Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 17 Nov 2024, 16:31

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 33 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3
Auteur Message
MessagePosté: 13 Sep 2017, 08:41 
Hors ligne
tape dans ses mains sur La Compagnie créole
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 28 Juil 2005, 10:08
Messages: 22722
Localisation: 26, Rue du Labrador, Bruxelles
Lohmann a écrit:
Blissfully qui met 1/6, soit la même note que Grave, c'est clairement un gage de qualité

Mais arrêtez, on s'en fout de ce qu'on aime à côté ou pas, ça n'a rien d'étonnant qu'un film comme celui-là divise, et c'est pratiquement imprévisible de savoir si on/untel/ou untel va l'aimer ou pas..

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 17 Oct 2017, 00:04 
Je suis assez rétif à l'univers de Barbara (le seul chanteur de cette génération qui me touche vraiment est Nino Ferrer, pour son masque d'humour volontairement mal posé devant une énorme mélancolie, et la tentative de voir dans le rock, versant hendrixien-progressif un salut qui à la fois exprimerait franchement cette mélancolie et la dissolverait. Je suis plutôt tendance "Arbre Noir" qu'"Aigle Noir". Ceci dit les meilleurs textes de Ferrer rejoignent un peu ceux de Barbara, comme "la Rua Madureira" ).
Et les films tournant sur la quête amoureuse obsessionnelle (mais où l'obession revient comme un bilan) d'une femme ne sont pas trop ce dont j'ai besoin en ce moment.
J'ai eu parfois l'impression qu'Amalric se prenait pour Orson Welles dans Citizen Kane, ce qui n'était moyennement intéressant (cela desservait aussi le propos, réduisant indirectement Barbara-Balibar une starlette soumise à un démiruge, comme la maîtresse criarde de Hearst), et finissait par ressembler, plutôt qu'au "Procès" ou "F comme Fake" à un truc intermédiaire entre une pub Cacharel et les romans d'Aragon du style "Blanche ou l'Oubli" (d'ailleurs proche dans l'esprit du film d'Amalric, où la liturgie de la culture et des mots absorbe l'actualité : la niant et mêle temps en témoignant : génocide indonésien chez Aragon, guerre en Yougoslavie chez Amalric). J'ai été moyennement touché par la nostalgie fétichiste pour les années 1970, même si elle est mise en abyme comme une des intentions du film que le réalisateur est impuissant à figurer selon ses vœux .
Par contre le film (surtout au début), avec son appartement-dispositif et ses plans séquences m'a fait beaucoup penser à "Femmes Femmes" de Vecchiali (découvert récemment, ce qui favorise peut-être abitrairement ce rapprochement), comme si Balibar jouait à la fois le personnage d'Hélène Surgière et celui de Sonia Salviange, avec quelques déplacements (la mère remplace l'amante-double, la caméra est montrée dans une situation qui rappelle les photos de plateau du Vecchiali), ce qui recelait plus d'enjeu.
Déplacements : chez Vecchiali, les actrices n'arrivent pas à percer, mais s'aiment (et font de cette amour à la fois une oeuvre, un artifice, en même temps qu'un sentiment pur et compatissant) et finalement meurent. Barbara au contraire est reconnue, mais fait, elle, de l'amour un contenu culturel au prix de la solitude (l'espèce d'égocentrisme poétique de Barbara, même s'il est vécu comme un sacerdoce sincère et une liturgie qui contraint à une honnêteté existentielle quasi-métaphysique , est vertigineux et effrayant), comme si ce type de solitude était un engagement qui
remplaçait à la fois l'espace social et la mort. La fin du film est vertigneuse : Barbara-Balibar sort de l'appartement, rejoint l'envers du décors, mais au contraire de "All that Jazz" (aussi une source d'inspiration possible d'Amalric, sorte de version germanopratine de Bob Fosse, déjà dans "Tournée") ou de "Femmes Femmes" la représentation continue, ne s'épuise pas mais ne se développe pas non plus. Elle se maintient identique à elle-même, la mort ne survient même pas, la figure de la fidélité constante à l'ex remplace celle du deuil. Le spectacle est le lieu d'une depense qui ne s'épuise jamais. L'envers du décor et la déclaration face caméra (à Amalric) correspond exactement à la mort de Sonia Salviange dans "Femmes femmes" .
Chez Vecchalli, la mort est une forme de retour du "réalisme" du jeu social (ou a en tout cas la même valeur que le social) dans le lieu protégé de l'amour, l'appartement barricadé (équivalent féminin de la garçonnière de Des Esseintes), elle fait suite d'ailleurs à la seule scène d'extérieur (où la rue s'avère encore plus folle et décadente que les deux femmes). Mais chez Amalric l'horreur reste mise à distance , mais avec elle la compassion et l'humour aussi : il n'y pas de cris comme ceux de Surgère quand son amie agonise, mais une extinciton contrôlée (de voix), qui se laisse filmer sans déchirure : en fait le bon goût remplace la mort, la culture est une souffrance, ainsi qu'une offrande de soi, sans scandale, elle-même prise dans une stratégie de reconnaissance; Barbara est filmée comme un être éminemment distingué, qui échappe à la critique sociale par le fait d'être perpétuellement en représentation, et de ne rien taire, comme si le silence était déjà une réduction à un affect de classe, potentiellement critiquable). Le film semble fermer l'amour sur lui-même, le décrire comme un surplace et une tautologie, emplie de jouissane inépuisable amère et lucide, sans possibilité d'oubli et en un sens pire que la mort. Il arrive parfois à émouvoir, mais comme un souvenir de ce qui sur le moment, n'avait jamais été perçu comme un sentiment (l'altérité amoureuse est mise sur le même plan qu'un fait culturel : l'idée qu'un adolescent se fait de la culture, comme horizon) plutôt qu'une rencontre.

