Forum de FilmDeCulte

Cette fois, on pourra enfin parler du film et non de sa distribution.

Alors, le petit dernier de Soderbergh suit tranquillement son chemin vers un minimalisme épuré, presque ascétique, qu'on ne peut pas vraiment comparer à ses autres expérimentations plus brouillonnes. Au premier abord, Bubble est un film apparemment très simple, décrivant en Scope et en HD les gestes quotidiens de quelques ouvriers d'usine, notamment la complicité entre un plutôt beau mec et une femme mûre, grosse et moche. Et puis une charmante fille débarque et les choses vont bientôt déraper... Au détour de quelques scènes à priori insignifiantes, Soderbergh parvient à faire naître une inquiétante étrangeté de cet univers tellement anodin, tellement banal, et en même temps déshumanisé (ah la métaphore des poupées), comme si une bulle attendait d'éclater.

Le problème de Bubble, c'est qu'il n'est pas un mauvais film en soi, mais il ne présente pas grand-chose de vraiment neuf. Le mal-être et l'ennui des pauvres gens, on a déjà vu ça dans le cinéma d'auteur européen, souvent en plus captivant et plus profond. Certes, Soderbergh fait preuve d'une certaine justesse, ne souligne rien, n'appuie rien, mais malheureusement, on devine bien trop vite ses intentions. Du coup, le dernier tiers, qui décrit une enquête policière, semble finalement assez vain, et l'épilogue est maladroit. Mais Bubble mérite un p'tit coup d'oeil, ne serait-ce que pour sa peinture réaliste de l'Amérique profonde, son ambiance intrigante, sa sècheresse et sa manière de nous dire les choses en sourdine. Un virage à 180 degrés peut-être un peu trop calculé mais en tout cas cohérent pour notre sosie préféré de Mufti de se ressourcer, après s'être souillé dans la luxure et les partouzes de stars.

3-4/6

Très belle surprise, émouvant, très juste, modeste mais pas misérabiliste... Ca surprendrait de trouver Soderbergh ici si je n'avais pas vu K-Street, dont on retrouve le dispositif esthétique (avec caméra en retrait et scènes semi-improvisées).

Beaux portraits humains, dans leur simplicité comme dans leur médiocrité, et p-ê le film américain le plus subtilement politique de l'année.

4-5/6

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bonne petite surprise également, très juste, près des "pauvres gens" (anonymes non acteurs mais qui sont d'une justesse rare) - comprendre des employés d'usine d'une petite ville paumée qui n'ont pas fait d'études et se font royalement chier dans la vie - et pourtant en effet ce n'est ni glauque ni misérabiliste; la manière dont c'est filmé a un côté Striptease (l'émission), on croirait plus de la "télé réalité" qu'un film (en plus il ne dure que 1h13), d'ailleurs j'ai pas trop cherché mais est-ce que ce ne serait pas une "reconstitution" d'un fait divers ?
à noter qu'il est sorti en salles en même temps qu'en DVD et VOD (et que la tagline était Another Steven Soderbergh Experience)
3-4/6

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Janet

Au moins Soderbergh obtient quelque chose de ses comédiens (surprise de voir que ce sont des amateurs).

Mais à part ça, quel ennui, l'histoire sonne le déjà vu, et le ton adopté, à 2 de tension, tue catégoriquement la quelconque ambition du film. L'impression de retrouver le Soderbergh d'A fleur de peau, mais sans fioritures, et du coup, sans pesanteur.

Ca dure 70 minutes, c'est plus long qu'un film de 3 heures.

1/6, déception totale, vu que j'adore Soderbergh en général.

Avec le Soderbergh récent, on a le cas typique du réal qui va s'investir dans toutes sortes de projets sans à priori. Si l’exécution peut souvent réserver son lot de surprises, ce Bubble parait plutôt assez lisse et dépasse rarement la sensation du petit film improvisé à la va-vite à l'époque pour lancer la formule du distributeur Magniolia Pictures (la VOD et sortie limitée).
Passé la mise en place intriguante dans la mise en scène et la relative fraicheur de la HD, via la découverte de ces décors rednecks déserts et silencieux, de ses mobilhomes éthérés, de l'usine, le film semble ensuite un peu éventé par sa non intrigue-policière, et par la facture très factuelle qui ne sied pas très bien je trouve au style du cinéaste... Le tout accompagné de petites touches oniriques grossières. Un petit dispositif donc, mais après, ce n'est jamais pédant, arrogant, et les acteurs sont plutôt bons... mais il y a le sentiment d'un film paumé dans son minimalisme même.

C'est le film qui m'a fait lâcher Soderbergh. L'impression du réal qui fait un nouveau projet comme on essaie une nouvelle chemise, comme on s'emmerde, qui se fout au fond de ce qu'il raconte, qui se contente de vaguement patouiller son sujet avec quelques expérimentations gratuites... Je hais ça.

Je n'avais pas envie d'utiliser le cliché du jazz, mais bon on ne reproche pas ça partout non plus.

Ce qui pose problème c'est que c'est clairement un réal intellectuel et formaliste, même dans un film comme Magic Mike, et que ce film et ces personnages n'appellent pas du tout cette approche. Limite c'est le moment le plus sec et neutre au milieu, qui est le pic du film... passé l'univers et la manière dont ces personnages s'observent, ensuite il n'y a plus rien, la bulle est éclatée (ah ah). Limite on se sertait contenté de ça le film se serait tenu sur quelque chose, mais il tente du plus psychologique/onirique avec le personnage de Martha, et c'est totalement raté. Soderbergh essaye d'entrer dans sa tête comme lors de la scène à l'église, et il n'y a pas la place chez lui pour ça.
Réalisé par Alexander Payne je crois que ça m'aurait horripilé ceci dis, là ce n'est pas le cas.

Découvrir ce film si peu de temps après Présence met en évidence les similitudes entre les deux œuvres. Il était déjà question ici d'un récit délibérément réduit à sa substantifique moelle dramaturgique - la jalousie d'un non-triangle amoureux dans les faits et le portrait d'une misère sociale dans le fond - et d'une esthétique en accord, tout aussi dépouillée et dans la même ambivalence entre un regard objectif et un point de vue subjectif.

En cela, le choix de tourner en numérique des plans fixes d'acteurs amateurs statiques dans le cadre est approprié, conférant un naturalisme documentaire à son portrait, notamment dans les scènes à l'usine de poupées qui demeurent chargées d'un sous-texte fort (avec ces visages qu'on façonne, ces corps qu'on assemble, cette dissonance cognitive entre un symbole de l'enfance et une activité d'adulte dans ce qu'elle a de plus déprimante).

Mais on va pas se mentir, même sur 77 minutes seulement, c'est pas vraiment passionnant. Dans le dernier tiers, avec l'interrogatoire, j'ai pensé aux scènes similaires qu'on peut voir dans les documentaires true crime, avec les mêmes "vrais gens de la vraie vie", de l'Amérique profonde ouvrière, grosse et moche, et c'est loin d'être aussi haletant (ça ne le cherche pas, cela dit) ou édifiant.

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