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MessagePosté: 07 Avr 2015, 12:50 
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MessagePosté: 07 Avr 2015, 14:45 
J'ai un bon souvenir de Léon Morin, que j'ai vu il y a longtemps. C'est une adaptation très écrite et bavarde, un "film du milieu" exactement à mi-chemin de la qualité française et de la nouvelle vague, une sorte de Bernanos laïc, mais tout aussi édifiant. Ce n'est pas 100% convaincant mais intéressant, le personnage d'Emmanuelle Riva m'avait plu. C'est un film très différent des polars auxquels est habituellement associé, mais il y a toujours la mise en scène d'un "mur" existentiel, les personnages se trouvent en buttant sur une impasse. Il donne envie d'en savoir plus aussi sur Beatrix Beck.
Je crois que l'on montre moins ce film que les polars maintenant, mais il passait souvent à la télé jusqu'il y a une vingtaine d'années, pour la génération des années 50-70 Melville évoque avant tout ce film et le "Silence de la Mer".


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MessagePosté: 09 Avr 2015, 09:06 
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Cycle en salle au mois de mai en plus de la reprise de L'armée des ombres

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MessagePosté: 09 Avr 2015, 11:52 
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MessagePosté: 04 Juil 2017, 20:23 
Film magnifique. J'ai pleuré. Les acteurs dont peu connus mais excellents, la mise en avant du verbe et la voix off confèrent au film un aspect beaucoup plus chaleureux et ironique que les Melville ultérieurs, qui atténue la sécheresse et le goût pour le formalisme symboliques du réalisateur, mais sans rien sacrifier de la rigueur de l'écriture et de la mise en scène . On sent que le film opère le passage d'un début qui fait penser encore au realisme magique à la René Clair voire Audiard avec un Montmartre d'opérette et même à l'expressionisme muet (la scène où Bob rentre la première fois dans son appartement, au matin, tel un vampire diurne, accompagnée d'un piano criard) vers une mise en scène plus décantée et épurée, mais lyrique , proche de la Nouvelle Vague, mais sans les affeteries littéraires qui y seront liées . Et le regard sur la guerre de l'Armée des Ombres est déjà là, avec le proxénéte collabo recyclé en croupier, couple petit-bourgeois infâme et délateur... le sursaut moral apparent du couple renforçant finalement sa bassesse.

Mais surtout les personnages d'Anne et du flic sont magnifiques, ils ouvrent sur un abyme métaphysique et moral à la Dostoievski et en même temps sont incarnés, comme le sont un frère ou une ex copine. Il y a des scènes magnifiques, comme le fantasme du casse réussi, où il ne se passe rien. Le dallage psychotique de la cuisine de l'appartement de Bob, qui rappelle la porte cachée de l'appartement de Montand dans le Cercle Rouge. Le forçage du coffre avec un radar et un contrechamp inouï sur un chien, et la caméra qui fait un mouvement panoramique à 90 degré quand la porte s'ouvre, qui annonce le même mouvement sur le prisonnier anonyme de la Gestapo de Lyon dans l'Armée des Ombres, mais dont lecsens est opposé (ici il s'agit de laisser hors champ le centre de la scène plutôt que de révéler une présence au bord du cadre) . Le long moment de folie de Bob dans le casino. Grand film sur l'imaginaire, qui porte en lui-même un principe de déception précédant l'épreuve du réel, palpables dans les sens, les bruits le toucher, qui deviennent eux-mêmes des fantasme plutôt que les discours. Cette frayeur enfantine du personnage de Bob devant la fadeur du réel sera plus tard le fond caché du courage de la résistance dans l'Armée des Ombres (Bob fait beaucoup penser au personnage de Lino Ventura). Le plus beau Melville et un des plus beau film du monde.

Mais qui sont ces acteurs ? Inconnus à part Howard Vernon, mais tous géniaux.

L'année d'avant, en 1955 il y avait Rififi chez les Hommes de Dassin, auquel le Melville repond dialectiquement
le casse qui devient un non-casse fantasmé, mais filmé comme le casse reel du Dassin, en même temps que la mémoire de la collaboration et le discours politique sont plus nettement mis en exergue dans le Melville,
le fantasme permettant un decentrage qui réintroduit un contexte réel plus général. Bob a par exemple une enfance pauvre, sans père , qui le détermine, mais n'est pas non plus secret ou un code à forcer, le film évite d'en faire des tonnes sur une matière qui s'y prête
.


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MessagePosté: 05 Juil 2017, 08:58 
Le film explicite les sous-textes politiques et sociaux du polar à la française, mais cette explication tue le genre, le cinéma de Melville jouera ensuite de motifs répétés et fonctionnant au contraire par un jeu de reconnaissance et d'implicitation. Dans ce jeu, la mise en scène du désir sexuel jouera le rôle auparavant tenu par le politique. Bob adopte une conduite suicidaire, dès lors qu'il a pris conscience que jouir d'Anne ne compensera pas le rapport raté à sa mère, déclassée, vertueuse et dure. Il emmène Anne devant sa maison d'enfance quand-même . Mais le flic veut au contraire le sauver car il l'aime. La fonction de maintien de l'ordre se confond avec un investissement sexuel envers le négatif pour empêcher que la violence ne prenne une connotation de critique sociale.

