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MessagePosté: 06 Sep 2009, 00:34 
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Successful superfucker
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Moi pour garder la forme tous les matins au petit déjeuner, je me fais un bon petit Werner Herzog

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L'histoire vraie d'un homme de San Diego qui tua sa mère avec une épée.

Lynch qui produit Herzog sur un fait divers pareil avec Michael Shannon dans le rôle d'un comédien psychotique qui se laisse envahir par la tragédie grecque qu'il est en train de répéter jusqu'à découper en rondelles son envahissante mère, ça ne pouvait pas donner quelque chose d'anodin. Et si on peut regretter un excès de démonstration dans la confusion théâtre/réalité (le personnage de Shannon qui en plus veut se convertir à l'islam, s'avère beaucoup trop chargé) et un sens trop poussé de l'artificiel (souvent le plan devient immobile et les acteurs semblent fixer l'audience), Herzog continue d'expérimenter une sorte d'opera zarb permanent naviguant entre négo prise d'otages et manuel de déglinguage psycho en flashbacks qui compense le côté parfois sursignifiant du film.
4/6


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MessagePosté: 21 Sep 2010, 13:50 
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Je connais mal Herzog, je ne connais quasiment pas la période qui l'a rendu célèbre (et ça m'attire que très moyennement, Aguirre et tout le tintouin), mais je sais que le Herzog récent, celui de Grizzly Man et de Bad Lieutenant, libre, léger, à la confluence casse-gueule de l'ultra-conscience très fabriquée d'une mise en scène composite et ultra-réfléchie, et d'une légèreté invraisemblable, sans aucun complexe, gorgée d'affect et de mélancolie, me fascine au plus haut point.

Alors on trouvera peut-être facile, évidemment, c'est toujours la même chose avec Zad, cliché que je m'enthousiasme à ce point pour un Herzog de 2008 dur à dénicher, vu par quelques happy fews en festival et jamais sorti en salles, mais voilà, c'est bien le cas, c'est un petit miracle qui se produit dans ce film né sous le patronage évident du meilleur David Lynch (qui produit). En bien des endroits, le film est un petit frère incontestable au Bad Lieutenant : même folie douce, chaque plan plus douce et plus folle, même fragmentation de moments, de plaisir hébété à regarder le monde, comme si l'étrangeté même de voir un bipède était hallucination, mêmes ruptures dingues des conventions de mise en scène, même mélange de routine du cinéma US (film de prise d'otage construit en flashes-back) et de contamination réjouissante d'une théâtralité déviante, même fascination pour les animaux bizarres (ici des flamants roses, des autruches, etc.), même décrochage mini-DV pour une séquence documentaire époustouflante...

Ce qui perturbe davantage encore, c'est que Bad Lieutenant pouvait "justifier", "s'expliquer" de sa folie par la prise permanente de drogues de son personnage principal. Ici, pas de substances illicites, bon le "héros" est fou, illuminé, entend des voix... Et c'est p-ê ce qui rend My son... plus beau encore que Bad Lieutenant, en ce qu'il n'y a pas de bad trip, tout semble prêt pour l'assomption générale, tout semble flotter dans un air pâle et incertain, tout est panthéisé au sens magique, au sens inquiétant, au sens incantatoire du terme...

Mais voilà, le film va un peu partout, ne raconte rien de précis, sinon un rapport halluciné et bouleversé au monde, un rapport de fascination pure pour le miracle de la vie, peut-être que c'est un film hippie quelque part, le film le plus hippie qu'on ait pu donner à voir ces dernières années? C'est sans doute cette in-décidabilité du film qui a causé ses malheurs en distribution. Une édition DVD serait la moindre des choses...

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MessagePosté: 21 Sep 2010, 14:08 
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Zad a écrit:
(et ça m'attire que très moyennement, Aguirre et tout le tintouin)

Quand tu l'(les) auras vu, tu regretteras ce dénigrement. Sinon, j'espère vraiment que tu exagères en parlant de film hippie tant j'exècre ce terme (t'as pas dit roux, c'est déjà ça) et ne souhaite pas le voir collé à ce cinéaste génial :D .


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MessagePosté: 21 Sep 2010, 14:28 
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:D j'y vais à fond volontairement, parce que c'est presque un contre-sens de dire ça

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MessagePosté: 23 Sep 2010, 11:52 
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Hippie non, mais Herzog a toujours eu un petit côté new age...
Après, tout ce que tu dis sur ce film (qu'il me tarde de voir), ça s'applique à Aguirre, Les nains aussi, Kaspar Hauser, la Ballade de Bruno, etc. N'aie pas peur, lance-toi.
*amen*


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MessagePosté: 05 Nov 2010, 12:10 
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Zad a écrit:
Je connais mal Herzog, je ne connais quasiment pas la période qui l'a rendu célèbre (et ça m'attire que très moyennement, Aguirre et tout le tintouin), mais je sais que le Herzog récent, celui de Grizzly Man et de Bad Lieutenant, libre, léger, à la confluence casse-gueule de l'ultra-conscience très fabriquée d'une mise en scène composite et ultra-réfléchie, et d'une légèreté invraisemblable, sans aucun complexe, gorgée d'affect et de mélancolie, me fascine au plus haut point.

