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La genèse de l’album “Nebraska” au début des années 80, période au cours de laquelle le jeune musicien, sur le point d’accéder à une notoriété mondiale, lutte pour concilier les pressions du succès et les fantômes de son passé.

Disclaimer : je pense que je peux compter sur les doigts d'une main le nombre de chansons de Bruce Springsteen que je connais. Je ne sais pas si cela fait de moi le client idéal pour ce film ou, au contraire, un spectateur potentiellement largué.

Parce que ce biopic n'en est pas vraiment un ou du moins est-il de ceux qui font le choix judicieux de ne se focaliser que sur une période restreinte, voire un événement précis dans la vie de la personne, ce qui permet, en théorie, d'éviter la formule si malicieusement cernée par la parodie méconnue en France Walk Hard.

Et effectivement, le plus intéressant ici, en tout cas ce qui me parle le plus, réside dans les séquences illustrant le processus créatif, comment vient l'inspiration, comment la matérialiser en expression artistique, comment l'imposer face au formatage... Et bien évidemment, tout ceci est censé refléter le tourment qui habite le chanteur, hanté par son passé et donc incapable de nouer des relations au présent, et donc se nourrir de la dramaturgie humaine qu'on nous déroule en parallèle.

Or, dès le départ, c'est dépeint au travers de clichés, à base de flashbacks en N&B sur Papa Violent pour le passé et de couple qui périclite pour le présent dans des scènes éculées et pas très intéressantes. Le récit a pour vocation de traiter de la dépression mais en réduisant autant les fêlures que le chemin de la guérison à aperçus rudimentaires, l'ensemble demeure superficiel. Il n'y a guère que l'amitié sincère avec son producteur que je trouve touchante.

Jeremy Allen White est très bien même si sans doute trop proche de son personnage de The Bear et c'est mis en scène de façon compétente mais pas franchement passionnante par Cooper. Et comme je n'accroche pas vraiment à ce Springsteen-là (dans le film, le tonitruant "Born in the USA" est enregistré mais mis de côté au profit des chansons folk et je ne pouvais pas m'empêcher de penser comme le label qui le déplore).

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SPOILERS

J'adore Springsteen et j'ai été biberonné à lui. J'ai découvert l'album Nebraska quand j'avais genre 13 ans donc le sujet pouvait sur le papier m'intéresser. Cependant, à la différence d'un mec habité et chelou comme Jim Morrison, ou d'un caméléon insaisissable comme Dylan, Springsteen a toujours été un peu trop un mec normal pour mériter vraiment un film. Bon, j'avoue que j'ignorais que son père était un fiend et qu'il avait galéré avec une dépression, mais néanmoins qu'y avait-il à vraiment raconter sur lui ? Le fait de se recentrer sur l'écriture d'un album était sans nul doute l bon choix.

Mais le problème, c'est que ce film est raconté absolument n'importe comment et, esclave des faits, peine à dégager un sens qui se tienne. En fait c'est limite raconté à l'envers, c'est genre TENET. Je veux pas faire mon vieux lecteur de scénarios, mais en réalité il aurait fallu commencer avec lui chez le psy, ensuite le montrer se galérer, et ensuite peu à peu se débloquer par l'écriture.

Là on commence avec Springsteen au sortir d'un album réussi et personnel, porté par une tournée triomphale (d'ailleurs excellente scène de concert, j'en aurais bien pris pour 20 minutes non-stop), mais soudain bah... ça va plus. Et on sait pas d'où ça sort. A un moment Jeremy Strong dit un truc du style "Bruce culpabilise d'avoir coupé les ponts avec son milieu d'origine" mais on ne le sent pas du tout, le gars reste ancré les pieds sur terre à fond, à toujours traîner au Stone Pony et tout.

Ensuite l'album s'écrit relativement vite (aidé par la diffusion semblablement en boucle de BADLANDS à la télé ??)... mais juste après il écrit BORN IN THE USA qui n'a juste rien à voir, pour ensuite revenir sur Nebraska. Bon, là j'ai bien aimé tout ce qui avait trait au processus analogique de fabrication, comment l'art c'est de l'inspiration mais aussi de la technique qu'il faut harness.

Bref mais après tout ça Jeremy Strong lui fait un speech sur le fait que ça ne sert à rien de fuir, et Jeremy Allen White comprend, mais c'est quoi le truc suivant qu'il fait ? Il part à Los Angeles ! (avec pas un seul plan de la voiture qui roule dans le bon sens: les mecs vont vers l'ouest mais roulent vers la droite...) Et après Bruce finit par voir un psy et ensuite fondu au noir et dix mois plus tard il va mieux (et on n'a même pas droit à une nouvelle scène de concert à la fin pour nous réconforter). Et ensuite le panneau final nous dit que dans ses rechutes de dépression suivantes au moins il n'était plus seul. Alors que pendant tout le film on voit qu'il est entouré ! Par le gros technicien, par son pote Matty, par Faye, par Strong... A aucun moment on le sent vraiment seul.
Désolé mais je comprends vraiment rien à comment Cooper a choisi d'agencer les faits, on sent la narration chronologique mais qui peine à dégager une vérité ou un sens plus grand qui soit un tantinet limpide.

C'est con parce qu'y a des bons trucs. Jeremy Allen White est très bien (même si sa bouche fuyante de rongeur est antinomique avec le prognathisme de Springsteen - d'ailleurs il y a trente ans Michael Wincott aurait été parfait), et la relation avec Jon Landau est top: qui ne rêve pas d'avoir un producteur-pilier comme lui ? C'est vraiment Massinfect avec Rémi quoi. Et dieu merci ils ont coupé la réplique grandiloquente de la bande-annonce sur Springsteen qui va "heal the world".

Mais au final le sujet n'est pas assez fort en lui-même pour supporter un traitement aussi bancal et dispersé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

pas encore vu, mais :

1/ il y a une édition spéciale de nebraska qui est sortie et qui présente toutes les démos "electric", première version de l'album dans son style "classique" avant de le ré-enregistrer dans sa prod finale. y a aussi plein d'inédits. je ne sais pas dans quelle mesure tout ça était disponible avant mais c'est hyper sympa.
2/ ça a couté 55m, ça démarre bien bof aux us, bref ça ne fait pas les affaires du biopic de madonna - qui a budgété son film à 75m mdr. d'ailleurs un parfait inconnu a fini a 140m dans le monde, je pensais plus.

mais perso clairement un film sur la création d'un album clé ça m'intéresse beaucoup plus qu'un biopic classique.