Forum de FilmDeCulte

Un simple soldat se fait marcher sur la gueule par tout le monde jusqu'à en perdre la raison. Ou bien est-ce lui le plus lucide?



Adapté d'une pièce inachevée d'un gamin mort du typhus à 23 berges, Georg Büchner.

Voilà un tournage qui a dû être épique, avec Herzog qui utilise l'épuisement de Kinski (juste après le tournage de Nosferatu) pour révéler les tourments de Woyzek. D'emblée l'ouverture fait mal, la douleur physique du héros annonce d'autres souffrances pires encore.

Entouré de tortionnaires et d'exploiteurs, notre lumpen-prolétaire est seul au milieu de tous, au milieu du champ de pavots (?), au milieu de la place déserte, au milieu de la rivière embrumée. Seul quoi.


On s'adresse à lui en disant "on". Mon ignorance de la langue de Götze m'interdit de comprendre les subtilités de la VO, mais ça me paraît une façon terrible de s'adresser à quelqu'un, en l'objectivant grave.
Enfin, ce type qui s'épuise dans les tâches militaires, mais qui fait aussi barbier, cobaye et homme à tout faire, reste tellement pauvre que
Le bouquet.

Est-il fou ou est-il le seul ouvert sur le monde, seul à avoir une quête existentielle, entend-t-il des voix ou sont-ce tous les autres qui sont sourds à la voix du monde, de la nature, de l'amour?

Un film désespéré, hanté par l'incroyable tronche de Kinski qui grimace tout le film tout en restant très crédible, peut-être parce qu'il était lui-même épuisé et il faut bien le dire, un peu guedin. Quelques grandes scènes, dont l'ouverture en grandes pompes (le soldat enchaîne les exercices physiques à rhytme élevé) , les plans sus-cités de l'homme seul dans de grands espaces, et le climax au ralenti.

Toute cette beauté, d'autant que la plupart des scènes ont été tournées en une prise faute de temps, me laisse le cul par terre, bien que le film ne m'ait pas totalement transporté, du fait peut-être de l'absence d'espoir: l'écrasement d'un être sensible par les cloportes arrivistes et vains qui l'entourent, ça fait un peu de peine quand même. Je me demande s'il n'y a pas un sous-texte christique, en plus du proto-marxisme apparent du texte. Mais la poésie qu'y injecte l'imagerie de Herzog est ce qui m'a le plus touché.

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-I failed.
-Good. Now go fail again.

J'adore Herzog mais c'est sans doute son film qui m'a le moins marqué, je l'ai quasiment oublié