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MessagePosté: 02 Aoû 2006, 22:21 
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Avec la trilogie Pusher, voilà l'autre choc de l'été (en attendant Mann, Gondry et Shyamalan...)

Michele Soavi réussit un formidable come-back en dressant à travers un récit sinueux et complexe le portrait d'une belle ordure (parfait Alessio Boni), dans une ambiance rappelant les thrillers politiques des 70's, agrémenté d'une pincée de bis surréaliste à la Argento. Très maîtrisé dans son mélange des genres, Arrivederci Amore Ciao est un film étrange et sans concessions, un regard amer sur la décadence d'un homme et de son époque, excluant toute rédemption possible.

5/6


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MessagePosté: 03 Aoû 2006, 07:48 
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Je suis embêté avec ce film... Après douze ans d'absence, on dirait que Soavi veut rattrapper tout ce retard en remplissant son film jusqu'à la gueule, quitte à le rendre imbouffable. Arrivederci cumule donc les genres sans discernement ni réelle passerelle : ouverture en forme de film de guerre (hommage pas très adroit à Apocalypse now), politique-fiction, polar, thriller, film noir, quasi-fantastique, on flirte même avec le caper...

Problème, le film oublie de lier tout ça, d'assurer une continuité qui empêcherait le scénar' de s'effritter en scénettes. Du coup, le premier tiers est assez peu lisible, saute du coq à l'âne sans qu'on ait le temps de s'attacher aux personnages, principaux comme secondaires, et les deux tiers suivants, qui persistent à aller trop vite mais deviennent plus cohérents, donnent l'impression que ce premier tiers ne servait en somme pas à grand chose. La voix off tente bien de lier le tout, mais elle est juste bavarde et bouche-trou.

Problème numéro deux, cette gratuité narrative s'accompagne d'une autre gratuité, dans la représentation du sexe et de la violence (physique et morale), qui vire de fait assez vite à la complaisance. L'exemple du personnage de Flora (piste parmi les pistes lancées sans écho), qui surgit par hasard et disparaît aussi simplement qu'il était venu, est particulièrement gênant.

Il y a un vrai problème d'identification: le héros est brossé trop superficiellement, on ne sait pas exactement qui il est, ce qu'il veut. On a l'impression que les événements le devancent, qu'il n'a prise sur rien et qu'il n'a pas de personnalité au moins cernable. Du coup, difficile d'adhérer à sa destinée: d'accord, il ne marche pas droit et c'est un anti-héros, mais il semble tellement au service du scénario, plutôt que l'inverse, que sa dimension héroïque en demeure au stade théorique.

Tout cela culmine en un climax douteux et une fois encore gratuit et complaisant.

Mon souci, c'est que ce script franchement limite est celui d'un film extrêmement soigné visuellement. L'image est souvent très belle (à partir de la sortie de prison... bizarre d'ailleurs comme les premières images sont ternes et verdâtres et comme le film commence vraiment à prouver qu'il en a dans le ventre visuellement avec ce petit retard à l'allumage), les idées de mise en scène sont bien là (cf. ce travelling superbe derrière Flora jusqu'à une cabine et un poing dans la face, dans la boîte de nuit), la mobilité de la caméra fait plaisir à voir, le montage se permet ses audaces, le montage son vaut aussi le détour (très chouette utilisation de la musique). Bref, ça foisonne. Tout comme le scénar' foisonnait de fausses pistes et de chausses-trappes mal foutus.

Voilà donc un film boîteux, douteux, mais plastiquement très intéressant, parfois limite virtuose. Un peu comme une machine au service de la geste filmique de Soavi, qui peut s'éclater à y toucher à plusieurs genres et à y expérimenter à fond. Mais qui oublie le spectateur en route, le tient extérieur à l'histoire, ni lui permet pas de s'impliquer, mais s'applique à le foutre mal à l'aise gratuitement...

Pas facile de noter ça... 2? 3?

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MessagePosté: 03 Aoû 2006, 09:33 
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Zad a écrit:
Mais qui oublie le spectateur en route, le tient extérieur à l'histoire, ni lui permet pas de s'impliquer, mais s'applique à le foutre mal à l'aise gratuitement...


mais c'est aussi le personnage principal qui veut ça,crapule cynique et sans espoir...difficile en effet de s'attacher et s'identifier à un tel personnage,mais c'est là l'une des audaces du scénario . :wink:
la "morale",c'est que ce personnage,malgré toute sa "bonne volonté" (voir l'assez touchante relation avec Roberta,dans la dernière partie du film),restera toujours rattrapé par ses bas instincts.

si on compare avec le précédent Soavi,"Dellamorte Dellamore",l'adhésion aux personnages et à l'univers de ce film était plus aisé (le sympathique duo Everett-Hadji-Lazaro,le style gentiment poético-macabre),là on quitte un peu le surréalisme pour un univers plus froid et réaliste,avec les personnages qui vont avec!

cela dit,je suis d'accord pour la narration assez particulière,qui peut rebuter (surtout dans la première partie,à mon avis),mais qui est aussi l'une singularités du film (de même que son mélange des genres)...

