Heeeyyyy.....
Bon finalement j'aurais pas tenu une journée.
Bon, c'est toujours aussi addictif, d'une.
Pour le reste, effectivement, l'action est omniprésente. Mais ça n'a pas changé : c'est de l'action concernée, gonflée de narration, toujours avec les personnages, mise en scène sans la moindre trace de chichi ou de petit maniérisme parasite : à l'essentiel. Ces mecs savent ce qu'ils on à nous raconter, c'est de l'anti-décoratif. On sent que la patte est toujours là, intacte, même dans des séquences qui n'ont a priori plus rien à voir avec l'ancienne série (la poursuite en moto, par exemple), et à cela il faut rajouter que les éléments sont directement utilisés de manière flamboyante, virtuose et créative (quand ça avait pu mettre du temps à mûrir et trouver ses marques au long des précédentes saisons).
Les créateurs de la série se sont pas fait une fleur en transposant l'ensemble dans un monde républicain, urbain, mécanisé et électrifié. Ce n'est plus le far west quasi vide qu'on traverse avec élan, mais une accumulation de protocoles, de responsabilités, d'exposition publique et médiatique (d'ailleurs, vu l'importance donnée à la ville, on est partis pour un récit stationnaire qui explorera le décor de l'intérieur, et non pour une traversée)... Le souffle du légendaire risque constamment de s'éteindre dans un bain steampuck soudain pas très séduisant.
Dans un réflexe bien vu, ils en ont fait l'enjeu de la saison à venir. L'avatar veut échapper à ses tuteurs, moins pour voir la ville que pour regagner une certaine liberté. La transmission se fait sur une île diégétiquement aberrante, morceau de passé médiéval, sas de transition entre les deux séries comme cernée par la baie moderne - tout comme un stade ressuscite l'arène ancienne où l'on peut, encore un moment, s'affronter dans les règles traditionnelles de l'art. Enfin, le nouveau grand méchant loup est justement celui qui veut faire disparaître la "magie" des éléments, achever la mue en cours vers une normalisation générale, vers un désenchantement craint comme la mort (les combattants non-benders sont moins dangereux que super phobiques, ce qui est très bien vu).
Ça donne quelques jolies choses, notamment l'impression qu'à une vision d'enfants (partis comme "à l'aventure" avec leurs pouvoirs magiques, déflorant un monde inconnu) succède une vision d'adolescents (face à un monde non plus à découvrir mais à maîtriser, confrontés à un certain réalisme, mais aussi à des archétypes narratifs qui semblent appartenir à un autre type de série : le frère qui retombe dans les travers de la mafia, par exemple). Je ne sais pas si la série en est "consciente", mais elle nous pousse aussi peu à peu à voir les benders comme une oligarchie qui se transmet le savoir en interne, cherchant à contrer un besoin de révolution... égalitaire. Il va être difficile d'échapper à la vision politique que cela implique.
Bref, tout ceci est parfois un peu perturbant, on a parfois peur de voir la série virer vers quelque chose qui aurait définitivement un autre goût. D'ailleurs, mine de rien, pour tout de même rassurer, les éléments de la potion de base ont été conservés jusqu'à la maniaquerie : un gros animal placide qui transporte et un petit animal de compagnie nerveux, une fratrie pour compagnons (un perso responsable dont on on tombe amoureux et un perso comique qui fout le bordel), on se débarrasse vite des parents pour conserver une peau de chagrin d'aura légendaire... Ce photocopiage relève d'une petite facilité, attendons de voir comment tout ce groupe évolue.
Mais je suis conquis. Quelle ambition, quelle vie, quelle force de narration... La sensation d'être à la maison. Ça va être chaud pour ne pas éteindre la flamme dans un univers aussi normatif et étouffant, mais pour l'instant ils gèrent comme des chefs (le nombre de pièges évités, quand même !), et on est qu'à trois épisodes !