Forum de FilmDeCulte

Film composé de rushes qui remontent à jusqu'à 2001, de plans issus de certains de ses films et d'images tournées exprès depuis la pandémie, la différence étant visible par le spectateur à travers les ratios d'image. Bel exercice de style du cinéaste, mais pas seulement.

Ceci dit, il m'a fallu du temps pour rentrer dedans, parce que c'est dans un premier temps extrêmement décousu et je me suis un petit peu ennuyé (Le Monde parle de "fable trépidante", mdr). Et puis l'intrigue certes ténue mais finalement assez touchante commence à prendre l'ascendant. Il y a ce beau moment où les coins des images de l'héroïne, qui a le spleen après sa rupture, s'embrasent pour évoquer le temps qui passe et détruit.

A travers cet entrelacement de l'amour déçu et du développement de la Chine, Jia Zhang-ke compose une fresque douce amère de son pays. Le boom chinois est vu non pas comme une chance mais comme un arrachement et une déshumanisation progressive, dont le Covid n'est qu'un aboutissement: on passe des chants qui se succèdent entre copines à l'interaction laborieuse mais visiblement ô combien nécessaire à la protagoniste avec un robot, qui seul parvient à soulager temporairement son extrême solitude.

Comment me décourager de voir ce film...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Ce qui est bien avec une coquille vide, c'est qu'on peut y projeter absolument tout et n'importe quoi, et la critiques fr ne s'en est pas privée si j'en crois les extraits Allociné hallucinants. Leur feu d'artifice d'adjectifs dithyrambiques prouve plus à quel point JZK continue (de façon totalement abusive, puisque ce film n'est rien d'autre que ses poubelles avec en prime un court-metrage publicitaire sur "la Chine d'aujourd'hui") à avoir la carte gold que la qualité réelle de son fillm...

Ma critique du film est ici : https://www.chinesemovies.com.fr/films_ ... _tides.htm

Ta critique me parait bien trop virulente, notamment sur la partie publicitaire (la Chine qui est présentée dans le film me paraît peu désirable surtout dans la dernière partie, et le jogging final évoque davantage une volonté d'émancipation du peuple qu'une soumission au pouvoir).
Et le recyclage n'est en soi pas un défaut il me semble, il faut voir ce qu'il en fait. Mais je manque sans doute de recul. Il faut vraiment que je voie Still Life pour mesurer l'apport réel. Néanmoins comme oeuvre prise isolement (80% des gens n'auront pas vu toute sa filmographie...) elle est intéressante, à défaut d'être pleinement convaincante.

C'est ton point de vue personnel, mais la question est : est-ce que c'est conforme ou pas à ce que le pouvoir veut montrer de la fameuse période covid 19 ? La réponse est : oui totalement. Ce passage s'inscrit à 100% dans le récit de propagande qui cherche à réécrire ce qui s'est réellement passé de façon soft, en glissant au passage un peu de techno pour montrer comme le pays est aujourd'hui à la pointe... Je t'assure que les gens qui ont osé s'emanciper de la politique zéro-covid chinoise - de différentes manières - au moment où cette dernière tuait des gens confinés chez eux en raison d'accidents divers et variés et n'était en place que pour pouvoir assurer un cadre tranquille au 20e congrès du PCC, c'était tout à fait autre chose que des gugusses qui couraient ensemble... Tout ceci constitue un sujet absolument tabou en Chine aujourd'hui.

Que le film ne soit pas une charge virulente et frontale contre le pouvoir, soit, mais qu'il soit un film de propagande comme tu le dis c'est lunaire et c'est juste passer à côté de nombre d'indices qui accréditent plutôt un film corrosif et ironique. Par exemple, souligner la mention de l'échec de la politique US comme un élément de ta démonstration, ca me semble un contre sens, puisque ce moment est d'une ironie patente, d'autant que tout le reste du film montre le côté dépressif de la société chinoise.

Il me semble que qq instants après ou avant on voit des personnes âgées masquées danser ensemble, représentation très dépressive de la société chinoise sous la politique zéro-covid...

Tu te trompes complètement Scieneczéma

Sur le fait qu'il filme souvent les chinois danser

"Il suffit de se rendre dans un parc et d'observer. Je pense que c'est le seul moyen, pour nous Chinois, de nous libérer et de nous exprimer."

"nous les chinois...", le genre de formule à l'emporte-pièce extrêmement caricaturale (écueil que je mentionne ds mon texte) que j'adore, mais si on suit la logique j'imagine qu'il n'y a rien à redire comme il est lui-même chinois...

Donc en gros si je vous résume, toute cette dernière partie est finalement hautement contestataire (je l'ai aussi lu chez certains critiques pro). C'est de mon point de vue une aberration, même pas par rapport à ce que je pense personnellement, mais par rapport à la réalité même de ce qui s'est passé en Chine pendant la politique zéro-covid et que visiblement même les gens non soumis à la propagande chinoise et qui ont eu des aperçus dans les médias occidentaux se sont empressés d'oublier. Tout est VOLONTAIREMENT faux dans cette partie, des réalités de la politique zéro-covid aux manières dont une partie de la population a lutté contre ses excès délirants (qui de toute façon n'apparaissent pas dans le film) au lieu de rentrer dans le cadre stéréotypé comme toujours bien commode de la résilience.

Je ne connais pas bien le cinéma chinois, mais une critique frontale, elle est censurée et n'est même pas produite, on est d'accord? Donc à partir de là, ne vaut-il pas mieux sortir un film plus insidieusement critique que ne rien sortir du tout? Je trouve qu'il y a dans ton genre de propos un côté un peu moralisateur confortable depuis la France.

Je pense que c'est effectivement l'une des raisons pour lesquelles il est quasiment impossible de trouver un texte critique de son film (même si par exemple aux Cahiers je vois dans le conseil des 10 que certaines personnes n'ont pas aimé du tout), ce que je regrette absolument (pour moi c'est au contraire ce côté "pis aller" qui est très paternaliste) et je réponds à ta question en te renvoyant à mon texte dans lequel est mentionné le film de Lou Ye. Il faut aussi mentionner, c'est très important, à quel point cette partie est faible d'un point de vue de la mise en scène et ne ressemble plus en rien à ses premiers films, c'est lié car d'images de documentariste officieux de la Chine il est passé publicitaire officiel. Enfin rangeons notre regard critique, nous parlons de la Chine, après tout n'est-ce pas ce que son régime peut rêver de mieux ? Je n'en dirai pas plus.

Mais lol "publicitaire officiel", tu te rends compte à quel point c'est excessif comme expression? A partir de là oui tu peux t'arrêter.

Surtout que c'est tellement faux. Jia montre à quel point cette Chine moderne est une entreprise de déshumanisation, que le biz a remplacé l'amour, que la corruption est partout. Paie ta pub...

C'est précisément par rapport à vous que le mec peut se positionner comme radical, il applique juste une sorte de coefficient de transformation à vos propos.
Son problème est moins le contenu des films que leur réception.