe plus.

Noony va aimer :D
Mais si c'est le cas, c'est le symptôme d'une configuration qui ne les rend plus nécessaires non ?

J'ai le souvenir, en stage dans une boîte de prod lors de mes premières années de fac, d'un stagiaire sorti de je ne sais plus quelle formation... Un truc audiovisuel, ou même purement économique, peut-être ? Mais bref, il était clair que ce connard (parce que c'était vraiment une ultra-grosse merde) n'en avait rien à foutre du cinéma. Les Chtits étaient sa référence, "parce que ça marche", et il n'avait même aucune idée de ce qu'il pouvait exister à côté. Par contre il était formé pour toutes les questions de productions : il était tout prêt à l'emploi. Ça m'avait un peu marqué : je me demande s'il était l'exemple de toute une série de prochains producteurs formés uniquement sur des questions économiques, sans le volet cinéma. Mais c'était peut-être juste un cas unique.

Marlo a écrit:
Je te trouve bien sûr de toi.
La particularité du cinéma de Guiraudie ou des Pallières ne réside pas dans son financement. Je ne vois pas en quoi un système différent entraînerait leur perte ? Est-ce qu'on a déjà vu des artistes arrêter de pratiquer leur art avec leur sortie du circuit traditionnel ?

Je pense que l'un comme l'autre gagneraient à aller faire des projets davantage produits, car une partie des défauts de leur cinéma tient aussi à cette auto-indulgence que permet un cinéma sans public, ou l'absence d'un vrai producteur. Mais si le Guiraudie post L'inconnu du lac arriverait sans doute à tourner dans un système de financement plus violent, quand est-il de ces deux cinéastes à leurs tous débuts ? Ils seraient comme tu dis réduits à la clandestinité, et je ne sais pas s'ils seraient alors capables de "pratiquer leur art" correctement. Le cinéma n'est pas l'écriture d'un bouquin, on peut certes toujours reconfigurer le geste artistique en fonction des contraintes mais il arrive à un moment où la technique pose une limite nette. Ou alors on rêve du fait que les meilleurs cinéastes nationaux en soient réduits à jouer avec une caméra DV, sans chef-op ou équipe déco, sans acteurs corrects, tournant des films d'1h30 en 5 jours... Ça m'excite moyennement.


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 10:08 
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On peut aussi considérer que le financement actuel est un frein à des financements alternatifs type crowdfunding et au mécénat.
Le jeu vidéo, qui n'est pas coincé là-dedans, mais qui s'est retrouvé un jour étouffé par la puissance des grands studios et leurs fonds illimités, s'est naturellement tourné vers le jeu indé qui est devenu un vrai contre-pouvoir, si je puis dire. En France, en faisant cohabiter de force tout le monde, on empêche des alternatives de naître et on reste dans un univers qui sera toujours régi par les puissants et qui ne donnera jamais la voix aux "marginaux", enfin, sauf à la cérémonie d'ouverture de Cannes ou aux Césars, pour leur faire plaisir, pour leur donner l'illusion qu'ils comptent encore.
La sortie de ce monde là pour Guiraudie et compagnie n'est pas une nécessité pour moi (ok, il y a un manque d'argent, mais il y a pire en France quand même, c'est pas le sujet le plus important), mais ce serait une bénédiction.


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 10:14 
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Mais tu penses à quels (types de) cinéastes, dans tes marginaux ?

La comparaison avec les indés en JV est un peu fragile, parce qu'elle correspondrait grosso-modo à notre nouvelle vague... Un pouvoir total, un contre-pouvoir qui naît. Ces films "contre-pouvoir" existent déjà depuis des décennies, ils ont simplement été pris en charge. Bien, mal, là c'est justement toute la question.

Et je reste un peu circonspect concernant le crowfunding. On a un exemple de long véritablement marquant qui ait été financé uniquement de cette façon ? C'est possible en théorie, je suppose, mais j'ai toujours un peu trouvé bizarre de se retrouver dans une position où l'on doit faire état de son projet (et en rendre des comptes) à des centaines de personnes.