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MessagePosté: 03 Aoû 2006, 10:47 
Excellente analyse du film par J-F Rauger :

"Il y a différentes manières de montrer ce qu'est devenue l'Italie aujourd'hui, de s'interroger sur son histoire récente et son évolution. Arrivederci amore, ciao, de Michele Soavi, emprunte celle d'un roman d'apprentissage criminel à l'envers. Ce recours aux moyens offerts par les principes de ce qu'il est devenu compliqué d'appeler un genre cinématographique donne paradoxalement une vigueur plus authentique à une métaphore politique. Ce qui se conçoit aisément si l'on se souvient de ces westerns italiens de la fin des années 1960 et du début des années 1970, qui utilisaient comme toile de fond la révolution mexicaine, et s'interrogeaient, avec cette légèreté qu'apportent inévitablement les conventions des genres populaires et une sorte d'intelligence dynamique, sur l'impérialisme et la lutte des classes.

Giorgio Pellegrini, le personnage principal, est un ancien activiste d'extrême gauche, un survivant des "années de plomb" qui, après s'être réfugié en Amérique latine, revient en Italie, visiblement aigri par l'embourgeoisement de certains de ses anciens camarades qui ne se sont pas taché les mains de sang. Arrêté, il effectue un séjour en prison pour un délit mineur. Sa participation à un attentat à la bombe qui a causé un mort n'ayant pu être prouvée.

C'est notamment grâce à la protection que lui apporte un commissaire de police, qui compte l'utiliser comme indicateur, qu'il échappe à l'emprisonnement à vie. Dès lors, en même temps qu'il est guidé par l'objectif d'une réhabilitation juridique, l'ancien activiste va devenir l'homme de main d'un gangster propriétaire d'une boîte de nuit, l'informateur du policier corrompu (extraordinaire Michele Placido) qui le protège et trahir, successivement, les uns et les autres après s'être malhonnêtement enrichi.

LA LIBERTÉ ET LA MORALE

Découpé en trois parties, chacune scandée par l'utilisation maligne d'un air de variétés (Arrivederci amore, ciao), le film de Soavi est d'abord le portrait d'un monstre froid, une sorte de séduisant cynique qui semble cacher une âme particulièrement noire.

Mais la première qualité de cette peinture du mal est de ne pas s'appesantir sur les déterminations psychologiques de l'inhumanité de son personnage. L'homme est-il poussé par les événements ? A-t-il tout concerté depuis toujours ? Improvise-t-il ? S'enfonce-t-il avec une jouissance chaque fois plus grande dans l'abjection ? On ne le saura jamais vraiment.

Mise en scène et conduite du récit ouvrent fort heureusement des interstices qui laissent tout loisir de s'interroger sur les rapports entre la liberté et la morale, pour le dire un peu scolairement.

Ce qui se lit derrière la description de ce "retour à l'ordre" jonché de cadavres, de morts brutales et d'atrocités, c'est la transformation récente d'une Italie où le cynisme contemporain aurait prospéré sur une forme de naïveté politique. La partie la plus forte du film est, de ce point de vue, la dernière, le moment où le récit semble s'extirper des conventions du polar au profit de la chronique sociale d'une néobourgeoisie pourrie jusqu'à la moelle.

Devenu propriétaire d'un restaurant, dans l'attente de sa réhabilitation, Giorgio envisage de se marier avec une jeune fille qui ne rêve que d'un mariage à l'église et de fonder une famille. La formation opportuniste de ce couple pourrait être la représentation particulièrement convaincante de la façon dont le berlusconisme a poussé sur les résidus d'un électorat en errance, celui de la Démocratie chrétienne. Une forme de candeur primitive y apparaît comme le terreau d'un incroyable cynisme théâtral et politique.

La mise en scène de Soavi, qui fut longtemps l'assistant de Dario Argento et qui n'avait pas réalisé de films pour le cinéma depuis dix ans, démontre une sorte de virtuosité froide, un lyrisme un peu trivial, un sens, parfois, du grotesque léger (surtout dans la première partie), s'exprimant admirablement dans la façon dont la chansonnette qui donne son titre au film sert de contrepoint à la dissolution morale du héros. On retrouve là ce qui s'était perdu à Cinecitta, une manière un peu théâtrale, stylisée jusqu'à la complaisance, mais indiscutablement séduisante, de mêler la sensation (fût-elle un peu facilement sollicitée) à la réflexion pure. Le chaud et le froid, en résumé.

