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MessagePosté: 29 Sep 2024, 18:50 
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Sur des travellings ou des longs plans fixes de New York (métro, rues, façades) qui racontent en creux son quotidien, la cinéaste lit les lettres envoyées de Belgique par sa mère, cordon ombilical la rattachant encore à son roman familial. Au seuil l’une de l’autre, la parole et l’image finissent par se confondre...

Un an après la ressortie du désormais panthéonisé Jeanne Dielman, c'est au tour de 16 autres films d'Akerman, dans de belles copies restaurées, en 2 salves début et fin Septembre. C'est un peu l'embouteillage au niveau des sorties/ressorties et autres cycles à la cinémathèque/fondation Pathé, mais après la découverte enthousiasmante du meilleur film du monde l'année passée je me voyais mal passer totalement à côté de cette occasion. Pas facile de choisir parmi ceux du premier cycle, plusieurs me faisaient de l’œil, mon choix c'est finalement porté sur celui qui suit chronologiquement Jeanne Dielman, et dont pour ce que j'en avais lu laissé présager d'une même rigueur dans la mise en scène. Je n'ai pas été déçu.

Le dispositif est d'une certaine manière extrêmement simple. A l'écran des plans séquences tournés à New York (rue, métro), quand la bande son est elle composée des bruits de la ville et des lettres lues par la réalisatrice, celles qu'elles recevaient alors de sa mère. Le film débute au petit matin, les rues sont relativement calmes, la lettre lue parfaitement intelligible. Puis progressivement les scènes se passent de plus en plus tard dans la journée, la bande sonore est saturée des bruits de la circulation automobile ou du son assourdissant du métro (vous savez, celui qui vous obligent de monter le son pour bien entendre votre musique). Il devient alors plus difficile de suivre la teneur exacte des lettres, certains passages étant mêmes totalement recouvert par le bruit ambiant. Ce qu'Akerman veut alors faire passer est parfaitement clair, l'éloignement progressif d'avec la mère et l'emprise de plus en plus forte de NY sur sa vie.

Le risque, c'est qu'avec un dispositif aussi corseté le film tourne rapidement à l'installation d'art moderne et que l'évolution nous apparaisse comme trop programmatique. Akerman a heureusement suffisamment de talent pour transcender son dispositif, et aussi pour se démarquer de son précédent. Dans Jeanne Dielman la mise en scène était une sorte d'outil scientifique qui captait la monotonie routinière de Seyrig, qui l'auscultait jusqu'au tréfonds, et qui par sa permanence (sa persévérance même) finissait par saisir le moment où cette routine déraillait. Dans News from Home c'est totalement différent, c'est (on le ressent très rapidement) un point de vue parfaitement subjectif, celui d'Akerman qui scrute la ville, qui est tout d'abord extérieure puis se fond de plus en plus en son sein. Les premiers plans séquences sont d'ailleurs totalement fixes (le premier semble même se passer au fond d'un cul-de-sac), comme un point de départ pour débuter la découverte de la ville, et puis tout d'un coup survient le premier pano dont l'effet est comparable à celui de l’apparition de Seyrig décoiffée. La première réussite d'Akerman, c'est d'avoir vraiment réussit à saisir ce sentiment de l'étranger qui arrive dans un nouveau lieu, y prend ses marques, fait preuve de curiosité pour tout un tas de détails que le local ne voit plus. Certaines séquences (celles dans le métro en particulier me concernant) sont vraiment très belles, très composées, on observe les new-yorkais dans leur routine journalière, on saisit des moments de grâces que d'autres ne savent plus voir.

L'autre réussite, au travers de la lecture des lettres de sa mère, extrêmement prosaïques (elle y parle de ses soucis de santé, de la vie des proches qui se fiancent ou se séparent, du fonctionnement du magasin), c'est qu'elles captent parfaitement la difficulté d'une mère à laisser partir son enfant. Qu'elles en disent trop ou pas assez sur la distance qui les séparent, le fait qu'elles ne se soient pas vues depuis longtemps, que tout simplement elle lui manque, ce n'est jamais qu'une ligne au début ou à la fin de la lettre, mais on ressent à quel point cette mère souhaiterait l'exprimer beaucoup plus, beaucoup plus fort, beaucoup plus longuement, mais qu'elle se contient, parce qu'un jour il faut bien accepter que la progéniture grandisse et décide de mener sa vie comme bon lui semble et où elle le désire. Toutes cette retenue, toutes ces précautions dans ce qu'elle s'autorise d'écrire sont bien évidemment ce que les lettres contiennent de plus touchant. Et en retour nulle lettre écrite par Akerman, son film ayant valeur de réponses à toute cette attente.