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 11:00 
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Antichrist
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Comme souvent je trouve le système français théoriquement très intéressant, mais souvent détourné par la pratique. Disons qu'il place de façon perverse au centre de son réacteur nucléaire, des gens qui ne cherchent pas à mettre dans les salles le meilleur film possible mais celui qui permettra - comme la dit cyniquement Le Lay - à vendre du temps de cerveau disponible.

Je ne changerai pas en l'état le système de financement français.

Je changerai l'audiovisuel public. C'est lui, qui à mon sens, est le plus grand fiasco culturel français depuis plus de trente ans. On parlait de la BBC hier, et de la qualité de ses séries, à quelques exceptions près - je trouve que ça s'améliore un peu - qui est capable de me citer une production France télévision ? Arte avec des moyens beaucoup plus limités, parvient à financer du cinéma d'auteur et des séries originales, pourquoi France Télé avec 15 fois plus de moyens finance des produits fades et sans saveur ?

Je me souviens que France Télé avait communiqué sur le retour du théâtre en prime-time pour mettre... la pièce avec Bernard Tapie à 20h30.

Si on avait un audiovisuel public de qualité - je parle essentiellement de la 2 et de la 3, je trouve France 4 et France O pas si mal -, on pourrait oser des films plus "difficiles" d'accès à une heure de grande écoute. Quand tu vois, avec le recul, la programmation des Dossiers de l'écran, tu te demandes où est passé cet esprit de discuter des films.

Ce soir, France 2 diffuse pour la 25e fois Le Cinquième élément, quelques jours avant Lucy. A qui profite le crime ? Pas à la chaine, il n'y a plus de pubs après 20h30 (bon l'audience globale de la chaine est importante pour le marché pub, mais bon).

Vous avez la liste des prods de France 2 pour 2014 ici:
http://www.france2cinema.fr/nos-productions

(j'ai la flemme de calculer l'âge moyen des réalisateurs produits, mais on remarquera la prise d'audace folle de nos amis de France 2).


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 12:28 
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Serial Modo
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Tom a écrit:
Tetsuo a écrit:
En ayant recours à des producteurs, des vrais, pas à des monteurs financier. Mais cela n'existe plus.

Noony va aimer :D


ouais je le prends aussi pour moi.

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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 15:49 
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Karloff a écrit:
Si on avait un audiovisuel public de qualité - je parle essentiellement de la 2 et de la 3, je trouve France 4 et France O pas si mal -, on pourrait oser des films plus "difficiles" d'accès à une heure de grande écoute.

Je trouve qu'on contourne un peu le problème : le souci n'est pas tant que le public refuse de voir des films difficiles en prime time, mais qu'il accepte de voir des films merdiques. Effectivement, les chaînes sont une grosse part du problème, mais c'est aussi parce qu'on leur laisse le champ libre. Pourquoi le cinéma français n'est-il pas capable de produire des films accessibles ET bons ? Peut-être parce que chacun est content dans sa case (sortez vos bouses qui nous permettrons de donner l'avance sur recette à ce film pour 5000 spectacteur), peut-être parce que le système a été mal pensé sur ce point et que la télévision est une condition sine qua non pour le financement des films à gros budget. Je ne sais pas.

Je ne veux pas dédouaner le public de toute responsabilité, mais si en face des Vacances du petit Nicolas tu avais une comédie avec enfants mille fois meilleure, Tirard ne serait pas si facilement réengagé sur la prochaine prod. Comme le disait Ferran à un moment, l'absurdité, c'est qu'on rappelle Jean-Paul Salomé sur un gros budget alors même qu'on son précédent film s'est foiré au box-office...