Alors on trouvera peut-être facile, évidemment, c'est toujours la même chose avec Zad, cliché que je m'enthousiasme à ce point pour un Herzog de 2008 dur à dénicher, vu par quelques happy fews en festival et jamais sorti en salles, mais voilà, c'est bien le cas, c'est un petit miracle qui se produit dans ce film né sous le patronage évident du meilleur David Lynch (qui produit). En bien des endroits, le film est un petit frère incontestable au Bad Lieutenant : même folie douce, chaque plan plus douce et plus folle, même fragmentation de moments, de plaisir hébété à regarder le monde, comme si l'étrangeté même de voir un bipède était hallucination, mêmes ruptures dingues des conventions de mise en scène, même mélange de routine du cinéma US (film de prise d'otage construit en flashes-back) et de contamination réjouissante d'une théâtralité déviante, même fascination pour les animaux bizarres (ici des flamants roses, des autruches, etc.), même décrochage mini-DV pour une séquence documentaire époustouflante...

Ce qui perturbe davantage encore, c'est que Bad Lieutenant pouvait "justifier", "s'expliquer" de sa folie par la prise permanente de drogues de son personnage principal. Ici, pas de substances illicites, bon le "héros" est fou, illuminé, entend des voix... Et c'est p-ê ce qui rend My son... plus beau encore que Bad Lieutenant, en ce qu'il n'y a pas de bad trip, tout semble prêt pour l'assomption générale, tout semble flotter dans un air pâle et incertain, tout est panthéisé au sens magique, au sens inquiétant, au sens incantatoire du terme...

Mais voilà, le film va un peu partout, ne raconte rien de précis, sinon un rapport halluciné et bouleversé au monde, un rapport de fascination pure pour le miracle de la vie, peut-être que c'est un film hippie quelque part, le film le plus hippie qu'on ait pu donner à voir ces dernières années? C'est sans doute cette in-décidabilité du film qui a causé ses malheurs en distribution. Une édition DVD serait la moindre des choses...


Je dirais à peu près la même chose, avec pareil une petite préférence pour Bad Lieutenant.
My Son, My Son, What Have Ye Done (très beau titre au passage) est tout de même fascinant, très étrange aussi, pas que dans son fait divers ou sa vision du monde : la construction du film dépasse rapidement le côté Citizen Kane à base d'allers-retour pour épouser, par sa fragmentation, le rapport effectivement "bouleversé et halluciné au monde" du personnage. Le traitement de la musique, omniprésente (doit bien y en avoir 1h20 sur les 1h30 du film) va dans ce sens, englobant 3 séquences, a priori séparées, sous une même ambiance, faisant chevaucher l'humeur d'une scène du passé avec une du présent, venant en contrepoint ou en accompagnement. Là-dessus, j'ai pensé au Gus Van Sant de Paranoid Park, qui lui aussi traite d'un dérèglement face au monde, sa beauté et son absurde, et la difficulté d'y trouver sa place, d'être en symbiose avec lui, de raccorder le son et l'image.
C'est pas étonnant que Brad Dourif soit le lien entre Bad Lieutenant et celui-ci, lui qui pour moi est intrinsèquement lié au Malin de John Huston, autre grand film sur une Amérique malade, où la folie couve derrière les façades, où un mec lambda se met à prêcher dans un mélange de mysticisme et de prosaïque.
Ce qui est cool, c'est qu'Herzog évite le film autiste ou l'exercice de style, tout ce qu'on voit est le résultat d'une rencontre avec le monde, et de l'absence d'emprise sur ce monde beau mais impénétrable, incompréhensible. Et Herzog évite toute solennité, toute lourdeur, tout est au contraire assez terrien mais au sens chamanique presque, comme pouvait l'être Bad Lieutenant, et c'est souvent drôle ("au lieu de méditer, trouve des arguments", moi ça me fait rire).

Après, la construction vient parfois jouer un peu contre le film, le personnage de Dafoe servant un peu de tremplin pour une nouvelle histoire sur Brad. Pareil, Herzog se repose parfois trop sur ses acquis, je pense notamment aux animaux. Je l'imagine au scénario, en train de se dire "mais merde je suis Werner, il me faut des animaux chelous", il consulte son bestiaire, tiens il me reste les flamants et les autruches, allons-y. C'est pas que ce soit particulièrement mauvais dans le film, mais c'est un peu attendu, les autruches qui courent à la fin (plans pas tops en plus). Ce qui était beau jusque là c'était la façon dont ils étaient filmés (la mini DV de Bad Lieutenant ou de Grizzly Man) ou la folie de ces animaux (le poulet qui danse de la Ballade de Bruno, les porcelets qui têtent la truie morte ou le dromadaire qui semble prier dans Les nains, le cheval abandonné ou le papillon dans Aguirre, le pingouin suicidaire d'Encounters, etc.) qui ajoutaient quelque chose d'en plus, et de pas maîtrisé.

