Forum de FilmDeCulte

Belle affiche, comme toutes celles de Jean-Pierre Melville, celle du silence de la mer, de deux hommes dans Manhattan...La classe.

Curieusement, il est difficile de ne pas voir dans "un flic" une tentative de refaire le cercle rouge, tant les éléments se ressemblent. On y a rajouté Deneuve qui ne sert pas à grand chose, Delon fait le même flic que Bourvil (mais sans les scènes déchirantes de l'intimité du flic), et Richard Crenna hérite du rôle du braqueur.

Ce qui me fascine ici, c'est la redondance dans la construction, on commence fort, on déploie, on a une grande scène silencieuse "morceau de bravoure" (qui n'ont pas du laisser un McTiernan indifférent) et on conclue dans la douleur. Le même modèle. Et ça marche tout pareil, à ce petit détail que les personnages n'ont pas beaucoup à manger dans leurs justification. Un flic par rapport au Cercle Rouge, c'est Public Ennemies par rapport à Heat, pour illustrer ça.

Le parallèle avec Mann est une évidence. Dans son texte sur FDC, Z l'évoquait assez bien, mais de mater du Melville pas loin de matage de Mann, tu vois que ce dernier a probablement les mêmes inspirations du film noir, mais aussi qu'il a du mater et remater du Melville. La façon de voir les personnage, parfois de les filmer, de capturer la ville, les silences.

Melville c'est quand même un cinéaste majeur, même si les films ont pris un petit coup de vieux.

4/6 pour celui-ci.

L'affiche dont parle Pingouin :



Un peu ingrat, ce Melville-là. J'ai l'impression que ça fait partie du projet d'ailleurs : ce très bon début, avec un hold-up dans une petite agence, dans une rue vide, avec cette pluie morne, cet univers gris...

Le cinéma de Melville arrive quand même à un stade d'assèchement problématique, pas aidé par un aspect un peu cheap (les maquettes...). Et Delon, mauvais comme un cochon (et déjà bien moche - c'est dingue comme ces yeux bleus deviennent porcins dès que le visage s'affaisse...) n'est pas celui qui empêchera son personnage d'être une pure figure théorique (là où Bourvil infligeait au sien un certain charisme, quand même). Du coup tout paraît très "petit", rabougri, replié, moins fresque que polar franchouillard, déprimé et sale, ce qui s'incarne assez étrangement dans ce perso désenchanté de travesti, qui redouble de manière étrange le visage glacée de Deneuve, participant à ramener le film entier vers quelque chose de moins ample.

Enfin bref, ça refait Le cercle rouge en moins bien, la fin nous refait L'armée des ombres en moins bien... Les scènes tour de force, millimétrées, dépourvues de sens, n'existent plus que pour elles-même, et je finis par grave me faire chier durant toute cette attaque en train (en plus de pas y comprendre grand chose : pourquoi Delon n'est pas reconnu par son ami, à la gare ?). Les belles idées (la scène de suicide, par exemple) se comptent vraiment sur les doigts de la main.

C'est un peu moche les fins de carrières, quand même.


Sinon, la scène d'infirmère de Kill Bill, elle fait référence à ce film-là ?

Parce que ses yeux bleus sont devenus porcins ?

C'est un début d'explication.

C'est un peu le problème des derniers films des grands cinéastes, tu ressens à la fois le génie toujours présent et la fatigue liée à la vieillesse (Par exemple Rio Lobo, avec en plus ce pauvre John Wayne qui a du mal à monter à cheval). Dans le Melville, c'est frappant quant on compare les 2 scènes d'actions, la première avec cette scène hold-up incroyablement épurée et la seconde avec cette attaque de train interminable, gratuite et finalement peu crédible.

L'attaque en train de ce film, c'est insoutenable dans le genre maquettes et poupées

Oui, surtout ce sentiment de mec qui commence à radoter, à ne plus tant avoir un regard sur le monde qu'une idée ressassée qui tourne en boucle.


Ça fait grave de la peine, oui. Surtout que les plans sont pas indispensables.

Melville n'a pas attendu d'être vieux pour radoter.



haaaaaannnnnn...

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N'écoutez pas Film Freak

J'arrive après la bataille mais non ça fait référence à Twisted Nerve (même musique de Hermann).

Ah bah oui, effectivement, le titre du morceau sur la BO. Merci !

difficile de ne pas donner raison au pingouin et à tom...

là-dessus, c'était intéressant. un chef d'oeuvre c'est tellement 100000 étoiles qui s'alignent, et j'aime pas trop balancer le terme mais le samourai, le cercle rouge, l'armée des ombres c'est quand même des gros morceaux, hyper impressionnants, un immense talent de réalisateur, à la bonne époque, avec les bons acteurs, 1000 décisions heureuses, un facteur x qui fait que tout prend...

et c'est évidemment naturel de mettre ce miracle au crédit du réalisateur, surtout quand ils font plusieurs smash de suite. et du coup c'est intéressant quand ils en ratent un, quand la machine se déregle, quand des décisions ne sont pas bonnes, quand l'alchimie ne prend plus...

et c'est vraiment le cas ici. tout part d'une idée quand même très maigre, avec l'impression qu'il n'a pas mille choses ni à raconter, ni à dire. tout ça semble très léger, dure 1h35, en tirant un peu à la ligne.
il y a des références évidentes et un peu absurdes à ses films précédents. alors delon rejoue la taciturne ténébreux du samourai, sauf que là il est flic et que ça ne correspond pas à grand chose, et delon et le personnage on a envie de lui dire de redescendre un peu, aucune raison de prendre un air aussi grave et pénétré alors qu'il ne se passe rien. et effectivement ils se sont gravement engueulés sur le tournage et ils étaient fâchés quand melville est mort. les étoiles se sont désalignées.
le référence au cercle rouge est aussi manifeste, tellement que ça fait redite. mais ici, l'aspect existentiel semble extrêmement poussif. de la galerie d'acteurs incroyables il ne reste rien : delon à côté de la plaque, deneuve sous exploitée, les autres visages anonymes et sans grand intérêt. et évidemment, ce casse au milieu du film, extrêmement long, abimé par les maquettes pourries, et effectivement sans intéret thématique ou narratif : un exercice de style à vide.
et dans chaque scène, rien ne marche vraiment. le night club du cercle rouge était incroyable, celui là est naze. le commissariat du samourai était iconique, celui-là est quelconque. quand il tente des effets de lumière, c'est trop visible et artificiel. il y a beaucoup de plans pas très inspirés, quelconques, il n'y a plus cette capacité à transcender le visuel français habituel. et il y a toujours de sérieux et cette gravité, mais qui sont au service de rien du coup c'est froncer les sourcils pour enfoncer des portes ouvertes.

du coup, c'est un peu triste effectivement, mais comme dernier film c'est à citer comme exemple.

et je ne doute pas que ça correspondait à l'époque dans les faits et l'état d'esprit, mais la manière dont sont utilisés et filmés le travesti et le pédéraste, comme incarnation du tréfonds de l'humanité au contact duquel un flic s'abîme l'âme, bof bof bof.

C'est quoi déjà la phrase de Delon qu'il répète et qui est il me semble la dernière réplique du film ?

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CroqAnimement votre

la citation de vidocq ?
"les seuls sentiments que l'homme ait jamais été capable d'inspirer au policier sont l'ambiguïté et la dérision"

il le dit de manière grandiloquente c'est un peu ridicule.

Non c'est tout simplement "on y va je vous rappelle après", j'étais persuadé qu'il le disait dans le dernier plan mais non je suis allé verifier.

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CroqAnimement votre