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MessagePosté: 29 Sep 2024, 19:03 
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Tu me rassures. Il est dans ma liste Sight and Sound mais ce que j'avais lu du dispositif me rebutait un peu (et j'ai pas trop aimé "Je tu il elle").

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MessagePosté: 29 Sep 2024, 19:07 
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Fire walk with me a écrit:
j'ai pas trop aimé "Je tu il elle".

Pas vu...

Le dispositif est là, mais le film va largement au-delà je trouve. Il m'a rappelé le cinéma de James Benning (d'ailleurs la vue de NY dans USA est quasi identique à celle qui ouvre le film), ou 24 Frames de Kiarostami, mais pour le coup chez eux l'ennui point assez rapidement. Jamais ici.


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MessagePosté: 30 Sep 2024, 08:51 
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J'ai vu ta note sur LB et je me suis rappelé qu'il fallait que je le voie.

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MessagePosté: 30 Sep 2024, 09:03 
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J’ai envie d’enchaîner avec Les Rendez-vous d’Anna mais je ne sais pas si je vais réussir à le caser. Dans le doute j’ai acheté le coffret qui sortira chez Capricci (en réduction jusqu’à ce soir).


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MessagePosté: 30 Sep 2024, 10:02 
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Les RDV d'Anna c'est bien, un de ses meilleurs.
Rappelle la Sainte Putain de Fassbinder mais aussi une version féminine de la Modification de Butor : bon film de train européen "post moderne". Comme le livre de Butor le film semble tourner autour de la mort des idéologies politiques, diluées dans une crise culturelle européenne -bien être matériel mais culpabilité historique qui deviendrait un projet, mais au fond personne ne croit à l'aspect consolateur de ce discours apparent. Il s'agit de la simulation d'un deuil, le personnage le sait et en est d'autant plus inquiet.

Apparemment sombre mais il y aussi un certain humour: le mec qui mobilise la culpabilité et le mal-être allemand à la Wenders voire Paul Celan ou Thomas Mann : très joli monologue, mais c'est principalement pour mieux se taper Aurore Clément en essayant de l'apitoyer, ou encore le ballet des femmes de ménages à l'hôtel d'Essen qui anticipe Golden Eighties.

Il y a certes des phrases qui anticipent son suicide
si tu n'as personne et pas d'enfants quand les parents meurent tu n'es plus rien. Tu le sais?
de même que l'obsession pour les fenêtres, Aurore Clément comme perpétuellement tentée de les traverser.

Et il y a le record de vitesse ferroviaire belge : Welkenraedt - Louvain en deux minutes. Ainsi qu'une des plus belles scènes de clopes du cinéma.

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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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MessagePosté: 30 Sep 2024, 12:30 
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Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
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MessagePosté: 01 Oct 2024, 11:08 
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Une évidence. Un dispositif à la fois d'un confondante simplicité mais qui renferme tellement de choses que ça en fait un visionnage passionnant. Alors que le film n'est que la répétition d'un système mis en place dans ses premières minutes, plus il avance plus son acuité psychologique se fait profonde et complexe, plus il interroge d'éléments selon un schéma tridimensionnel où une mère écrit à sa fille qui elle filme la ville et nous en face confrontés à cette longue balade newyorkaise racontée par le vide d'une voix off racontant l'absence. Dans un ce qui est pour moi la quintessence d'un cinéma en soustraction à la pureté totale du geste (que les plans sont beaux, fixes, composés, que les panoramiques sont fluides), j'y ai vu l'un des films les plus forts sur une relation mère/fille qu'il m'ait été donné de voir.

Les lettres d'une mère sans que l'on n'entende jamais les réponses, lues par la cinéaste sur des images d'une ville, New York, sans aucun fantasme, sans aucune joliesse particulière, ni volonté de raconter quoi que ce soit de la ville autre qu'un regard neutre, souvent symétrique sur la rue (on ne rentrera dans aucun bâtiment, sauf dans le métro), sur sa population (qui regarde souvent interloquée la caméra). On commence à sa périphérie et peu à peu on a le sentiment de revenir vers le centre à la faveur de quelques panoramiques et surtout de voyage en métro. Difficile de ne pas y voir une fuite, un refus d'affronter ce quotidien raconté par sa mère. Elle répond à ces lettres, la mère le dit (même si elle se plaint que ce n'est pas assez) mais on n'en saura rien. De même on ne verra jamais le visage de la cinéaste. Lors d'un trajet en métro un vague reflet, peut-être sans qu'on en soit sûr. Tout le film n'est que son regard et si l'on imagine que l'on est dans ses yeux elle ne fait que ressasser les mots de sa mère, sans doute à la fois réconfortants mais également la marque permanente de son absence, de la culpabilité que cela entraîne etc... Et ses yeux semblent chercher quelque chose dans la ville sans ne jamais le trouver.

