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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:32 
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Sir Flashball
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Putain, ça me met en pétard que les films de HHH n'aient pas droit à des éditions DVDs convenables. C'est pas comme si c'était un des réalisateurs les plus importants de la deuxième moitié du 20ème, non...
Du coup, obligé de se taper un divx pourri, avec image floue et tout ce qui va avec, ça fait mal.

Mais bon, c'est HHH, et comme toujours, c'est formidable : la douceur de ces longs plans-séquences, couplée au sens du cadre absolument exceptionnel du réalisateur, ça donne quelque chose de franchement unique. L'histoire de Taiwan, pour HHH, elle se passe d'abord dans les maisons, au coin du feu, autour d'une tasse de thé ou d'un bol de nouilles ; et c'est une voix-off, celle de l'excellent Li Tianlu (Bresson et son condamné à mort peuvent aller se rhabiller), qui fait le lien historique entre ces scènes de l'intime et la grande peinture historique. Et puis il y a ces fameuses marionnettes, que HHH s'amuse à filmer depuis le point de vue du spectateur, puis en nous montrant la performance des acteurs, et enfin en alternant les deux.

Film enivrant, avec peut-être quelques longueurs vers le milieu, et certains personnages qui manquent un peu de corps. Mais je garderai longtemps en tête cette fin somptueuse, foudroyante de simplicité et de sobriété : HHH a tout compris.

(Bon, Typhoon Club...)

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Dernière édition par Castorp le 13 Oct 2014, 22:55, édité 1 fois.

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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:38 
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Castorp a écrit:
Du coup, obligé de se taper un divx pourri, avec image floue et tout ce qui va avec, ça fait mal.

Si ça peut te consoler, c'est moins l'affaire du divx que du DVD d'origine pas brillant.


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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:42 
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Sir Flashball
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Tom a écrit:
Si ça peut te consoler, c'est moins l'affaire du divx que du DVD d'origine pas brillant.


Vrai. Mais j'en rêve la nuit, d'une belle édition des HHH. Mais apparemment, y'a même pas d'édition taiwannaise correcte, c'est misérable.

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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:44 
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Y a un blu-ray ! Pour Poussières dans le vent. Très beau et très bien restauré, même si j'ai quelques doutes sur l'étalonnage. Sinon, le DVD français de Millenium Mambo est correct. Celui de Café Lumière commence déjà à craindre sérieusement. Le reste je sais pas.

Mais c'est clair que c'est une filmo qui mériterait un énorme coffret HD, les films sont magnifiquement photographiés en plus, ça s'y prête parfaitement.


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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:46 
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Sir Flashball
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Le DVD des Fleurs de Shanghai est un désastre (mais quel film !), couleurs saturées, image pas nette.
Three Times a un DVD aussi, il faudrait que je me le prenne. Le Ballon rouge ne m'attire pas.

Mais bon, c'est ses films de 1980 à 1995 que j'aimerais surtout trouver : c'est sa meilleure période à mes yeux.

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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:50 
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et le superbe Un temps pour vivre, un temps pour mourir, s'il n'est pas épuisé, était sorti aussi en DVD français


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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:53 
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Il est en biblis parisiennes ! Et des captures que je vois, il a l'air bien.


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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:53 
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oui bon souvenir, vu comme ça


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MessagePosté: 13 Oct 2014, 22:58 
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Sir Flashball
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Mr Chow a écrit:
et le superbe Un temps pour vivre, un temps pour mourir, s'il n'est pas épuisé, était sorti aussi en DVD français


C'est le prochain que je me regarde.
Je sens que mon top découvertes 2014 va être rempli de HHH.

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MessagePosté: 14 Oct 2014, 08:40 
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Millenium Mambo aussi est en DVD (après je connais pas la qualité, je ne l'ai vu qu'au ciné). Peut être mon préféré.


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MessagePosté: 14 Oct 2014, 08:50 
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Sir Flashball
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Nada a écrit:
Millenium Mambo aussi est en DVD (après je connais pas la qualité, je ne l'ai vu qu'au ciné). Peut être mon préféré.


Cf Tom, plus haut.

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MessagePosté: 10 Juil 2015, 18:52 
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Vraiment pas mal. Le titre laisse craindre un récit folklorisant (c'est en partie cela) mais il s'agît plutôt et tout à la fois d'une fresque politique, d'un récit d'initiation familiale puis sexuelle dans le contexte de la colonisation de Taïwan par le Japon (qui précède la guerre avec la Chine continentale et a duré pendant 50 ans, de 1895 à 1945). L'occupant d'abord réprime (pendant l'enfance du maître) puis au moment de la seconde guerre mondiale (qui correspond à sa maturité) essaye de récupérer la tradition du théâtre de rue taïwanais à des fins de propagande.

