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aka Hard Times

Excellent premier film de Hill, un peu sage peut-être, comme cet enfant qui ne veut pas se faire remarquer. La recréation de la Louisiane pendant la Grande Dépression est magnifique, quoique l'on ressente pas vraiment la catastrophe économique qui vient de se produire. Le film baigne dans une douceur sudiste, un sentiment de gentilhommerie qui émousse - à peine - la violence qui sévit dans ces parages. Lumières, décors, textures sont magnifiques, mais sans ostentation, la reconstitution coule naturellement, avec un beau relief (trains et bateaux à vapeur notamment, le cinéma viriliste de Hill accorde une attention toute particulière aux prodiges de la mécanique), des décors variés (diner, café, piscine, cage rectangulaire, dans laquelle se tient le combat du milieu du film, surmontée de plusieurs étages avec le public, que Hill se délecte à filmer en plongée totale, usine d'ouverture d'huîtres).
Kael en parlera beaucoup mieux que moi, notamment quand elle évoque cette reconstitution qui semble n'avoir vocation à exister que pour elle-même. Et oui il y a cette idée qu'elle se suffit à elle-même, que ce qui se passe à l'arrière-plan est presque plus intéressant que le prétexte d'histoire."Hill fills in the Louisiana backgrounds—a black Pentecostal church meeting, a steamboat, a fair on the bayous—with reverent care, like the artists who painted detailed landscapes around the Christ figure."
Autre remarque très bien sentie :"The Depression is needed to explain Bronson's gnarled face and to ennoble it. Put him in modern clothes and he's a hard-bitten tough guy, but with that cap on he's one of the dispossessed—an honest man who's known hunger."

Je préfère le remake de Sheldon Lettich.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Dans les années 30, en pleine dépression, un chômeur, Chaney, décide de se lancer dans les combats de boxe clandestins. Il s'associe avec Speed, un manager douteux, qui a des relations (et pas des meilleures) avec le milieu.

Walter Hill allait faire du western son genre de prédilection et on sent que certains codes (l'étranger taiseux et disruptif qui arrive dans une nouvelle ville, la musique) infusent déjà dans ce récit pourtant éloigné du genre et pour lequel il choisit de situer l'action durant la dépression, rebaptisant le film de The Streetfighter à Hard Times, titre qu'il partage avec un roman de Charles Dickens et qui semble confirmer la démarche du cinéaste pour hisser le film au-delà du simple film de castagne. Pourtant jamais surligné, le contexte joue un vrai rôle - Hill favorise les compositions en plans fixes faisant état de ces décors loin du luxe (hangars, sous-sols, usines) où se livrent les combats -comme le casting d'acteurs quinquagénaires (de westerns notamment) dans cette histoire de pauvres abîmés par la vie qui essaient de s'en sortir comme ils peuvent (aka avec leurs poings et leur tchatche donc).

J'apprécie l'économie dans l'écriture, comme cette relation sentimentale attestant à elle seule d'une envie de normalité et de domesticité qui, lorsqu'elle échappe au protagoniste, le renvoie à ses comparses losers, mais ça manque tout de même un peu de vraie dramaturgie pour réellement impliquer le spectateur et ça s'appuie à la place sur des facilités un peu simplettes (Speed qui paie pas ses dettes malgré plusieurs menaces et alors qu'il est plein aux as, je veux bien que ça puisse être fidèle à la réalité des accros au jeu mais narrativement, c'est faiblard, Chaney qui remporte absolument tous ses combats et surmonte tous les obstacles aussi).
Hill favorise une certaine sécheresse appropriée dans les bastons mais n'évite pas une certaine mollesse. Il visait certainement un film doux et c'est peut-être là aussi ce qui distingue le film du tout-venant mais l'ensemble demeure tout de même léger.

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