Forum de FilmDeCulte

À Wismar, en Allemagne, Lucy et l'agent immobilier Jonathan Harker forment un couple heureux. Le patron de Jonathan, Renfield, l'envoie en Transylvanie pour vendre une vieille maison à Wismar au comte Dracula. Les habitants d'un village conseillent à Jonathan de revenir puisque le comte est un vampire, mais il n'abandonne pas son intention. Jonathan rend visite au comte Dracula et lorsqu'il voit la photo de Lucy, il achète immédiatement le bien immobilier...

Je ne suis vraiment pas familier du cinéma de Herzog dont je n'ai vu que Rescue Dawn et Bad Lieutenant (oui je sais, je dois voir Aguirre et Fitzcarraldo) donc je ne vais pas prétendre pouvoir proposer une remise en perspective de ce film dans son corpus, je ne peux que le comparer à l'original de Murnau et aux autres adaptations de Dracula.

Bien que le film rende parfois hommage à son prédécesseur en reprenant directement des plans, jusqu'à en garder la longueur statique, ou en jouant parfois sur des ombres projetées gigantesques, ajoutant juste la couleur, l'exercice est bien plus intéressant lorsqu'il se démarque de son modèle, que ce soit dans la forme ou le fond.

Dans un premier temps, Herzog troque l'expressionnisme de Murnau pour une sorte de naturalisme. Dès l'introduction, avec la musique envoûtante de Popol Vuh sur une série de corps momifiés bien réels, l'ambiance a beau être horrifique, la peinture de la mort est sans fard. Par la suite, la simple présence de la couleur joue évidemment beaucoup mais la façon dont le cinéaste cadre et éclaire la ville, avec ses rues pavées et son canal, ne cherche pas tant la reconstitution d'une époque passée que l'immédiateté d'un présent reconnaissable. En un sens, le début du film à Wismar semble s'ancrer davantage dans le réel, comme y participe également l'usage de la caméra portée. Alors c'est pas du Greengrass non plus hein mais ça pourrait tout aussi bien en être comparé à l'aspect figé du film de 1922.

Ce n'est que lorsque Harker (un Bruno Ganz bien trop vieux) se rend en Transylvanie que Herzog opère le changement, filmant d'abord les somptueux décors naturels de manière factuelle avant de conférer aux paysages une aura autre, faisant péter L'Or du Rhin de Wagner (toujours un peu de la triche un peu ce morceau évocateur de mille choses) ainsi que les nuages et le brouillard et les contre-plongées.

Si j'apprécie la tangibilité que le metteur en scène apporte au récit, je suis davantage transporté par ces fulgurances fantastiques, par les moments où il déréalise justement, comme cette séquence sur la fin quand Lucy (une Isabelle Adjani maquillée comme dans un muet et assez mauvaise, surtout dans ses monologues guindés) sort dans les rues où les bourgeois dansent inexplicablement suite à l'épidémie de peste mais la musique n'est pas diégétique , Herzog lui préférant la partition toujours planante de Popol Vuh.

Je trouve que ça correspond davantage à l'autre changement de ce remake qui fait de Dracula (un Klaus Kinski qui n'est plus simplement creepy comme Max Schreck mais empreint de mélancolie, avec ses grands yeux bleus et ses rides) un être esseulé et de Lucy un être sexué, préfigurant la dimension romantique et charnelle que Coopola parviendra à insuffler à sa version.

Mais en somme, je trouve ces moments tout de même trop rares et l'ensemble tend à perdre mon attention sur la longueur.

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J'adore Herzog mais j'avais été bien déçu par ce film (pour moi c'est un peu son Dune de Lynch).

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CroqAnimement votre

Je ne suis même pas certain d'avoir vu la fin (je suis même certain du contraire). Clairement pas son meilleur, de cette période là.

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