J'aurais du coup, même si on s'en fout, tendance à mettre un 4-4,5, MAIS rien que pour la scène "pourquoi tout le monde me regarde", avec ce regard-caméra-spectateur, dans les montagnes du Pérou, suivie par ces plans sublimes en Chine, je mets un bon 5/6.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:27 
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C'est un peu dur pour lui puisque je l'ai vu juste après Aguirre qui lui est évidemment bien supérieur. Mais c'est quand-même un Herzog assez intéressant que je trouve supérieur à Bad Lieutenant qui m'avait un peu ennuyé. Déjà le casting de fou : Michael Shannon, William Dafoe, Udo Kier, Chloe Sévigny, Grace Zabriskie, Brad Dourif, Irma Hall,...pas trop difficile pour le père Herzog d'attirer une troupe d'acteurs de talent.

Le film s'articule entre une prise d'otages effectuée par Shannon qui vient de tuer sa mère et une suite de flashbacks qui permet de comprendre son acte et comment il en est arrivé là. Suite de scènes où Herzog arrive à nous faire rentrer dans la folie d'un personnage excessif au possible. Tous marquées d'une atmosphère étrange et poétique. Ce n'est pas désagréable, il y a de superbes scènes (l'oncle, la scène de l'escalator) et même si Shannon incarne parfaitement son personnage on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec sa glorieuse période.

Je trouve que la folie des tournages d'Herzog (Aguirre et Fitzcarraldo) manque ici. C'est finalement la condition de ces derniers qui imprégnait de folie ses premiers films. Là ça devient un film classique au style décalé, pas désagréable mais on aimerait être plus emporté, que le film soit beaucoup plus fou et déséquilibré. Bon après c'est pas à jeter loin de là, Shannon s'en sort bien comme héritier de Kinski (même si c'est cruel de les comparer) mais ça fait petit bras par rapport à ces grands films. A voir tout de même, il y a de jolies choses à picorer.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:30 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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oncletom a écrit:
Zad a écrit:
(et ça m'attire que très moyennement, Aguirre et tout le tintouin)

Quand tu l'(les) auras vu, tu regretteras ce dénigrement. Sinon, j'espère vraiment que tu exagères en parlant de film hippie tant j'exècre ce terme (t'as pas dit roux, c'est déjà ça) et ne souhaite pas le voir collé à ce cinéaste génial :D .


Zad tu regardes illico Aguirre et Fitzcarraldo, si celui-ci c'est pour toi un petit miracle, tu vas être en état de choc devant ses films avec Kinski.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:30 
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C'est chiant que cela passe par la case DTV...en même temps y'a pas eu beaucoup de protestations pour celui là.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:31 
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J'avais complètement oublié l'existence de ce film donc merci pour la piqûre de rappel, je vois qu'il est paru fin août chez Seven7.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:33 
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Gerry a écrit:

le cheval abandonné dans Aguirre


Cette scène est à pleurer tellement elle est belle.

Sinon, d'accord avec DPSR sur l'excès et le côté sursignifiant du film.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:36 
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Inscription: 23 Juil 2011, 12:46
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En même temps, je comprends les distributeurs, en salle ça aurait été un suicide commercial.
Bad Lieutenant, remake d'un film culte, Cage au casting, même si le film n'a pas été un succès monstre, ils rentrent dans leurs frais. Là il aurait fallu trouver un distributeur mécène qui veuille perdre un max de blé.


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 10:55 
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Bah ils ont bien sortis ses derniers docs...
Mais j'ai l'impression qu'ils en sortent un sur deux (rescue Dawn n'avait pas eu le droit à une sortie)


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MessagePosté: 06 Oct 2014, 22:27 
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Un des meilleurs Herzog pour moi.
La scène de l'escalator, du ballon de basket, devant la rivière au Pérou, les répétitions de théâtre avec Shannon qui pète un plomb, la scène de la canette ou boîte de conserve qui roule sur le sol. C'est très drôle et ça réussit ce que bon nombre de films indépendants américains essaient de faire récemment (dont certains avec Michael Shannon, même musique lancinante, même atmosphère de fin du monde).
J'ai envie de le revoir, tiens.


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MessagePosté: 07 Oct 2014, 14:50 
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C'est un film extraordinaire, on y voit une succession d'éléments, de mondes, d'imaginaires hétéroclites conspirer à former un monde totalement cohérent dans l'esprit malade du héros. Ce sont des autruches, une rivière au Pérou, des tubes de verre, une chanson blues, la ville de San Diego, un hôtel, l'oncle éleveur d'autruches, une tragédie grecque, les flamands roses, un match de basket-ball, une boîte de céréales où l'on retrouve la face de Dieu, tout ça s'interpénètre et donne quelque chose de hautement poétique et surtout de très drôle et vaguement effrayant.
ce pourrait être une stoner comedy mais c'est un film sur la dépression et la folie.


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