Forum de FilmDeCulte

aka The Insider



George et Kathryn Woodhouse sont un couple d'agents secrets. George reçoit une liste d'agents susceptibles d'avoir trahi la nation. Le nom de Kathryn figure sur la liste.

Je crois que j'ai été séduit dès la toute première scène.
Un plan-séquence suit longuement de dos l'agent interprété par Michael Fassbender en mode Harry Palmer depuis une rue londonienne jusque dans une boîte de nuit, jusqu'à ce qu'il retrouve quelqu'un et l'emmène dehors afin qu'il énonce d'emblée le postulat : quelqu'un a volé un truc, il y a une liste de suspects, sa femme en fait partie.

David Koepp, qui retrouve donc Soderbergh après Kimi et Présence, est parfaitement conscient des conventions et non seulement il annonce d'entrée de jeu qu'on se fiche de l'objet du vol - le "truc" susmentionné est clairement un McGuffin - mais il se passe même d'une exposition classique, préférant tout révéler directement dans l'action et ce, dès la scène suivante qui m'a laissé croire un moment que le film allait être un quasi-huis-clos agathachristien. Et ce n'est pas un hasard si les scènes de confrontation se situent non pas dans des boîtes de nuit VIP dignes du glamour d'un Bond mais dans la salle à manger du couple principal.

Car il n'y a pas un mais trois couples dans cette intrigue, qui se distingue donc de Mr & Mrs Smith et surtout Alliés auxquels on pense inévitablement, et si l'écriture déroule tous les codes du thriller d'espionnage, c'est bien entendu pour mieux parler du couple.
En gros, c'est un peu sexe, mensonges et surveillance par satellite.

Les films de Soderbergh parlent souvent, plus ou moins ouvertement, de relations sentimentales et notamment comment les occupations de chacun sont parfois un obstacle dans la possibilité de nouer un lien avec autrui. Haywire était déjà un film d'espionnage sur la question. Black Bag semble quelque peu converser avec ce précédent exercice, jusque dans le casting de Fassbender non plus en ersatz traître de Bond mais en nerd droit de bureau dévoué à sa femme.
Utiliser ce genre et ses thématiques pour traiter, sans même le couvert de la métaphore, de loyauté et de confiance en amour a quelque chose d'évident, bien que toujours efficace, mais le film parvient toutefois à surprendre par certaines tournures du récit pour parler non seulement du couple mis à l'épreuve du travail et d'autres devoirs mais aussi soumis au regard des autres et à leur jalousie.

Au bout du compte, bien qu'il passe par des scènes de tension où l'on espionne en cachette ou d'autres où l'on discute avec quelqu'un la main sur un flingue caché au cas où, il semble évident que le film se moque des rouages du genre et n'a d'yeux que pour son sous-texte, préférant le mini-jeu de massacre où l'on confronte son couple à celui des autres.

Et Koepp rend ça ludique tandis que Soderbergh s'assure que ce soit racé.

Une décennie de films insignifiants puis deux bons films dans la même année. Incroyable.

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c'est visible ou ?

Au cinéma le 12 mars.

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Oh !