Forum de FilmDeCulte

Je comprends qu'on puisse trouver ça insupportable, mais je me suis pris au jeu.
J'aime ces longs couloirs où Adam Sandler se perd, ces jeux sur les focales, cette violence improbable, soudaine, et anxiogène, et cette romance mortifère, presque la promesse d'une tragédie hors-champ.

Et par-dessus tout, j'aime ce qu'Anderson propose : transformer un personnage glauque au possible (Sandler, que je n'aimerais franchement pas avoir comme voisin) en l'incarnation ultime du héros de romance, comme pour mettre pour de bon la comédie romantique face à ses contradictions. Ici, la poursuite amoureuse est littérale, et PTA en matérialise la dimension malaisante jusque dans les dialogues ("J'aimerais te défoncer le visage avec un marteau") : il nous dit donc, en substance, que le film romantique est d'abord affaire d'obsession, de traque. Et rien que pour ça, Punch-Drunk Love, ses couloirs, sa musique omniprésente, et ses délires psychédéliques méritent le détour.

4.5/6

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

Quand je l'avais découvert en salles, ça avait été une souffrance.
Tout ce qu'Anderson abat, dans le travail sur le son, dans le montage, dans ces floods de lumière surex, pour nous plonger dans la subjectivité d'un personnage hypersensible, assailli par le moindre son, sursautant face à la moindre apparition, fuyant le contact, m'avait profondément horripilé, comme une partition jouée sur mes nerfs, jusque dans ces interludes visuels synesthésiques or whatever.
J'en apprécie davantage le sens et l'utilité aujourd'hui et force est de reconnaître l'audace d'un cinéaste proposant un film aussi radicalement différent de ses trois précédents, même s'il est toujours question de difficulté de communication et de solitude. Tout comme je trouve pas inintéressant le parti-pris de faire, en somme, "un film d'Adam Sandler", où l'on reprend tout ce que l'acteur a pu cultiver dans sa filmographie de protagonistes parfois neuneus et surtout vénères mais toujours promis à l'amour, réinterprété en une version onirico-expressionniste qui lorgne vers Tati.

Cela étant dit, je ne ressens pas plus d'empathie pour ce personnage, ou pour son love interest pas moins barré dans le fond, et ce malgré quelques scènes amusantes avec ses soeurs oppressantes (la longue séquence de la première vraie rencontre arrangée est vraiment la plus réussie). En fait, je ne crois pas vraiment à cette histoire, à la façon dont elle est précipitée, en dépit de détails de caractérisation express (l'intérêt de Lena pour Barry né de leur différence originelle : la fille unique intriguée par un mec qui a 7 soeurs). Je trouve que le scénario, délibérément court, trahit trop sa nature de mélange d'histoires et d'anecdotes hétérogènes (le coup des pudding et des miles provenant d'une histoire vraie, le Mattress Man inspiré d'un autre vrai gars, l'harmonium abandonné et rafistolé réellement arrivé au compositeur du film) et si j'entends qu'Anderson lie cette sous-intrigue coenienne d'arnaque tentée par un vendeur de matelas et des frangins mormons est là pour montrer comme L'Amour donne enfin une dignité et une raison de se battre (littéralement) à un dépressif seul et victimisé, la mayonnaise ne prend pas vraiment à mon goût.

Donc voilà, c'est mieux passé cette fois, j'admire l'essai et ça me fait ricaner par moments mais c'est toujours pas très touchant.

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