Forum de FilmDeCulte

Dora, ex-institutrice, gagne sa vie en écrivant des lettres pour les migrants illettrés à la gare centrale de Rio. Ana et son jeune fils Josue font appel à ses services pour retrouver le père de Josue. Lorsque Dora rentre dans son petit appartement de banlieue, elle fait le tri des lettres de la journée, en envoie certaines, jette les autres et en garde une partie dans un tiroir. C'est ce qui arrive à la lettre de Josue. Quand sa mère meurt, renversée par un bus, Josue demande à Dora de l'aider à retrouver son père. D'abord insensible, Dora finit par accepter de l'aider.



De Salles, qui s'est complètement perdu aux US, j'aime beaucoup Carnets de voyage, en tout cas suffisamment pour avoir envie de me pencher sur ce Central do Brasil, qui a excellente presse.
Et bah, même si c'est pas transcendant, j'ai quand même bien accroché, avec ce mélange étrange de réquisitoire contre l'indifférence et de chronique sociale souvent cruelle, résultat qui détonne assez violemment avec la réputation de feel good movie que se traîne le film.

Central do Brasil, c'est un portrait de femme (superbe composition de Fernanda Montenegro), bien sûr, une histoire d'amitié, mais c'est surtout une peinture acerbe d'un pays où règne l'indifférence, où la misère est un spectacle si courant qu'il ne choque plus personne, où l'on s'exploite à tout va, et où l'on invoque Jésus avec fanatisme tout en détournant les yeux de la souffrance de l'autre. En résulte un mélange très étrange, qui permet à l'humain de réagir avec d'autant plus de flamboyance que le macrocosme, lui, est d'une grande laideur. Mais Salles sait filmer tout ça sans juger, et même s'il force parfois le trait et qu'il n'évite pas toujours le mélodrame, le résultat reste très recommandable.

4/6

_________________
"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

le carton de son nouveau film (sous-accueilli en france par rapport au reste du monde, j'ai l'impression ? si il y a pas le tampon cannes blc ?) m'a fait me repencher là-dessus, film dont je me souvenais comme phénomène art & essai - films du monde, et même si ça n'avait fait que 600k en france, ça avait eu un parcours magnifique en festivals et en récompenses diverses - nomination à l'oscar de la meilleure actrice, stp.

c'est un très joli film, pas un immense rien du tout, effectivement le genre de films qui plait beaucoup sur le coup puis disparaît un peu ensuite...
mais c'est très joli.
le portrait croisé du pays et des personnages est magnifiquement fait, dans une histoire à la fois intelligente et qui semble organique. il y a la beauté du pays, son pittoresque, le charme de son peuple, et en même temps l'ultra violence sociale, la misère, les habitants livrés à eux-mêmes en permanence, le religiosité exacerbée qui est à la fois sincère et en même temps ressemble à la bouée à laquelle se raccroche un noyé...
et il y a les personnages, pas très sympathiques, pas vraiment antipathiques, mais qui se retrouvent et se raccrochent l'un à l'autre comme un noyé à une bouée...
c'est très simple, plein de vie et d'authenticité, c'est très dur parfois tout en ayant une forme d'acceptation résignée face à cette violence protéiforme.

hâte de voir le nouveau, je trouve ça chouette ce come-back.