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 16:36 
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Antichrist
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Sur ce point, il faut différencier l'audiovisuel public de l'audiovisuel privé. Que le privé cherche à mettre le film qui fera le plus d'audience à une case donnée, je trouve ça logique, mais le public... A quoi cela sert-il de faire 18% d'audience si c'est pour donner de gros salaires aux animateurs style Nagui ou Ruquier et de perdre de l'argent ? Il faudrait pour "éduquer" le public proposer des cases précises: un premier film en prime time par semaine, un film européen, des débats, des rétrospectives. Bien sûr, il y aura toujours une part de subjectivité sur ce qu'est un bon film. Mais là ce que produit France 2 fait sacrément peur: des films de vieux auteurs déjà établis - chaque Loach et chaque Dardenne, des téléfilms déguisés - Avis de Mistral, la Ritournelle etc etc... Quant à Ferran, elle dénonçait le système quand il était contre elle, je ne suis pas sûr qu'elle peste aujourd'hui contre la présence de France 2 au budget de son échec industriel Bird People.

Pour Salomé, on ne peut parle pas comme ça du patron d'Unifrance, voyons.


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 18:05 
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On pourrait te répondre que le service public est au service de son public, qui veut un certain type de cinéma, etc. Dans l'absolu je suis d'accord avec toi bien sûr, mais je continue à penser que dans l'affaire, le public n'est pas tant un problème, qu'un symptôme qui nous donne la température de la sanité du système de production/distribution.

Pour prendre un exemple hyper exagéré et déformant, il est plus sain que le public boude les séries françaises pour les séries US, pour amener (mais avec quelle lenteur !) à la production d'essais un peu plus concluants comme Les revenants et cie, que d'obliger ce même public à regarder Julie Lescaut jusqu'à la fin des temps pour "l'éduquer".

Bien sûr, programmer Guiraudie (pour reprendre cet exemple), ce serait pas programmer Lescaut, la comparaison a ses limites. Mais j'ai l'impression que le problème général de ce système de financement (qui a par ailleurs, je le répète, bien des qualités) ne pourra être réglé tant qu'on ne se posera pas la question des conditions nécessaires à un cinéma grand public (populaire, spectaculaire) de qualité.

Sinon je savais pas pour Salomé, tout prend sens :D


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 21:43 
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Vous dites de la merde, Mass, ramène Wave ici qu'il leur explique.


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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 23:27 
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Le quoteur fou
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Tom a écrit:
Y a-t-il un modèle étranger partiellement importable ?

Le cinéma français n'a peut être qu'une alternative : mourir ou perdurer avec son fonctionnement actuel pitoyable. Le déclin d'autres cinémas nationaux ne laisse pas beaucoup d'espoir. Mais comme je suis l'optimisme fait homme, je persisite à rêver à de meilleurs scripts. Ca ne me semble pas si dur d'écrire de meilleurs films sans flambée des coûts. Après tout, faire mieux que ce qui est actuellement à l'affiche (sans parler de ce qui n'y arrive jamais), ça ne place pas la barre très haut.
Je parle de l'écriture parce que a) je pardonne assez facilement les autres défauts, les défauts formels des films français. Eclairages, découpage, bande son. Et b) il ne semble pas impossible de réorienter 90% du système actuel d'aides vers des aides à l'écriture. Si ce nouveau système de financement accouchait d'une dizaine de bons scripts par an, je ne doute pas que les bébés seraient rapidement adoptés. Avec un vrai potentiel d'entrées, les structures de production adhoc entreraient dans la danse.
Le cinéma ferait plus d'entrées avec beaucoup moins de films et ces films seraient élaborés selon un processus connecté avec les goûts du public.


PS : D'un autre côté, il est tout à fait possible que ce fantasme soit une belle connerie complètement impossible à mettre en oeuvre.

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MessagePosté: 03 Aoû 2014, 23:43 
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C'est pas tant une question de fantasme irréalisable, que le fait que le problème ne réside probablement pas là. Les aides à l'écriture existent déjà - à quel degré, je ne sais pas précisément (ça doit être sur le site du CNC), mais c'est en tous cas déjà financé, et je ne suis pas sûr qu'en renforcer la somme ait une conséquence si spectaculaire que cela : on se retrouve quoiqu'il arrive dans un canevas de production semblable, où le résultat est déterminé par ce dont une chaîne a besoin ou pas, où la qualité dépend du fait qu'un système la rend économiquement vitale ou pas, etc.

