Forum de FilmDeCulte

aka 5 Septembre



Jeux Olympiques de Munich de 1972. L’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions, pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens.

Sur le papier, c'est ma came. Mais très vite, plusieurs soucis se révèlent, certains narratifs, d'autres thématiques.
Assez vite, j'ai du mal à saisir un réel...enjeu? Je veux dire, je suis bien conscient que le but de journalisme est de couvrir l'actualité mais il n'y a pas d'enquête ou quoi, c'est pas Les Hommes du Président, c'est tout juste du reportage, c'est "on est sur place donc on envoie un gars et une caméra pour...se contenter de commenter ce qu'ils voient", sachant qu'il s'agit d'une prise d'otages et donc qu'ils ne savent rien.

La situation est cocasse - c'est le service sport qui se retrouve à couvrir ça - mais on ne devine pas vraiment dans la caractérisation des motivations palpables, au-delà d'une éventuelle ambition et de la quête de l'audimat, autrement dit des moteurs pas très éthiques. J'ai donc eu du mal à me sentir impliqué dans ce récit factuel quand bien même la reconstitution temporelle (hey les technologies de jadis pour inscrire un nom à l'écran) et claustrophobique (on ne quitte globalement jamais la régie) est efficace, avec son faux grain et sa caméra portée '70s relativement impersonnels (le scénariste-réalisateur a signé un film d'horreur post-apo et un thriller SF).

Je me suis vraiment demandé si l'approche du sujet n'était pas un peu déplacée quand les questionnements sur le dilemme moral inhérent au journalisme télévisé pointe enfin timidement et tardivement le bout de son nez, allant même jusqu'à interroger la potentielle complicité des médias dans la pérennisation du terrorisme.

Mais c'est là que le bât blesse aussi. Le film se veut un compte-rendu objectif, choisissant de ne pas plonger dans l'historique du conflit israélo-palestinien pour ne pas prendre parti et ne parler que de journalisme mais c'est un positionnement au mieux naïf et au pire malhonnête, trahissant ses biais (humanisation des juifs mais à peine un mot questionnant l'emploi du terme "terroriste" et une réplique en mode "pas d'amalgame" de Zinedine Soualem). Et l'ironie c'est que le film ne questionne finalement pas le rôle du journalisme tout comme il ne questionne pas le sien, inconscient de ce qu'il montre.

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La prise d'otage des J.O. de Munich m'intéresse depuis l'adolescence, où j'avais lu un livre sur la traque des terroristes (me disant que ça ferait un bon film...). J'avais ensuite vu le film de Spielberg bien sûr mais aussi ONE DAY IN SEPTEMBER et même le téléfilm SWORD OF GIDEON.

Bref, le sujet me botte, surtout que l'angle choisi ici me parle complètement. D'abord par la rigueur de son point de vue: une immersion en apnée greengrassienne dans la régie. Zéro backstory, en est dans l'instant présent. Belle photo contrastée et granuleuse qui matcherait d'ailleurs parfaitement au sein du Spielberg. Le film passe en un éclair et j'ai senti la salle bien absorbée.
Ensuite par mon kink "process et technologie rétro" qui me donne l'impression d'être sur XHamster: bancs-titres, bain révélateur, oscilloscope et autres nodals. Je jouis.

Après, le film est quand même hyper-wiki et a du mal à atteindre à quelque chose de plus vaste. Je retiens cependant l'émergence de la notion de terrorisme, qu'on prend pour acquis désormais mais qui à l'époque semble émerger, et les proto-questionnements sur les rôles des médias (ça m'a fait penser un peu au fil à retordre donné par les chaînes d'info en continu pendant la double prise d'otage imprimerie/HyperCacher). C'est mieux que CIVIL WAR.

En tous cas je sais pas si c'est parce que le film a été écrit voir même peut-être tourné avant le 7-Octobre, ou bien est-ce parce que c'est une prod allemande et qu'ils ne prendraient pas le risque d'insinuer un seul instant que les Israéliens sont autre chose que des victimes, mais j'ai apprécié que le film remettait quelque peu l'église au milieu du village en décrivant l'horreur abjecte du geste, sans faire de contorsions en mode bretzel pour créer la fameuse "équivalence morale" qui n'a pas lieu d'être sur ces 24 heures.

Et puis sinon c'est cool de retrouver John Magaro ; de constater que Ben Chaplin est vieux ; et c'est marrant de voir qu'après Mouna Soualem dans MUNICH on a son père dans celui-ci (d'ailleurs quand je le croise à Aligre je lui poserai des questions dessus).

Par contre on a droit au "Greatest hopes and biggest fears" de Jim McKay, mais malheureusement pas le "Weird...", remboursez.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste