Italie, entre le Lazio et l'Ombrie, époque des guerres entre Guelfes et Gibelins et de la peste.
Un village est décimé une troupe de routiers.. Un fort et preux chevalier germanique, bien équipé et s'interpose, parvient à repousser les assaillants, mais est lui-même tué par les survivants qui le dépouillent.
Ceux-ci trouvent dans ses effets un parchemin qui le mandait de se rendre au château d'Aurocastro, dans les Pouilles, bien plus au sud, qu'il pouvait considérer comme un fief à condition d'en assurer la sécurité. Ils projettent de revendre la missive à un modeste commerçant, juif, puis montent ensemble une combine pour la remettre au chevalier errant local, le vaillant mais très modeste Brancaleone di Norcia, à la jument jaune, avec l'idée qu'en se rangeant derrière d'un seigneur affaibli, il leur sera ensuite facile de se partager le propriété du fief.





Croisement entre la comédie parodique médiévale (comme chez les Monty Python bien documentée historiquement, ), lla comédie sociale de l'époque (avec la combine vue comme une manière ratée de sortir du lumpenprolétariat), la fable philosophoique du
Septième Sceau , mais dans une version revue et corrigé par Gotlib et l'heroic fantasy psychédélique.
On pense tout autant aux
Visiteurs (visiblement influencé par ce film, notamment dans la recrétation d'une langue médiévale à la fois précise et foutraque) qu'à
Honor de Cavalleria d'Albert Serra ou
Peau d'Ane de Demy (également beaucoup à
Promenade avec l'Amour et la Mort de Huston, directement influencé par ce film, en en conservant la philosophie à la fois mystique, fataliste et hédoniste, et l'univers visuel, mais en se départissant de l'humour). Le film a été présenté à Cannes, a connu un certain succès en Italie au point d'avoir donné lieu à une suite, parait-il réussie .
Dans la distribution on a un bon duoi Vittorio Gassman en Vittorio Gassman avec Gian Maria Volonté en dernier héritier gâté et morose de la dynastie byzantine, dans une magnifique coupe au bol et de non moins magnifiques collants blanc et fuschia, Catherine Spaak en jeune dame à marier plutôt nymphomane et pas mécontente des dangers de la route (partie qui fait penser aux Cenci de Stendhal tiens), et une jument teinte en jaune, vrai premier rôle (qui a le plus belle scène du fin, avec une ourse plaquée par son mari humain).
Le segment central est vraiment très bon, c'est l'humour de Sacré Graal ou de la Vie de Brian (en plus subtil et lo-fi) filmé par le Bergman médiéval de la Source, makis avec des couleurs qui pêtent.
L'utilisation du paysage (et des villes) italiens est extraordinaire, du niveau de Nostalghia de Tarkovski, mais dans une perspective inverse, ironique vis-à-vis de la religion (il y a un point de vue fort sur le fanatisme religieux avec notamment une improbable croisade de gueux animée par un mystique anabaptiste qui veut atteindre Jerusalem, mais doit tout d'abord franchir plusieurs ponts de singe dont la solidité est douteuse, autant d'occasions de vérifier l'existence de la grâce et de la prédestination divine, et la tolérance avec le personnage du commerçant). Le tout sur fond de musique pata-mahlérienne qui va bien.
L'esthétique du film est aussi curieuse, à la fois minutieuse et, au plan des costumes, totalement psychédélique et
googie (le passage dans le palais des derniers Byzantins est impressionnant, rétro-futuriste S-M, parodiant une imagerie à la Crepax ), le film capte bien le style naissant de son époque.
Après la fin m'a semblée moins tenue et un peu répétive, même si impressionnante visuellement, et assez émouvante.
On remarque aussi bien toute l'ambivalence de la comédie italienne, pour laquelle Gassman est très fort : les personnages sont veules, manipulateurs, mais aussi sincères, posant leur existence en terme de recherche de valeurs pour à la fois venger leur humilation sociale et se la cacher, enclins au sacrifice pour autrui : dès lors tout réside dans la séparation entre le ridicule de la situation et le cynisme collectifs perçus par les spectateurs, et la conscience d'un échec moral réel qui n'appartient qu'aux personnages, les faits exister et les rend autonome : exprimer simultanément a finitude à la fois d'une société et d'une intention, comme si elles étaient des fautes.
3.5/6
Cela pourrait aussi parler aux amateurs du
13ème Guerrier voire
Game of Thrones., il y a aussi un côté
Kagemusha dans l'histoire.