En fait, le film raconte la vie d'un collabo avec sa participation. D'abord présent en voix-off pour lancer les séquences en parlant de son enfance, il apparaît tout à coup dans le plan à mi-film pour exprimer une conscience nationale qui surplombe le récit, mais le film décale à son tour le récit qu'il fait (qui est peut-être plus fictif que le film) sans le trahir ni se mettre dans une position d'obligé, ce qui est un point de vue assez fort. L'assurance et l'espèce de mythomanie calme du vieillard lui confèrent une fragilité qui désamorce la pertinence d'un procès historique, car ils sont déjà suffisamment contrebalancés par la fiction qui le montre au contraire taciturne et déterminé dans un monde qui tout à la fois l'accepte, le protège et le perd, dans une vie qui est déterminée aussi bien par la nature que l'idéologie. Le film n'est pas sans rappeler 1900 ou le Conformiste de Bertolucci ou des films comme "Non ou la Vaine Gloire de Commander" de de Oliveira. Le montage et le travail sur la profondeur de champs, les raccords sonores entre les plans, la circulation des corps et du regard sont magnifiques (grosse influence sur le Jia Zhang Ke de Platform). Le dispositif (une fiction intimiste qui commente et recadre la voix off du maître de marionnette réel; qui lui émet des poncifs auto-justificateurs sur la guerre, plutôt que l'inverse) permet de basculer insensiblement du récit intimiste apparemment anecdotique vers le film-monde.
Cela permet de comprendre mieux "les Fleurs de Shangaï" (dans lequel je n'étas absolument pas rentré) qui est thématiquement et formellement très proche, mais qui à la fois développe le regard sur les corps et l'espace et soustrait la mise en scène du contexte historique
Bien envie de voir le reste de sa trilogie sur l'histoire de Taïwan au début du XXème siècle ("La Cité des Douleurs" et "Good Men, Good Women").

Par contre la copie que j'ai vue à la Cinémathèque de Bruxelles avait veillie, avec des griffes qui dessinaient des motifs abstraits, dansants silencieusement et s' harmonisant accidentellement au rythme de film. Ce n'était pas génant, mais évoquait un film venu d'un passé lointain, antérieur à la seconde guerre, alors qu'il s'agît d'un film de la période précédant immédiatement l'arrivée du numérique. Les films de cette époque sont paradoxalement plus mal conservés que des films plus vieux qui sont plus facilement considérés comme classiques.


Dernière édition par Gontrand le 10 Juil 2015, 23:45, édité 1 fois.

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MessagePosté: 11 Juil 2015, 00:07 
La Cinémathèque de Bruxelles organise une rétrospective assez complète de son oeuvre (j'en ai malheureusement raté la plupart)

La réserve que j'aurais sur le film c'est
le passage avec le préfêt japonais "humaniste" et lassé par la guerre, qui déjoue la machine répressive de ses subordonnés en transformant la possible exécution du fils du maître en partie de pêche, et boit un thé avec le maître au moment de la capitulation. Le film évite le cliché qui montrerait les Japonais comme des brutes, tout en faisant sentir le poids de la collaboration (et fait sentir que l'occupation japonais avait l'air moins dure à taïwan qu'ailleurs, qu'iils étaient dans une logique de colonisation culturelle et d'hégémonie sur le long terme plutôt que d'invasion), mais tombe un peu dans le travers inverse "Ach la guerre grand malheur, buvons à l'amitié, vous ne m'aimez pas mais je vous apprécie comme ma famille, à bientôt peut-être". D'un autre côté ce personnage a sûrement inspiré celui des Lettres d'Iwo Jiva d'Eastwood et présente une idée importante: la famille du maître de marionnette interprête l'humanité et le rationnalisme du préfet comme un signe, motif d'une superstition consciente mais opaque, qui annonce le départ de l'ensemble des Japonais: cette supersition finit par venir à bout à la fois de la force coloniale et du recul rationnaliste qui s'en détache et essaye de la contrer (quelque chose du même ordre se retrouve au début du film avec le mauvais oeil de la famille maternelle du maître et qui se retrouve aussi dans la scène finale du ferraillage des avions, et est un principe d'échange, de reproduction et de mesure dans la vie sociale, mais qui ne permet pas l'identification et que le film regarde de manière extérieure. Le film doit postuler la neutralité de l'histoire et de la politique pour en faire les principaux objets qu'il représente).


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 14:56 
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Antichrist
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La première heure est magnifique. Déjà c'est d'une beauté insensée (quel sens des cadre bordel) et ensuite chaque événement tragique te pince le coeur. Dommage que ça se délite un peu ensuite. J'aime moins la partie plus signifiante avec l'occupant japonais et les interviews face caméra mais la fin est parfaite, avec deux derniers plans qui montrent comment la grande Histoire coule sur le peuple.

4/6


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MessagePosté: 01 Mai 2020, 16:19 
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La Cité de Douleurs m'avait fait une encore plus forte forte impression. Un souffle collectif et un rapport à la famille et à la violence historique (cette dernière considérée toujours nouvelle et singulière où elle apparaît du point de vue de la caméra) qui faisait penser un peu aux meilleurs Leone.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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