C'est un film profondément déprimant, très clairement marqué par une forme de dépression. En le mettant en miroir avec Les rendez-vous d'Anna (film qui n'a cessé de grandir en moi et que je considère aujourd'hui comme un quasi chef-d'oeuvre), on a le sentiment d'être dans les yeux du personnage. Déracinée, loin de chez elle, incapable de se connecter à son environnement, condamnée à n'être que le témoin de la vie qui passe dans une fixité terrible et inextricable, uniquement transcendée par le train (le métro ici ou plus tard, une voiture ou un autobus), immobile encore dans un véhicule, le regard fixe sur l'extérieur, sur les autres sans jamais entrer en contact avec eux. Même plus prosaïquement le projet en lui-même résonne comme une forme d'echec total pour la cinéaste. Voilà le résultat de ce voyage, voilà ce qu'elle en a fait. Une longue errance solitaire hanté par les mots de sa mère qui répète à longeur de lettres qu'elle lui manque et qu'elle souhaite son retour. Et elle, la cinéaste, qui s'efface peu à peu alors qu'elle dessine un voyage concentrique vers le coeur de la ville où le bruit finit de tout recouvrir, elle semble se faire presque dévorer à la fois par cette présence maternelle étouffante dans sa bienveillance et par une ville dont l'aliénation nous est totale, on ne rentrera nulle part, on restera à l'extérieur de tout, de toute vie, de toute intimité, de tout sentiment de foyer. Un film littéralement sans domicile fixe. Jusqu'à son dernier plan qui sonne comme l'echec le plus patent, celui du retour inévitable. Dévorée par la ville la cinéaste n'a d'autres choix que céder aux sirènes de sa mère qui à la fois la sauve d'une dévoration complète et fatale par une mégalopole avide mais qui en même temps la condamne à n'exister qu'à travers sa voix (enfin la voix de la cinéaste qui lit les mots de sa mère, ce qui est d'autant plus troublant) qui la rappelle telle le chant d'une sirène auquel on ne peut resister. Et quand on sait quel est le dernier film de la cinéaste et sa fin de vie (un film sur sa mère [que je n'ai pas vu] et son suicide à peine 1 an et demi après sa mort visiblement partiellement motivé par son absence) ça ne peut que résonner d'autant plus douloureusement (sans tomber dans la psychologie de comptoir).

Indéniablement un très grand film. Là encore après Jeanne Dielman une étude sur le temps, sur sa dilatation esthétique d'une maturité exceptionnelle pour une jeune femme de 27 ans. Et plus profondément un film qui m'a sans cesse stimulé, passionné, interpellé avant de plus profondément me troubler, me déprimer et me bouleverser. Je crois que nulle autre cinéaste que Chantal Akerman n'a réussi si bien à filmer un certain vide existentiel, une certaine angoisse métaphysique du néant. En tout cas personne n'a su comme elle me le faire ressentir au point d'avoir presque un frisson de terreur en regardant ses films (comme le dernier plan inoubliable des Rendez-vous d'Anna).

