
pour son premier film en tant que réalisateur, on pouvait s’attendre à ce qu’éric zemmour se lance dans un film historique voué à glorifier un épisode du roman national. c’est donc un choix surprenant de sa part de se lancer dans un film d’action netflix.
on reconnait néanmoins dès le début les obsessions de l’auteur. le choix du sport qui ouvre le film est parlant : un combat de mma ultra violent, importation à peine organisée des combats de rue les plus sauvages, loin des nobles sports européens.
c’est ensuite un festival des obsessions d’éric, illustrées de manière totalement décomplexée : la « mexicanisation » de la france, gangrenée par une criminalité organisée ultra violente et toute puissante, la deuxième ville de france qui n’a rien à envier au cap, medellin, ou san salvador. une ultra violence décomplexée, générale, au service du crime. évidemment, eric s’attache à montrer les blancs devenus une minorité ethnique. leur destin est ainsi lié à celui de l’état, globalement totalement absent et impuissant, réduits à se barricader à 12 dans un commissariat-bunker qui n’inspire ni respect, ni peur, totalement inefficace et gangrené par la corruption - encore un beau symbole de la tiers-mondisation du pays dénoncée avec tant de force par eric depuis toutes ces années et ici illustrée avec férocité. chaque aspect de l’histoire peut ainsi être interprétée à l’aune des obsessions de l’auteur. le jeune garçon au centre de l’histoire est un blanc issu de la classe moyenne qui se fait prendre dans le trafic de drogue tenu par les arabes - la corruption de la jeunesse par les criminels importés, donc.
alors bien sûr, tout ça parait parfois un peu too much. mais eric n’a jamais été connu pour sa modération, et il est donc logique que, tel un michael hanecke dans funny games, il filme cette célébration sans retenue de l’ultra violence criminelle, la glorification et la normalisation de la culture des gangs de « banlieue » pour mieux la dénoncer. ainsi, dans une bagarre, la souci constant est de chercher le coup qui rendra le mec en face tétraplégique. l’absence absolue de questionnement moral sur ce qu’il raconte, sur son impact sur le public, le mépris souverain pour la nuance et de respect pour la complexité des êtres et des choses - c’était déjà la marque de fabrique des saillies les plus iconiques d’eric sur cnews, et il a tenu à être fidèle à cette ligne de conduite ici. c’est d’ailleurs fait subtilement car si, dans l’absolu, l’héroine est une policière le problème n’est pas tant de faire respecter la loi ou quoi, elle mène son enquête après avoir été suspendue pour protéger un gamin qu’elle connait.
après, ce n’est pas vraiment son métier, scénariste ou réalisateur. c’est donc assez logique que tout ça ait une gueule de téléfilm tf1, que ça raconte son histoire en empilant les poncifs et sans aucune imagination, que ça dure 1h20 parce que vraiment on n’avait pas plus d’idées que ça, que absolument rien n’ait un quelconque intérêt cinématographique et qu’il n’ait pas eu après une seule prise l’idée de demander à alice bellaidi d’articuler vaguement, sans parler des décors qui sont systématiquement et complètement nuls - c’est quand même rare de se le dire scène après scène. à noter quand même qu'il a travaillé derrière un prête-nom, même si il aurait pu trouver plus crédible que le réalisateur de remi sans-famille pour faire ça parce que c'est absurde là.
ce qui est en revanche intéressant, c’est plus ce que le projet démontre en creux. là où le cnc dépense des millions dans sa subvention pour la diversité, où tout un cinéma mainstream financé par le service public et qui passe par les commissions est préoccupé par la « représentation » positive des « minorités » afin de les valoriser - il existe un monde parallèle où, dans le confort de l’argent privé, on peut donc filmer cette dinguerie absolue, où 100% des noirs présents à l’écran sont équipés de machettes monstrueuses, torturent en rigolant, ou sont juste des brutes épaisses ayant vocation à tuer à la première contrariété (point bonus pour le demeuré sur son canapé). il suffit d’avoir des instrus de rap dans la bo et de faire mine de s’adresser au segment « banlieue » de la base d’abonnés netflix pour pouvoir filmer ce tract qui n’a donc vraiment rien à envier aux saillies les plus extrémistes de la droite la plus radicale.
très futé de la part d’éric d’avoir cracké le code, avec 36 millions d'equivalents vues complètes et des pouces en l’air au lieu d’une énième condamnation judiciaire.
==> délirant <==