Forum de FilmDeCulte

Ah bah oui, ça change rien.

Très fort dans la description de la mentalité de collaboration (le monologue intérieur du chef de camp et la scène avec Reggiani sont énormes) et lucide (les Anglais et les résistants eux-mêmes ont un doute perpétuel sur l'efficacité de leur action et l'essentiel de leur activité c'est soit de se libérer soit liquider des traîtres dans leur rangs, et le film annonce la polémique sur les Aubrac) mais cela revient quand-même à l'idée que la France est une idée qui tient par le seul fait d'être incarnée individuellement (de fait le film n'évoque que les gaullistes, les autres composantes ne reviennent plus après le premier emprisonnement de Ventura et rien sur les maquis). Je me demande aussi comment Simone Signoret s'y est prise pour voler et immatriculer une ambulance allemande


La mise en scène est superbe (la scène où l'espace pivote et s'élargit autour de l'anonyme qui attend sa torture à côté de Ventura dans l'hôtel ou les zooms arrêtés sur le chateau de la Ferté-Talloire témoignent d'une audace formelle que l'on n'a plus aujourd'hui)

Mon année "rattrapages" 2017 commence en force.
J'ai été très impressionné par ce film, lente chorégraphie de gestes et de murmures, des silhouettes tapies dans l'ombre, qui risquent leur vie (déjà abandonnée) au service d'une cause, quoiqu'il arrive... Cette chronique de la Résistance est implacable et très sombre, mais c'est aussi ce qui fait sa beauté. J'aime et je respecte que le récit s'en tienne à son programme de discrétion absolue, sans coups d'éclat donc, même ça n'empêche pas certaines scènes très fortes.
La mise en scène est superbe, les acteurs aussi. Ventura est incroyable.
Grand film.

Quelque chose comme 5,5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

j'ai été un peu déçu et désarçonné comme ff au début, parce qu'effectivement c'est très lent, sans intrigue claire, ça donne peu de prises. j'ai pensé que ça plantait des graines qui pousseraient et se rejoindraient pour faire une histoire... mais bon, non.

mais en même temps, c'est très manifeste qu'il sait ce qu'il fait, et ça ne peut pas être un reproche de ne pas te donner ce que tu attends comme tu l'attends. donc je me suis aussi rapidement dit que c'était un peu ridicule de me formuler un avis pendant cette découverte, que je ferais mieux de ma laisser porter et que les choses prendraient leur sens et leur ampleur à la fin, ou pour une deuxième vision.

et avec cet état d'esprit c'était quand même plus plaisant.

du coup j'ai pu apprécier plus librement la mise en scène à couper le souffle, l'extraordinaire beauté de la chose, la photo et les couleurs incroyables. c'était en version restaurée, dans la salle 1 du publicis (on était 7 as per usual) et visuellement dans le cinéma français il n'a aucune concurrence, mais ce sont vraiment les couleurs qui m'ont tué - il y a tellement de films français visuellement totalement dégueux de cette période, cette beauté absolue c'était fou.

il y avait les extraordinaires morceaux de bravoure, la maitrise de la tension, la force des choses.
ventura et signoret, je ne suis pas particulièrement fan des deux mais là, oui. incroyables.

et puis le portrait de la résistance, ces individus isolés formant une armée des ombres - le titre parfait-, ces actes profondément héroiques, la manière dont le film explore toutes les facettes de cet héroisme, c'est un hommage riche précis et émouvant, qui reflète toute la complexité de l'époque, ils ne sont pas déifiés, ce sont des hommes, et des hommes incroyables.

j'ai toujours l'impression d'avoir compris un tiers de ce qu'il a mis dans son film, mais c'était déjà un tiers spectaculaire et hâte de décrouvrir les deux autres.