Forum de FilmDeCulte

J'ai cinq Akerman qui m'attendent sur ma pile confinement, dont La Folie Almayer, mais ce topic m'a calmé...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Vu "The Captive" d'Egoyan, vu "Jeanne captive" de Philippe Ramos, mais jamais vu celui-là.

Je me rappelle juste l'avoir eu en analyse de séquence au premier tour du concours d'entrée Fémis 2002 (truc le lendemain du 21 avril, super jouasse).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

T’as pas vu Captive de Mendoza ?

Ah ouais en analyse de séquence ça devait pas être très facile, tu te souviens de quelle scène c'était ?

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CroqAnimement votre

OK.

Non, aucun souvenir. Je pense que c'était le début.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

J'avais eu droit à du Femme Fatale et à du Tristana de Bunuel autrement plus riche et plaisant à analyser.

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CroqAnimement votre

Femme Fatale de De Palma ? La putain de chance, je m’en serais donné à cœur joie.

C'était en 2003, j'étais donc dans le même amphi qu'Art Core. Et j'ai eu au moins 18, voir même 20, je me rappelle plus.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah ah c'est marrant ça. Aucun souvenir de ma note, j'avais pas passé le premier tour (ni l'année d'après d'ailleurs).

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CroqAnimement votre

J'ai passé le premier tour de ce truc mais je me demande si j'ai jamais su ma note... mon voisin de droite, un blond à mèche, dont je venais de faire la connaissance copiait sur moi, c'était marrant.

Le rapprochement avec l'Ile de Kim Ki Duk n'est pas mal vu.
Pour ma part bon souvenir du film (mais en ce moment le forum ne défend ni ne s'intéresse à pas grand chose : le Septième Sceau et la Captive même combat finalement : chacun étalonne son scepticisme avec celui de l'autre, visiblement rassuré). Il me semblait que l'on pouvait voir des échos de Jeanne Dielman (dans l'appartement blanc qui est à la fois un lieu d'habitation et un pur regard, et donc qui ne nécessite plus d'extérieurs, comme c'est à la fois exprimé et refusé au début de Je,tu, il, elle d'ailleurs).

Quel étalonnage de scepticisme, à quel moment je me réfère à une pensée dominante pour exprimer la mienne ? Puis excuse moi mais comparer La Captive et le Septième Sceau ça n'a aucun sens.

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CroqAnimement votre

En fait, c'est difficile de savoir si c'est un bon acteur ou pas, car ici Akerman demande à ses acteurs de "sous-jouer". Et clairement Mehrar est surtout utilisé pour son physique mélancolique et poéte maudit. Mais je trouve que Testud est plus subtile dans son jeu.


Je vais etre honnete, Testud je l'ai jamais trouvé attirante mais là je trouve qu'Akerman la rend super séduisante et très "sexe". J'ai un avis complètement opposé au tien là-dessus. Et je suis le premier surpris, je trouve qu'elle va très bien dans le role. J'aime beaucoup aussi Bonamy qu'Akerman magnifie ici.

J'ai bien aimé et je comprends qu'on rejette totalement. C'est un film très littéraire, on va meme dire que c'est un vrai cinéma d'autiste, tellement c'est dans son cocon coupé de la réalité et le coté bourgeois ne me dérange pas car il va bien avec une certaine littérature du 19ème siècle qu'assume totalement le film : les visites au musée et les cours du camp d'un autre temps. Les dialogues théoriques sur les sentiments l'illustrent bien aussi. C'est un film d'équilibriste, très casse-gueule, radical, mais pour moi, il s'en dégage une sensation hynoptique. Tu cites les scènes de filature, j'aime beaucoup aussi les 20 dernières minutes, à partir du moment où ils quittent Paris pour la Normandie. C'est un film que je trouve passionnant mais je comprends que tu t'y emmerdes.

Ce que ne dit pas Art Core dans sa critique lapidaire (pas courte, mais qui lapide) c'est que c'est un film somptueux visuellement, dans ses cadres au cordeau, ses compositions pures, ses couleurs délavées, pour signifier sans doute le verrou qu'applique Simon sur la vie d'Ariane mais aussi sur la sienne.

C'est vraiment un film qui m'a semblé limpide esthétiquement. Par exemple, cette filature jusqu'au musée, je me suis dit "Akerman a forcément en tête Vertigo" et bim le plan d'après insiste sur le chignon en spirale d'une statue. Juste retour des choses tant Vertigo lui-même peut être vu comme une variation sur le thème du désir vain et destructeur traité dans La Recherche de Proust - ce film est l'adaptation de La Prisonnière.

L'un des premiers plans du film, c'est la tête de Simon en coin inférieur gauche et premier plan, qui voit sa figure féminine idéale rejoindre la mer et l'horizon. L'un des derniers plans, c'est lui qui court plonger dans la mer qui dans la nuit n'est plus qu'un immense linceul noir. Rarement vu l'idée d'une passion mortifère aussi bien retranscrite à l'écran.

Alors bien sûr c'est assez lent, mais j'ai été fasciné par la puissance glaçante des séquences, peut-être plus encore que Jeanne Dielman, le seul autre Akerman vu jusque-là.

C'est sur Arte.