Forum de FilmDeCulte

Ce qui m'énerve, grosso-modo, c'est que l'univers bourgeois soit utilisé comme une arme pour accentuer l'impact de cette dégradation. Prendre un milieu frigide, glacé, soucieux des apparences, pour que la chose soit forcément une descente aux enfers.


Ça m'emmerde parce que

1) contrairement à certains de ses autres films (Caché, La pianiste...), Amour ne se pose jamais clairement en observateur de la bourgeoisie et de ses rites. Elle n'est pas questionnée d'une manière qui pourrait nous permettre un recul sur la situation : elle est un contexte (enrobant, un huis-clos), bien arrangeant pour ce cinéaste, qui en a simplement besoin pour enclencher son habituel régime de terreur.

2) Il y a toujours une espèce de prétention chez Haneke qui ici explose : comme si on avait besoin de lui pour savoir qu'on allait finir à se pisser dessus sans pouvoir parler, se dégrader devant ceux qu'on aime. La seule valeur du projet est de voir, en nous montrant cette réalité, ce qui émerge de ce choc : et bien dans ce cas ce projet est raté, car je ne m'identifie jamais à ce contexte dépourvu d'affection et pétri de rites.

Il y a toujours un système pourri chez Haneke, quelque chose du genre : "si tu veux pas voir ça tu sors de la salle, si tu restes tu es complice, pervers, et tu mérites d'être impressionné/puni" qui m'exaspère au plus haut point. A quelques détails près, le film vieillit très mal, franchement. Le Ruban blanc m'avait semblé sortir de ce système, car pour la première fois il observait l'Histoire avec un grand H, quelque chose sur lequel on pouvait prendre du recul et se pencher avec lui, sans se trouver assailli par les situations et un sentiment de culpabilité paralysant, avec pour relais un personnage apaisé (le prof) relativement extérieur aux évènements. Ça offrait de l'air, et paradoxalement ça ouvrait la voie à porter une meilleure attention aux autres personnages. Tout compte fait, sous ses airs de métamorphose, j'ai l'impression qu'avec Amour il retourne droit à la maison...

Totalement d'accord avec tout ça. Finalement les seuls moments que j'ai aimé dans cet Amour peu aimable c'est quand le cinéaste aère son récit via l'imagination de Georges: la scène où il voit Anne jouer et qu'il éteint la chaîne hi-fi (hélas spoilée dans la BA) puis la toute fin où il la rejoint. Sinon, le reste a été pour moi un spectacle affligeant, cru mais surtout creux sur la déchéance humaine. Et une palme en carton.

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The Necks : Body