Après il y a des passages gênants, parfois touchants (la scène de resto route kitscho-post-Alain-Cavalier-téléramo-erotico-batailienne, où le personnage tombe un peu le masque, sans être trop typé, finalement assez poétique et fantasmatique, même si le typage des gars du peuple qui ne sont pas le public de Barbara, mais parfois son inspiration, est lui problématique) parfois carrément lourdingues (Balibar qui marche à côté d'une Audi A8 entre le Quai Voltaire et Notre-Dame dans la lumière bleue du petit matin en disant "laissez moi seule" en anglais). Les scènes avec l'assistante tyrannisée, muette mais contente d'être essentielle et exhibant le disque de projecteur comme un morceau de pouvoir, à la façon d'un bedeau serrant une future relique, sont elles aussi gênantes.

J'ai bien aimé le générique, entre poésie godardienne et gimmick à la Saul Bass, partie intégrante du film et de l'absorption de Barbara par Balibar.

3.5/6


Dernière édition par Gontrand le 17 Oct 2017, 20:21, édité 4 fois.

Haut
  
 
MessagePosté: 17 Oct 2017, 19:15 
Hors ligne
Petit joueur

Inscription: 19 Sep 2017, 15:12
Messages: 34
Gontrand a écrit:
et de l'absorption de Barbara par Balibar.


en parlant d'absorption, quand y en a marre y a balibar

c'est un peu tiré par les cheveux


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 33 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Tournée (Mathieu Amalric - 2010)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Karloff

30

5598

21 Juil 2010, 18:53

Baptiste Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Torpédo (Matthieu Donck, 2012)

karateced

13

1239

28 Mar 2012, 10:34

Cosmo Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Serre moi fort (Mathieu Amalric, 2021)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2, 3 ]

Abyssin

33

2685

29 Mar 2024, 23:42

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Un illustre inconnu (Matthieu Delaporte - 2014)

Karloff

0

1449

21 Oct 2014, 21:59

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. La Chambre Bleue (Mathieu Amalric - 2014)

Z

13

1922

24 Aoû 2021, 16:40

bmntmp Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Joann Sfar (Dessins) (Mathieu Amalric - 2010)

Zad

0

1656

07 Sep 2010, 00:28

Zad Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Le comte de Monte-Cristo (Matthieu Delaporte & Alexandre De La Patellière - 2024)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

FingersCrossed

21

1302

03 Nov 2024, 23:31

Mr Degryse Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ava (Léa Mysius, 2017)

Art Core

11

2243

04 Juil 2017, 18:37

Donut78 Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Haroo (Cho Sun-ho, 2017)

Mr Degryse

1

266

14 Juin 2023, 11:06

Déjà-vu Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. xXx Reactivated (D.J. Caruso, 2017)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Film Freak

24

3082

21 Jan 2017, 17:36

Le Cow-boy Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Google [Bot] et 7 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web