5+/6

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MessagePosté: 01 Oct 2024, 11:45 
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J'aime bien le principe mais ça reste un peu trop théorique et austère à mon goût, voire trop long, cela dit je n'ai pas tout vu car tel Qui-Gon Jinn, je me suis laissé bercer pendant un moment. Cet aspect théorique et austère semble du coup caractériser l'oeuvre d'Akerman, et ça gâche un peu ce que je croyais être une spécificité de Jeanne Dielman, idem pour le systématisme qui peut être un procédé de mise en scène récurrent plutôt que de la caractérisation. Akerman est absente à elle-même, si ce n'est à travers l'objectif de sa caméra, le plus souvent fixe, "passive". Hormis le panoramique dont parle Lohmann, si elle bouge, c'est uniquement lorsqu'Akerman est passagère d'un métro ou d'une voiture (j'adore celle qui frôle la caméra dans le premier plan, attestant de sa fixité totale, ça ne doit d'ailleurs pas être un cul-de-sac puisque la voiture passe). On y voit un New York délabré qui n'existe plus, et les badauds regardent parfois la caméra, mais très peu finalement pour une époque où tout le monde ne photographiait pas à tout bout de champ. Pour autant il est impossible de savoir ce qu'Akerman fait de son quotidien, comment et de quoi elle vit, ce que lui demande toujours sa mère. Tout ce que l'on peut dire, c'est que si elle voit uniquement le New York qu'elle nous montre, elle n'a jamais mis les pieds dans un parc. Les lettres sont répétitives, et si la fille répond à sa mère, on ne le saura qu'à travers cette dernière, qui continuera sans cesse de réclamer des nouvelles, certes affectueusement. C'est un cinéma dépressif, Akerman devait l'être (pas un scoop certes), et elle le tenait peut-être de sa mère, qui cultive aussi un goût de la répétition en rabâchant. Même dans le dernier plan, la skyline de New York se perd peu à peu dans la brume. Bref, je me contente de décrire et encore une fois j'aime bien le principe, mais c'est un peu trop aride.


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MessagePosté: 01 Oct 2024, 13:49 
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Le film est clairement aride oui et simplement en décrivant ce qu'il est tu mets le doigt je crois sur ce qu'il dit (on ne sait pas comment elle vit parce que sa vie ne vaut pas la peine d'être racontée selon elle).

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MessagePosté: 06 Oct 2024, 15:25 
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Déjà-vu a écrit:
Cet aspect théorique et austère semble du coup caractériser l'oeuvre d'Akerman, et ça gâche un peu ce que je croyais être une spécificité de Jeanne Dielman, idem pour le systématisme qui peut être un procédé de mise en scène récurrent plutôt que de la caractérisation.

J'ai pris trop de temps pour répondre mais je voulais juste rebondir sur ce point. Il me semble que ce soit le lot de tout grand réalisateur ou réalisatrice que d'avoir une vision clairement définie de ce que doit être la mise en scène. Que cela passe par sa gestion du cadre, du montage ou de la direction d'acteur. Imagine-t-on reprocher à Ozu que sa caméra soit systématiquement à 90cm du sol ou à Bresson de ne choisir que des acteurs amateurs qu'il fait "jouer" de la manière la plus neutre possible ? Il y aurait problème si cela n'était qu'un systématisme, un effet paresseux et creux pour se distinguer de la masse. Chez Akerman je ne pense pas que ce soit le cas, ces choix de mises en scènes me semblent lourd de sens et parfaitement atteindre leur but. C'est pas le Fisheye de Lanthimos ou le grand angle de Zulawski...


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MessagePosté: 08 Oct 2024, 10:23 
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Bien sûr que cela peut lui tenir lieu de style, simplement ça rajoute de l'austérité à des personnages austères qui mènent des vies austères en tenant des propos austères, donc c'est cohérent mais on peut trouver ça "lourd de sens" péjorativement. Cependant je dis ça sur la base de deux films et demi alors que son oeuvre est a priori plus éclectique par la suite.


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MessagePosté: 11 Oct 2024, 11:52 
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Lohmann a écrit:
A l'écran des plans séquences tournés à New York (rue, métro), quand la bande son est elle composée des bruits de la ville et des lettres lues par la réalisatrice, celles qu'elles recevaient alors de sa mère.


Ce n'est pas tout à fait ça.
Les lettres datent du premier séjour d'Akerman à New-York au début des années 70.
Akerman est retournée à New-York une deuxième fois, en 1976 (après Jeanne Dielman en fait) pour y tourner les images du film.
Il y a donc un écart de plusieurs années et un retour en Europe d'Akerman entre l'écriture des lettres et le tournage des images.
Je pense qu'il y a chez Akerman comme tu le détailles la volonté de poser un regard neuf sur la ville et son appropriation progressive mais il s'opère au travers d'une maîtrise qui n'est sans doute possible que parce que c'est la deuxième fois qu'elle y séjourne et qu'entre-temps son art s'est considérablement affirmé.
Il y a une perspective différente si l'on sait que les lettres sont antérieures et pas contemporaines du filmage. Il n'y a pas cette simultanéité que l'on peut ressentir mais bien plutôt une intention nourrie par une longue réflexion.


Sinon, très belle chronique pour un superbe film.


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MessagePosté: 11 Oct 2024, 12:00 
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Tout à fait, elle n'aurait certainement pas pu filmer de la sorte lors de son premier séjour à NY, mais c'est bien les impressions de son premier séjour qu'elle essaie encore de capter.


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