Forum de FilmDeCulte

Il a pas les baloches de faire ta critique.

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Netflix les gars, Netflix.

Si les bad guys du MCU étaient jusqu'à présent relativement faiblards et cet univers plutôt frivole, c'est peut-être parce que le seul but de ces films était de livrer une introspection de leurs héros (entre complexes œdipiens et narcissiques) sans qu’un élément extérieur ne vienne entraver cette démarche (le méchant renvoyant souvent le héros à sa part d'ombre). Avant d'affronter un ennemi, les héros Marvel se confrontent d'abord à eux-mêmes. C'est ce qui leur a conféré jusque-là une dimension humaine qui me manque terriblement aujourd'hui dans les autres blockbusters (même si la dernière franchise Star Wars rattrape un peu ça, merci Mickey Marvel !), puisqu’ils ne parlent en fin de compte (avec plus ou moins de bonheur) que d’individus en quête de leur identité et d’un rôle à assumer. Mais c'était aussi, paradoxalement, la limite de ces films dont le récit était voué à se répéter dans un automatisme stylistique qui les privait d’un regard vers l’extérieur, d’un horizon qui n’était pas le leur. Du coup, cet univers n'évoluait qu'à coup de crossovers qui aboutissaient avant tout à une guerre d'égo, soit la recherche d’un horizon commun difficilement tenable voire même, comme dans Civil War, totalement inconciliable.

Avec ce film-ci, les choses changent. Pas parce que Marvel sortirait de sa zone de confort (on est vraiment en terrain connu), mais parce que soudainement, un nouvel horizon s’impose brutalement aux personnages, totalement extérieur à leurs petits conflits identitaires, faisant voler en éclat leur égocentrisme et rendant leur propre horizon dérisoire. Autrement dit, cet univers bute contre ce que j'appellerais volontiers le "réel" (un peu comme dans Black Panther, où c’était hélas un peu raté – même si cela annonce pour Marvel un virage politique plutôt étonnant), et qui est incarné ici par Thanos, l’un des personnages les plus fascinants que j’ai pu voir au cinéma ces dernières années.

Une némésis réussie, un véritable antagoniste, c'est celui qui parvient à chambouler les certitudes du héros en interpellant le spectateur. On se souvient du Joker de Ledger dans TDK bien sûr, et Marvel trouve enfin le sien avec Thanos qui, en débarquant avec un véritable souci moral et politique (qu’importe sa pertinence, c’est pas vraiment le sujet), confronte les héros Marvel à autre chose qu'eux-mêmes, cassant net la fulgurante ascension du MCU vers la légèreté dont témoignaient leurs derniers films. La meilleure illustration de tout ça, c'est bien évidemment Thor. Super kéké de film en film, jusqu'à devenir carrément bouffon dans Ragnarok où une triple castration (marteau, cheveux et oeil) ne parvenait pas à entamer sa bonne humeur, il réalise ici, face à Thanos, à quel point il est au fond du trou et combien son statut de dieu est dérisoire, insignifiant. Derrière la gaudriole, on voit alors poindre de l’amertume dans le jeu de Hemsworth (décidément parfait dans ce rôle). D’ailleurs, l’humour chez Marvel qu’on lui reproche tant, je le vois un peu comme celui de Spider-Man : une sorte de rempart qui sert à se protéger et qui traduit une certaine pudeur, un besoin d’éviter le sentimentalisme pour ne pas tomber dans le pathos. Et le malaise n’a jamais été aussi palpable derrière les vannes de ce film-ci, où le rire cache une profonde anxiété dans cette atmosphère apocalyptique qui ronge peu à peu le récit, comme si la façade "fun" ne parvenait plus à dissimuler l'angoisse refoulée.

On pourra toujours pinailler sur l'esthétique du film assez typique des Marvel lambdas (je n'ai jamais été séduit par la réalisation des Russo, d'ailleurs), sur le schéma narratif répétitif et mcguffinesque ou sur la multitude d’incohérences. Mais tout cela, dans le fond, n’a pas beaucoup d’importance devant l’incroyable générosité du film et sa façon de pousser la logique du crossover Marvel jusqu’au bout, assumant pleinement son statut de film « fan-service », entre les team-up improbables (très réussies) et l'action quasi non-stop (pas aussi conceptuelle et forte que dans d’autres films, mais truffée d’idées), et en parvenant à créer un véritable monde cinématographique qui existe de plus en plus au fil de films homogènes mais qui possèdent pourtant chacun leur singularité. Cette ambition-là n’est pas négligeable, elle permet d’injecter un peu de vie dans un cinéma qui en est de plus en plus dénué à force d’être voué au virtuel. Et dans Infinity War, elle prend une ampleur démesurée tant tout y est remis en cause par la simple émergence fordienne d'une perspective insoupçonnée. Il aura suffi pour cela d’un seul personnage, voire même d’une seule scène. Je parle évidemment de LA scène du film. On pourrait penser que le comble de l’héroïsme, c’est de se sacrifier pour sauver les autres. Mais se sacrifier quand on ne s’aime pas, comme par exemple Tony Stark à la fin du premier Avengers, ce n’est finalement pas un si lourd prix à payer. Tandis que sacrifier ce qu’on aime pour une cause dans laquelle on croit, une cause qui ne nous apportera aucun bénéfice, une cause qu’on est le seul à défendre envers et contre tous, c’est la preuve de l’abnégation ultime dont aucun superhéros Marvel jusqu’alors n’a été capable. C’est ce qui fait de Thanos un personnage à l’ambiguïté et l’ambivalence bouleversantes et de Infinity War non seulement le meilleur film Marvel à ce jour, mais carrément l’un des blockbusters les plus réjouissants que j’ai jamais vus.

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N'écoutez pas Film Freak

Bravo, tu as réussi à pondre un incroyable crossover : c'est pas la critique des Baloches et en plus c'est ton pire texte ever.


J'aimerais bien savoir quand cela se manifeste dans le film où les héros ne sont jamais confrontés à autre chose que "bon bah il va tuer la moitié de l'univers et faut qu'on l'en empêche". Qui change dans ce film? Quel personnage a un arc? Une évolution due à sa confrontation avec Thanos/le plan de Thanos?











Je suis sincèrement aussi embarrassé que devant les tweets de gars de 20 ans qui y voient "le meilleur film du XXIè siècle".

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Tetsuo en mode vendu puissance mille. Tu bosses trop mec, tu devrais relâcher la pédale

Moi je trouve que c'est un texte super chouette.
Et c'est drôle de se dire que c'est un peu le monde à l'envers : Tetsuo qui encense un blockbusters avec un gros pavé, et FF qui râle derrière en se lamentant sur la bêtise du spectateur.

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Tets a toujours été vendu aux Marvels, la seule raison pour laquelle je ne lui fais pas de gosses.

Oui ça se voit qu'il force l'enthousiasme.

C'est assez triste car c'est un mec bien mais ça se voit qu'il est au bout du rouleau et doit absolument prendre des vacances.

À force de passer ses nuits à traduire des merdes, il en a perdu toute exigence.

Excellent texte Tetsuo. Pas forcément aussi enthousiaste mais lecture passionnante.

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CroqAnimement votre

On dirait une critique que j'aurai pu écrire en mode "je me fous de votre gueule".

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Netflix les gars, Netflix.

C'est pas du cinéma, ça...

Critique intéressante, même si elle me conforte dans ma position : Marvel, c'est de la série télé.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

24 héros sur 2H40 du film. Comme le souligne Castorp, ça devient de la série TV les Marvel car là la dimension humaine avec le moitié du casting survolé j'ai du mal à la voir dans cet Avengers.


Il est où le virage politique dans Black Panther? Et ce butement contre le réel?

D'accord avec toi, après c'est le Joker de Marvel toutes proportions gardées car comparer Thanos avec le Legder de Nolan joue en sa défaveur

Vite fait.


Il faut reconnaitre aux Russos une certaine efficacité et c'est clairement les faiseurs des derniers Marvels qui m'intéressent le plus. J'aime bien le fait que ça commence pied au plancher, on rentre tout de suite dans le feu de l'action, les mecs sont assez directs et cash dans leur style, on ne perd pas de temps avec eux et c'est souvent très bien rythmé. Bon après ce sont des Yes-man qui n'ont aucune vision d'auteur, des faiseurs au noble sens du terme, mais avec un bon script ils peuvent être intéressants. Je serais intéressé de les voir sur un autre Blockbuster moins impersonnel que le sont les Marvels voir si c'est une illusion ou pas de ma part.

Ford se retourne dans sa tombe.

Entre ce genre de remarques et ta vision du jeu vidéo, faudrait que tu te décides à entrer dans le 3e millénaire.

Bla bla bla.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."