En tant qu'épisode, et même en tant que fin de saison, j'ai été plus que comblé. Le premier épisode du double finale, malgré une certaine artificialité scénaristique (on y va, on rate, on revient au QG, on y va, on rate, on revient au QG...) est une montée en puissance épique diablement efficace - la musique y aide bien, par ailleurs. Quant au final à proprement parler, je trouve que c'est une série de choix surprenants et bien vus d'un bout à l'autre, du choix de la cérémonie (complètement imprévue pour clore tout le truc) à l'épilogue très joli.
Maintenant, en tant que fin de la série Korra... Je continue à trouver ça mal foutu. Ce robot par exemple, donne l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe : de quel processus narratif courant tout au long de la série est-il l'aboutissement, en quoi est-il conclusif ? De la même façon, en quoi le duel avec Kuvira vient résoudre un enjeu général sur 4 saisons ? Celles-ci n'ont fait que dispatcher les méchants démocratiquement (un chez les non-benders, un chez l'eau, un chez l'air, un chez la terre - le feu ayant déjà donné dans
The Last Airbdender), mais Kuvira n'a pas plus de légitimité à fermer la danse qu'un autre.
On se retrouve donc avec une série qui se doit de psychologiser explicitement, par le dialogue, les différents enjeux (plutôt que de les laisser maturer d'eux-même), et si on connaît à présent assez les personnages pour adorer les voir se battre ensemble, je continue à trouver les trajets un peu fades (les deux frères par exemple, sans parler des morts anodins). Ça s'est aussi fait au prix de la disparition totale de tout autre élément (la ville inexistante, les esprits libérés invisibles) pour pouvoir recréer artificiellement la configuration en troupe / en fuite de l'ancienne série.
Reste encore la question politique. Je trouve la série assez cash là-dessus, dans le genre solution bulldozer marrante et parlante :
La décision finale du jeune Roi me semble néanmoins un peu artificiellement fermer le truc. Si la série à touillé la question politique de fond en comble, elle n'en a rien sorti d'autre qu'un "l'impérialisme et le terrorisme, c'est mal". Quid de l'oligarchie des benders, quid de inefficacité souvent décriée de la république (alors même que c'est un roi par exemple qui en situation d'urgence va assurer et sauver la mise) ?
Bref, tout ce pavé pour dire que je suis d'accord avec Sponge : les enjeux et l'ambition de cette série étaient admirables, la façon dont les saisons se répondent aussi. Mais d'un bout à l'autre, le trop peu de temps a obligé la série à ressembler à une note d'intention animée, et je vois bien peu d'éléments ayant vraiment germé naturellement dans la narration à travers les quelques 50 épisodes (Zhu Li me semblant finalement être l'une des rares exceptions). Toujours cette impression que les histoires des personnages (pourtant nombreuses - et quasi toutes laissées en plan) ont été placées a posteriori, posées au milieu d'un shéma général pré-établi (retournements géopolitique, découverte du plan du grand méchant), plutôt qu'intriquées avec, construisant l'intrigue via les personnages eux-même.
J'ai suivi cette série avec plaisir, hein, et tout compte fait les saisons 3 et 4, ayant revu les ambitions à la baisse (resserrement sur un petit groupe et peu de décors, mise de côté de la ville) sont correctes et cohérentes, fautes d'être aussi ambitieuses que les deux premières. Mais grosso-modo, je vois peu d'idées et de pistes qui n'aient pas été gâchées, et je trouve ça super dommage. Cette série avait assez d'ambition et de potentiel pour rivaliser, sans avoir à l'imiter, avec son aînée, et c'est tellement dommage qu'elle n'ait pas eu les moyens de se tracer une voie propre.
C'était en tout cas passionnant à suivre et à analyser