Bon, je suppose que les scénaristes, parents pauvres du cinéma français vu l'histoire cinématographique du pays, ne verraient pas dans l'augmentation de leur aide (ou la valorisation de leur statut) un luxe inutile. Mais la qualité d'un cinéma national, quitte à paraître sectaire, ne se mesure pas au talent de ses scénaristes, ou ne peut en tout cas s'y résumer.

rotary [Bot] a écrit:
Le cinéma français n'a peut être qu'une alternative : mourir ou perdurer avec son fonctionnement actuel pitoyable.

Mais là est tout le problème, justement : sur le plan de la production, le cinéma français ne va aucunement mourir. Il fonctionne très bien, à absolument tous les niveaux et pour les films les plus différents, il n'est pas du tout en déclin malgré les difficultés passagères. C'est bien là ce qui le rend irréformable : comment changer un système qui contente tout le monde ? D'un point de vue économique, c'est du sabotage... Alors on est pas à l'abri d'une sorte d'éclatement de bulle j'imagine, mais le système est ainsi fait que plus le public lambda va voir en masse des films merdiques calibrés pour le primetime au ciné, plus on peut financer les films les plus confidentiels. À ce rythme, évidemment, on est loin de voir venir une volonté de rupture...


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MessagePosté: 04 Aoû 2014, 00:43 
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L'impertinent pertinent
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Localisation: Previously on Premiere
Moi je n'arrive pas à comprendre les étapes pitch / synopsis / séquencier / scénario dialogué.

Je ne comprends pas l'intérêt de ce type de développement, je trouve que ça appauvrit considérablement les idées (ça favorise les bons pitchs qui ne tiennent pas la route, ou les synopsis qui ne tiennent pas leurs promesses). C'est vraiment très mal branlé, le développement.

Quand c'est un projet personnel que tu apportes à un prod, je comprends qu'il faille montrer patte blanche et lui faire la danse des étapes, bien que tu ais tout intérêt à avoir le script dialogué terminé, au cas où il veuille se faire une idée précise.

Mais quand ce sont les prods eux-mêmes qui te balancent un pitch à déblayer, pourquoi se farcir les étapes intermédiaires ? Si ce n'est pour perdre du temps, gérer la thune en escaliers pour pouvoir se désengager à tout moment...

Moi je suis scénariste, et je demande qu'une seule chose à un prod : qu'on valide un pitch ensemble, et qu'il me paie trois mois de travail. Ensuite je reviens vers lui avec une V1, une vraie proposition, et des choix cohérents que je suis en mesure de défendre. Et là il pourra vraiment statuer de l'intérêt du film, de l'entreprise, budgéter le truc et tout.

Parce que demander à un auteur de bosser sur un sujet, et lui demander comme première étape un synopsis de 10 pages, ça ne présage en RIEN de la qualité rédactionnelle, ou structurelle du film final. Et pour un auteur, résumer un film en 10 pages, faut déjà avoir réussi à le visualiser dans sa tête. Et pour le visualiser et avoir parcouru plein de fausses pistes, il faut écrire.

Donc en somme, on te demande un résumé d'un truc que tu n'as pas écrit... ni imaginé de fond en comble... c'est débile. C'est de l'appauvrissement dès la conception. C'est la foire aux clichés. La bonne méthode, c'est celle de Rocca avec Rochant sur Les Patriotes. Je te paie une piaule pendant 6 mois, je te donne accès à tous les bouquins que tu veux pour te rancarder, et tu reviens avec une V1 solide qui ressemble au pitch sur lequel on s'est mis d'accord. Si c'est naze, j'ai perdu 5.000€, c'est pas grave. Si c'est bien, je t'achète les droits du script 25.000€ et on pars sur des bases solides : un sujet fouillé, un scénario construit, un budget précis.

Or c'est pas du tout ce qui a lieu actuellement... c'est tellement mal branlé que ça donne envie de produire des auteurs soi-même, plutôt que d'écrire sur tel ou tel sujet.

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Dernière édition par Z le 04 Aoû 2014, 00:45, édité 1 fois.

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