Forum de FilmDeCulte

Frederick Wiseman, pionnier du cinéma documentaire, a installé sa caméra durant douze semaines au coeur de l'Opéra de Paris. Des ateliers de couture aux représentations publiques où brillent les étoiles, ce film nous entraine dans les coulisses de la prestigieuse institution et nous montre le travail de tous ceux qui donnent corps au quotidien à des spectacles d'exception.

C’est beau, très beau même.
C’est aussi très compliqué de parler d’un truc aussi monumental, mais bon c’est très pénible de ne voir aucun topic ouvert pour ce film ; deux heures quarante de préparation à un spectacle, et la méthode de Wiseman ne se situe pas dans la répétition, même si les variations sont extrêmement subtiles.
Ce que je retiens le plus c’est évidemment le regard de Wiseman, ce regard qui laisse le corps en liberté, loin des jugements, il lui laisse son espace pour s’exprimer. Pourtant, le grand cinéaste ne se contente pas d’observer, il suit et poursuit les corps jusque dans quelque chose d’insondable, d’opaque. Après un suivi de danse viennent régulièrement des légers, presque imperceptibles, mouvements de caméra, vers l’avant et l’arrière ; le cinéaste ne se contente pas de suivre, ici, ces mouvements de caméra prolongent les gestes, ils apportent une vibration interne au plan sans pour autant s’afficher, ils apportent de la vie au document.

Méthode basique ? Je ne crois pas, en tous pas jusqu’à atteindre ce degré d’effacement et d’humilité qui rend la chose si puissante. Je trouve que la grandeur de Wiseman vient du fait qu’il n’appuie jamais sur les thématiques internes qu’il veut mettre en exergue, il choisit parfaitement les moments où elles vont s’exprimer d’elles même. Il utilise parfois les décors pour mettre en avant des choses, des miroirs qui partagent les corps et rendent les gestes profonds, des barres qui « coupent » les corps en deux (barre qui sera présent sur fond noir lors de l’ultime plan du film), mais c’est jamais trop, c’est toujours juste ce qu’il faut, le dosage parfait de celui qui sait regarder.

Moi ce qui désarme complètement c’est comment Wiseman arrive à parler de cinéma en filmant ce genre de choses, comment il montre une manière dont peut (pas doit, là aussi il se plante pas) exister un certains cinéma, même de fiction. Une séquence d’amour dans un décor théâtral épuré et retranché me touche bien plus que les trois quart des films d’amour qui sortent, une séquence avec des enfants et du faux sang devient plus terrifiante que bien des films horrifiques… La matière du spectacle est parfaitement filmée, utilisée, Wiseman touche à l’essence de quelque chose, du cinéma aussi je crois, ces séquences c’est des courts métrages fulgurants de beauté, des micros fictions qui contiennent une vision poétique du monde. Sublime.

Bon après y a plein d’autres choses, Wiseman est présent plus que jamais dans le montage, il s’efface même grâce à lui. Le Paris bourdonnant qui revient rappelle qu’il filme un monde plus que jamais à distance du monde. La séquence des abeilles c’est juste… Wow.
Plein de choses à dire encore, Wiseman est un cinéaste bien sur très politique, mais là je n’ai pas le cœur de me plonger là dedans, mais c’est d’une grande richesse.


5-6/6

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le sujet ne m'intéresse pas donc je vais zapper, mais Wiseman c'est quelque chose

Je conseille, si ça se trouve sur le réseau, son doc sur les ghettos de Chicago.

Moi pas des masses non plus, vraiment. Après c'est la durée qui peut calmer, j'avoue, je partais moyennement confiant.

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film incroyablement humble et beau, assez proche du dernier Treilhou.

6/6

maintenant je dois voir les autres wiseman.

beau texte, tba.

j'essaie d'écrire dessus la semaine prochaine.

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J'ai une énorme envie de découvrir la filmo de ce mec.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

arnotte, il faut tjs que tu le voies, d'ailleurs, le treilhou, je suis sûr que c'est pour toi.

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Couleurs d'Orchestre? Ca m'attire pas mal, en effet. *je note*

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

très beau film effectivement. wiseman prends le temps, laisse exister ses personnages et le lieu qu'il filme. et que le sujet intéresse ou pas, on est touché par la grâce qui se dégage de ses plans.
politique quand il filme les interventions de la directrice sur les retraites, devant un auditoire qu'on devine novice par rapport à la chose sociale. politique parce qu'il choisit de regarder tous les travailleurs de l'opéra sur un pied d'égalité et que le sujet n'est pas directement la danse mais, en coulisse, tout ce qui y mène. le spectacle étant la finalité.
poétique aussi lorsqu'il surprend l'apiculteur de l'opéra et ses abeilles, également au travail, ou qu'il filme les danseurs dans des effets de miroir presque trop parlants.
je m'arrête là mais ya plein d'autres choses à dire.