Adapté d'un roman écrit par un ancien militant de Lotta continua, Massimo Carlotto, Arrivederci amore, ciao est en effet une sorte d'opéra de la décadence, de danse de mort, de constat de fin d'un monde et de dissolution générale des principes qui l'avaient fait tenir debout.

Comment un film policier peut-il devenir le miroir de l'entrée dans une nouvelle phase de l'Histoire, inquiétante, où le chaos désormais régnerait, abrité par la façade tranquille d'un ordre rétabli ? Toute la force du film de Michele Soavi est d'avoir su avec élégance, poser la question."


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MessagePosté: 06 Aoû 2006, 10:58 
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http://www.matierefocale.com/article-3466724.html

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MessagePosté: 07 Aoû 2006, 21:47 
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Comme dit plus haut, c'est assez difficile de s'attacher au personnage principal...et pour ma part assez difficile de s'attacher à la narration confuse, la violence complaisante, les séquences ringardes (toute la boite)...bug et rejet total. Entre le Moretti, le Sorrentino, ça et peut être un que j'oublie, je suis pas très Italien en 2006.

1/6

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MessagePosté: 07 Aoû 2006, 22:56 
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Blissfully a écrit:
Entre le Moretti, le Sorrentino, ça et peut être un que j'oublie, je suis pas très Italien en 2006.

1/6


Et pourtant si on ajoute le Michele Placido et le prochain Mater d'Argento, l'Italie nous fait croire à une discrète et petite renaissance (bon c'est pas gagné).

Continuez les gars !


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MessagePosté: 07 Aoû 2006, 23:04 
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Matou miteux
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Jack Griffin a écrit:
Et pourtant si on ajoute le Michele Placido et le prochain Mater d'Argento, l'Italie nous fait croire à une discrète et petite renaissance (bon c'est pas gagné).

Continuez les gars !


Ouioui qu'ils s'arrêtent pas pour moi hein. Je l'avais loupé Romanzo Criminale d'ailleurs.

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MessagePosté: 09 Aoû 2006, 00:44 
Blissfully a écrit:
je suis pas très Italien en 2006.

C'est vrai que tous ces films italiens ont une certaine froideur qui peut rebuter mais ne désespère pas, il reste encore le beau mélodrame familial de Kim Rossi-Stuart, Anche Libero va Bene, qui cette fois-ci, fonctionne à fond sur l'identification aux personnages. (edit : ça sort en novembre sous le titre Libero, hum ok...)

Le pitch fait très "téléfilm à bons sentiments" :
http://www.allocine.fr/film/fichefilm_g ... 11203.html


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MessagePosté: 09 Aoû 2006, 13:04 
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Top Michele! :) :

BLOODY BIRD:

une histoire très basique mais une réalisation joliment inspirée qui égale parfois (le final :shock: :shock: ) le cinéma d'Argento!
4,5/6

SANCTUAIRE/THE CHURCH:

comme toujours,très soigné visuellement mais un petit problème de rythme et scénario un poil décousu!
3/6 (à revoir)

THE SECT:

pareil que pour THE CHURCH mais en plus réussi quand même!
4/6 (et Kelly"soeur de Jamie Lee"Curtis assure! 8)

DELLAMORTE DELLAMORE:

tout simplement le meilleur film de genre italien des 90's avec LE SYNDROME DE STENDHAL! :D
5/6

ARRIVEDERCI AMORE,CIAO:

4,5/6 (joli come back,Michele! 8) )

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MessagePosté: 09 Aoû 2006, 19:30 
BLOODY BIRD
Toujours pas vu !

SANCTUAIRE/THE CHURCH:
Un peu oublié, là. Y avait pas une apparition d'Asia Argento toute jeune?

THE SECT:
Pas vu.

DELLAMORTE DELLAMORE:
Un magnifique joyau... Un idéal de cinéma bis. 6/6

ARRIVEDERCI AMORE,CIAO:
Excellent come-back. 5/6


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MessagePosté: 09 Aoû 2006, 19:57 
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Bob Harris a écrit:
BLOODY BIRD
Toujours pas vu !


ça sort en dvd chez Neo en Octobre... :D :wink:

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MessagePosté: 14 Aoû 2006, 19:09 
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Quel pied !!! :P

Putain, entre ça et THE DEVIL'S REJECTS, je dois pas être bien dans ma tête parce qu'encore une fois, j'ai eu aucun mal à m'attacher au "héros" ! :mrgreen:

Visuellement j'adore (comme d'hab) et puis je trouve l'histoire jouissive au possible et le perso principal super bien traité (pas d'écueil "explicatif" notamment).


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MessagePosté: 01 Fév 2007, 11:02 
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Inscription: 15 Aoû 2005, 22:00
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sortie dvd prévue début Avril...:

http://www.alapage.com/-/Fiche/DVDVideo ... aor&sv=X_L

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