On sort de Kracauer qui theorisait le flic comme machine célibataire, permettant de placer le genre policier dans un jeu de substitution avec le mythe et la littérature classique. Ici l'impuissance et le besoin de metaphoriser sa condition sociale réelle sont transférés du lecteur ou spectateur vers les personnages (le flic qui explique le fait que les truands français pensent copier ce qu'ils ont en fait créé eux-mêmes , car les truands américains s'inspiraient de la Bande à Bonnot).


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MessagePosté: 05 Juil 2017, 13:50 
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Gontrand a écrit:
Mais qui sont ces acteurs ?

Isabelle Corey est restée une icône pour une certaine frange érotomane de la cinéphilie et Roger Duchesne un has-been du cinéma français dont le passé des plus troubles ne pouvait que séduire Melville.
A lire:
http://litteraturepopulaire.winnerbb.ne ... esne-roger

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MessagePosté: 05 Juil 2017, 19:58 
Ah oui l'histoire du film est en dessous de la réalité du parcours biographique de Duchesne. Il fait penser à un personnage d'un roman de Paul Gadenne ou Modiano. J'ai rien compris à l'histoire de vendeur de cravate du film qui est une private joke si j'ai bien suivi.
Isabelle Corey joue en fait très bien, un rôle plus complexe et riche qu'il n'en a l'air. Mais elle n'avait que 16 ans ?
L'acteur qui m'a le plus impressionné c'est Guy Decomble qui joue le Commissaire Ledru. Un côté Louis Jouvet mais avec quelque chose de plus névrotique mais aussi plus sincère, désabusé et humain, l'homme qui a une faille et la connaît sans pouvoir la nommer. Moral pour se protéger de l'autodestruction immédiate.
Mais même Daniel Cauchy qui joue Paulo, entre demi-sel foireux et jeune premier et Claude Serval qui joue le croupier, addict à la norme sociale, mais comme un drogué peut l'être, sont remarquables.

André Garret est aussi très bon en âme damnée de Bob, avec sa diction de vieil enfant malade. Il est sans doute le deuxième acteur ayant le plus de temps à l'image mais bizarrement s'escamote. Il n'a même pas une fiche Wikipedia.

Bob est finalement un des pires méchant de cinéma
son plan réel n'est sans doute pas le casse qu'il fait peut-être exprès de foirer et précipiter mais l'élimination de ses deux rivaux amoureux. Dès lors qu'Anne lui avoue sa bourde et essaye d'arrêter la machine il sait sans aucun doute que c'est lui qu'elle veut et qu'il peut au contraire en remettre une couche. Il fait le casse pour brûler Paulo .
.


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MessagePosté: 12 Juin 2020, 12:34 
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Film au scénario très étrange... J'ai bien aimé mais j'ai eu quand même du mal avec le dénouement:

Ok Bob est un joueur invétéré qui s'oublie régulièrement... De là à oublier un casse à 800 millions préparé minutieusement pendant une période qu'on imagine longue, et avec tous ses amis en attente? Alors que le perso est dépeint comme ayant le coeur sur la main, qui aide tout le monde? J'ai même été plutôt choqué du "happy end" avec Bob qui s'en tire plutôt bien et qui jubile, alors que Paulo vient de mourir dans ses bras juste avant... Gontrand au-dessus émet la thèse d'un faux gentil, vrai méchant machiavélique; Peu crédible je trouve vu l'affection qu'il portait au gamin et encore une fois, vu comme le personnage est brossé. Je me sens presque floué. S'il s'agit de montrer que la fièvre du jeu conduit même le meilleur homme à trahir les siens, je trouve le scénario grossier.


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MessagePosté: 12 Juin 2020, 13:22 
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Je ne connais que le remake de Neil Jordan qui date de cet ère où Tcheky Kario jouait le français dans les films américains. Unaniment considéré comme ringard lors de sa sortie avec une bo "éclectique" où domine Leonard Cohen sur de la varièt qui prend une autre dimension. Peu de souvenirs mais j'avais bien aimé.


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MessagePosté: 12 Juin 2020, 16:48 
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C'est quand-même un truand qui aide pour se créer des obligés. L'affection implique une forme de de dette pour celui qui l'éprouve, et cette dette est quelque chose que le cinéma de Melville associe à une justification du meurtre (il y a une ressemblance entre le sort de Paulo et celui de Signoret dans l'Armee des Ombre). Le rapport réciproque et la communauté est en dehors de la dette d'honneur chez Melville (qui est mortelle et enferme dans une destin individuel). Isabelle Corey lui plaît pour son cynisme (qui est une manière de se positionner par rapport à un ordre extérieur à elle) tout comme il plaît à Ledru pour les mêmes raisons.

D'ailleurs cela explique peut-être pourquoi il s'enferme dans le casino : le dette est impossible pour lui, et tant qu'il joue il la reporte, mais elle correspond au regard que le monde commun porte sur lui, c'est le fait que le rapport qui va de le société vers l'individu est à sens unique, sans réciproque, il est consommé. L'enjeu est d'annuler la dette plutôt que de s'enrichir.

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Mais peut-être la nécessité accrue de faire confiance incite-t-elle à la mériter davantage

Erving Goffman


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