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C'est mieux que Die Hard 4 alors?

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Nothing and no one can save you! Abandon hope now! Here's what you can do :
1. Admit you are a semi-evolved ape-thing mercifully ignorant of the sanity-blasting truths of the greater cosmos.
2. Die.
3. Rot.

MouahahaAHAHAHahahaha

Alors moi j'ai trouvé ça très bien, Wiseman en grand documentariste à toujours la distance nécessaire, le tempo parfait, ces scènes ne sont jamais ni trop longues, ni trop courtes. Il sait quand commencer, quand couper, quand recadrer et ça se sent tout le long du film. Mais pas d'une manière arbitraire du génie à l'oeuvre mais plutôt comme la matière de quelqu'un qui sait regarder, écouter, voir, le regard de celui tout petit qui ne veut pas déranger mais qui est absolument passionné par ce qui se passe devant lui. Et ça c'est beau et vraiment touchant. En plus comme dit plus haut il y a un choix vraiment judicieux dans l'enchaînement des séquences dans ce qu'elles ont à raconter. Des sous-sols de l'Opéra, aux toits (magnifique séquence en effet) on aura l'impression d'avoir saisi quelque chose de ce qui se jouait ici aussi bien dans l'architecture du bâtiment, l'architecture de la danse et l'architecture de l'administration politique du lieu.
Malgré tout, je dois reconnaitre un poil de déception. Parce que le film est immédiatement beaucoup moins fort que ce que j'ai pu voir de Wiseman. Parce que le sujet me touche moins peut-être aussi. Mais je n'ai jamais été véritablement ému et secoué et pourtant Wiseman est généralement très fort pour ça. Et puis je voulais plus de répétitions, j'adore ces scènes, voir comment se discipline le corps, comment se construit le mouvement, sa décomposition, son processus créateur. Tout ça m'a fasciné.
Mais ça reste du bel ouvrage. Un peu froid pour moi c'est tout.

4/6

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CroqAnimement votre

Comme Art Core je trouve la demarche de Wiseman trop neutre, se contentant d enregistrer la vie d une institution planque dans un coin, pour y voir du genie, surtout que les scenes de genese artistique sont finalement plus importantes lors du travail avec les choregraphes (qui presente un mouvement en disant que c est comme les X men, ils ont des super pouvoirs mais ils peuvent pas les offrir au monde) que dans des scenes de repetition pour le coup repetitives et qui prennent les deux tiers de la place d un film de plus de deux heures trente.

Mais c est evidemment interessant et meme agreable de voir ce film qui a pris le temps de filmer son materiau sans jouer la carte de l identification genre pour Laetitia la vie de danseuse est difficile va t elle realiser son reve de devenir etoile ou se peter sa pointe lors de son pas de deux. Et bien non, Wiseman prefere filmer un apiculteur, des cantiniers, des ouvriers du batiment, des mecenes, la presentation d un nouveau systeme de retraites, ou les dialogues tres muppets de deux repetiteurs duellistes qui se renvoient la balle. Meme si ca ne fait pas completement sens comme un Depardon ou Notre pain quotidien (d ailleurs le seul Wiseman que je trouve sur le net tourne autour de l industrie de la viande), l artisanat facon Wiseman reste precieux.
4/6

C'est splendide. Un film important je crois.

Je n'ai pas grand chose à ajouter à la critique de TBA à laquelle je souscris totalement.
Pourtant c'était pas gagné vu que je ne connais rien à la danse ni à l'oeuvre de Wiseman et que la durée du film me faisait un peu peur. Mais putain qu'est ce que j'ai eu raison d'aller le voir!

J'aime comment Wiseman dirige l'oeil, suggère l'émotion par ses mouvements de caméra, par son montage. Il arrive parfaitement à capter la naissance de la grâce qui arrive succintement dans un mouvement. Il arrive aussi à donner une structure, un corps, un décor à cette grâce.
Mais il ne s'arrête pas là et nous fait ressentir un maelstrom des sensations que peut nous offrir la danse, c'est d'une intensité inouïe. La scène du faux sang est effectivement saisissante, mais je retiens aussi une scène où dans un simple gros plan sur les pieds d'une danseuse il nous fait ressentir toute la douleur qu'il peut y avoir dans ses mouvements quasi surhumains et nous apporte un oeil nouveau sur toute la séquence, c'est presque insoutenable.
Bref il y aurai beaucoup de chose à dire mais les mots me manquent.

C'est du grand art.

5.5-6/6

Et ça n'a rien à voir mais je me suis senti privilégié de voir ce film puis de sortir du cinéma et d'être simplement dans Paris. Presque un prolongement de l'oeuvre.

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VADE RETRO - Une histoire du cinéma d'horreur

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