Forum de FilmDeCulte

La preuve qu'un classicisme maîtrisé et substantiel peut encore produire de jolis films. Ce récit avait tout pour échouer dans la mièvrerie, la démagogie ou la complaisance à l'instar d'un Cercle des poètes disparus, mais parvient à les déjouer par une lucidité et une acuité remarquables.

Le situer dans les années 70 ne me semble pas du tout adoucir la charge sociale, contrairement à ce que dit Gontrand, elle est d'autant plus frappante qu'elle se loge dans des replis classiques du récit.

Il y a un grand sens du rythme et du développement des personnages, tout est dosé à la perfection, les dialogues sonnent justes et la réalisation a le bon goût de suggérer sans surligner. C'est sans doute trop long mais on tient là un bon film de Noël.

Le film vieillit hyper bien chez moi. Dans mon top de l'année.

Le déplacement dans les seventies est quand-même lié à la transformation d'une critique politique et sociologique en pur signe de distinction culturelle.
L'atmosphère du film rappelle un peu certains textes de John Cheever, moins ses nouvelles qu'un roman comme Falconer. Mais chez Cheever c'est le moment d'une rupture et d' un coming out : son ton devient à la fois plus baroque et plus humaniste (par ailleurs un helicoptère joue un peu le même rôle dans le livre de Cheever, réminescence anecdotique mais tangible). Ici tout relève d'un soucis du canon esthétique : les personnages sont au service du scenario pour mettre fin à des situations qui pourraient tomber dans le mauvais goût en se prolongeant et devenant trop personnelles. Il faut être à la fois individualiste et se dépouiller d'une certaine sentimentalité. Tous les espaces du film dont la signification est explicitée sont aussitôt abandonnés (le gymnase, le musée, le cinéma qui semble passer les Cheyennes de Ford, et bien sûr le collège pour le prof), et le fait de revenir sur un lieu une deuxième fois est à la fois un encombrement esthétique et une forme d'aliénation acceptée (comme le remarque Lepers, le personnage du copain gâté mais sympa ne revient que pour montrer qu'il a capitulé face à son père pour les cheveux longs). À l'inverse ce n'est pas pour rien que le seul échange entre la cuisinière et Angus se limite pratiquement à un clin d'oeil fugace : le film identifie le fait de pas être raciste avec celui de ne plus tenir le racisme pour un problème.
J'admets que je verse un peu dans le procès d'intention et force le trait (les acteurs sont bons, et bien servis par le film, il y a un plaisir de spectateur à les voir) mais il est indéniable que le film est plus politique qu'il ne souhaite l'être, en montrant des personnages simultanément résignés à la souffrance et stoïquement apaisés par leur supériorité morale sur leur milieu, confrontés à une injustice à laquelle ils cherchent (finalement en vain) des précédents pour ne pas s'y opposer plus directement.

Il s'agit d'un bon film de Noël de centre-droit pré-macroniste (sans doute qu'au USA le centre droit est actuellement plus mort qu'en France, d'où la volonté d'y annexer les hippies et les posters de Grace Slick)

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

Joli film réussi dans son minimalisme à trois personnages (j'ai été déçu au départ quand tous les autres élèves se barrent). C'est un peu trop long, un peu gentillet quand même, mais les personnages de Giamatti et de l'ado sont vraiment réussis (l'acteur qui joue l'ado est excellent). L'arc de la cuisinière est un peu plus à côté, c'est touchant mais ça fonctionne un peu moins bien je trouve. Excellente reconstitution (beaucoup aimé les scènes à Boston), très bonne BO (belle découverte de la chanson du générique final : https://www.youtube.com/watch?v=o75BbNp8dLU). Passé un bon moment (même si c'est un peu long et ça aurait dû durer moins de deux heures).

4/6

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CroqAnimement votre

Oui pareil quand les élèves se barrent je me suis dit "merde ça va être un huis clos encore plus resserré?"
Au final c'est sans doute une bonne décision car les autres persos n'avaient pas l'air d'avoir grand chose d'autre à donner.

Oui clairement ça évite le côté film de groupe où on se permet de beaucoup moins développer les personnages principaux.

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CroqAnimement votre

C'est un peu une facilité d'écriture car le prof au téléphone lorsqu'il doit obtenir les autorisations pour l'hélico est tout de suite plus sympa et même prévenant. Il joue le rôle d'un père ou plutôt de grand frère de substitution pour tout le groupe. Il n'est déjà plus dans un rapport d'autorité et partage n mécaniquement les difficultés familiales des ados, en organisant leur sortie . Ce changement aurait été plus progressif mais aussi plus difficile à décrire s'il était dès le début seul avec un Angus livré à lui-même.

Le début avec la retenue est sans doute aussi un rappel conscient du Breakfast Club, l'élève psychopathe rappelle un peu le rôle tenu par Judd Nelson, les deux plus jeunes et plus fragiles Anthony Michael Hall voire le richard bienveillant un équivalent masculin de Molly Ringwald, sans parler du prof lui-même au départ aussi sadique que le surveillant chez John Hughes . C'est une manière habile de remonter vers les années 70 en transitant par un imaginaire intermédiaire lié à la décennie suivante (alors que le road movie hivernal en trio est bien un forme narrative typique des années 70 : la Dernière Corvée ou Macadam à deux voies entre autres - les Valseuses en France d'un certain côté. La Ballade de Bruno d'Herzog aussi (moins chez Wenders où c'est des duo mais le ton est plus explicitement oedipien). Messidor plus dramatique et centré sur un duo de femmes renferme déjà la décennie et appartient aux années 80, annonce Scott et Lynch)

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman

l'article de variety sur les accusations de plagiat est intéressant. déjà, ça semble solide. ensuite, ça offre un aperçu de comment les scripts circulent à hollywood. et ensuite, ça montre que ces histoires là sont un peu condamnées à aller nulle part : la wga refuse de s'en méler, il va passer des années et des centaines de milliers de dollars de frais d'avocats pour un truc aléatoire, en étant joyeusement grillé auprès de mille gens derrière qui refuseront de lire ce qu'il écrit pour éviter un procès - et ca alors que son dossier a l'air extremement solide.

https://variety.com/2024/film/news/the- ... 235935605/

ça sort la veille des Oscars...

Et sinon les scripts ne seraient pas si proche (pas vu le Payne)

Vu plusieurs commentaires dire ça vu que le script est dispo.
Mais j'irai pas vérifier.

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Oui très bizarre, tu lis l'article et tu as l'impression que c'est un plagiat intégral. Puis j'ai vu passer deux trois extraits de scènes comparées et rien à voir au niveau du ton et des dialogues...

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CroqAnimement votre

Mais les votes sont clos, ils disent dans l'article.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui, mais imagine le gars monter sur scène. Payne a déjà des soucis non ?

Des soucis bien plus graves oui. Mais étrangement passés sous silence.

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