Dans la (vraie) galerie de la Toison d'Or à Bruxelles, un magasin de prêt-à-porter tenu par un couple vieillissant, un coiffeur pour femme dont le proprio est un mec louche à cravattes, un cinéma et un bar dans ce qui ne s'appelait pas à un food-corner. Le sol est marbré, les magasin proches, la crise pas encore complètement là mais on la devine. Beaucoup de femmes, quelques hommes, différentes intrigues amoureuses, qui se ressemblent, se racontent très vite, et doivent pourtant, après être vécues jusqu'au bout capture pourrie mais sur une bonne copie le plan est bien
Comédie musicale d'Akerman, scénarisée pas Bonitzer et Jean Gruault, John Berry en caméo, au carrefour de plusieurs influences et plusieurs époques (Jacques Demy,
West Side Story,
Femmes Femmes de Vecchialli, Varda période l'
une Chante l'autre pas, l'Amour c'est Baeu, l'Amour c'est Triste de Pollet, peut-être aussi Dernier Métro de Truffaut). Avec Lio jolie et assez sobre, vraiment proto-Audrey Tautou (beau générique avec une version indie baroque-pop de Banana Split), des bons jeunes acteurs qui ressemblent à Gérard Lanvin et Pauline Lafont mais c'est pas eux* ils n'ont même plus de page Wikipédia, une figurante qui est vraiment Nathalie Richard, Charles Denner qui assure, et Deplhine Seyrig, fatiguée, et pour cette,raison qui correspond bien à son rôle de mère fragile, rescapée des camps, massivement historique mais perdue et seule, résignée à la mort et mal écoutée, assez poignante, malgré et grâce à elle. Fanny Contençon pas mal, en personnage qui se fait passer pour une enflure mais c'est un coeur d'or.
Et de très bonne idées de mise en scènes (la vitesse, l'usage des cabines d'essayage), d'autres moins (le choeur lourdaud des mecs). Un ressort singulier du scénario avec des personnages qui, sans être antagonistes, se ressemblent et luttent l'un contre l'autre en se frôlant à peine (exemple Charles Denner et John Berry,mais Lio et Fanny Cottençon), concurrencés l'un par l'autre jusque dans leur sagesse, après le tragique de l'histoire.
Une patte étrange, c'est le cinéma post nouvel Vague, tout en ayant une veine classique et néo fausse qualité française qui rappelle un peu
Dernier Métro, qui est aussi la forme dans laquelle la douleur et la culpabilité historique liée à la World War Two se dit, espère pouvoir se liquider.
Ce serait ne pas rendre service au film que d'en faire la comédie du siècle, devant Lubitsch ou Wilder, parce que Chantal Akerman caution-martyre malgré elle du féminisme (d'ici je suis plutôt sensible à une forme d'acrage oblique dans la belgitude - même s'il y a une dimension féministe dans le film, bin intégrée dans le récit), il y a des trucs un peu datés, mais il film vaut le détour, belle incursion dans un genre auquel elle n'est pas spontanément associée. Sans Warren Beatty et Julie Christie, cela soutient la comparaison avec
Shampoo. Bonne réalisatrice (- elle parvient à combine run grand nombre de personnages, tous valorisés, de plus les paroles des chansons qu'elle a écrites sont bien), elle bien-sûr influencé Vénus Beauté, mais aussi Palace de Ribes, sans le cynisme, mais avec autant d'énergie.
4.5/6
*
Des photos de tournage (Chantal Akerman était encore assez jeune, 36 ans)
https://www.cinematheque.fr/article/1170.html