Forum de FilmDeCulte

Abendland montre la condition de l’homme européen contemporain, prisonnier, de la naissance à la mort, de la structure concentrationnaire qu’il s’est lui-même construite. En une vingtaine de séquences autonomes, le film donne à voir différentes facettes de la vie nocturne.

Nikolaus Geyrhalter est un documentariste autrichien rare et virtuose dont j'avais admiré Prypiat sur une ville fantôme non loin de Tchernobyl et surtout notre pain quotidien qui démontait l'industrie agro-alimentaire comme une machinerie implacable, suite d'automatismes en panoramique. Mais ici, à cause sans doute d'une note d'intention trop ambitieuse, le manque de cohérence générale du propos vire à la prétention crâneuse. Car Gayrhalter a tendance à mélanger les torchons et les serviettes: flicage permanent sous caméras de surveillance (d'un site sensible ou d'une frontière mais aussi caméra webcam exhibitionniste d'un couple en train de baiser), le conditionnement indabox (d'une couveuse pour nourrisson comme d'un cercueil pour crémation), tout comme l'aliénation par la foule (fête à la bière pantagruesque qui vire au coma éthylique généralisé ou rave de jeunes défoncés, zombies qui se réactivent pour faire les kékés au passage de la caméra)... L'enchaînement de cette vingtaine de séquences (trop) autonomes empêchent l'ennui mais leur compilation hasardeuse confine à l'enfumage.
2/6