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MessagePosté: 27 Mai 2013, 13:46 
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Antichrist
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Paolo Sorrentino est un cinéaste qui affiche ses prétentions, comme le festivalier son badge presse. Sans hésitation, il déboutonne le haut de sa chemise dès le pré-générique avec une citation du Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline et ne lâche plus jamais le spectateur de la main, persuadé qu'il est le plus grand réalisateur du moment. Nous avions détesté ses précédents films, à l'exception d'Il Divo. Si La Grande Bellezza est parfois aussi vulgaire et profondément misanthrope que le reste de sa filmographie, il faut admettre qu'il touche aussi au sublime. Sa volonté de faire du grand cinéma, avec cette version moderne et décadente de La Dolce Vita, est aussi stupéfiante d'ambition formelle. L'ouverture offre un parfait résumé du film: musique sacrée, caméra qui survole les pauvres humains que nous sommes et détails absurdes et décalés. Le touriste chinois peut mourir tranquille après avoir vu sa grande beauté - la ville de Rome sous le soleil. Et Paolo Sorrentino d'enchaîner avec une orgie sur les toits de la ville éternelle...

Tout pourrait nous agacer si la mélancolie de Jep Gambardella ne jetait pas un voile existentiel sur le défilé des seins siliconés et des nouveaux monstres de la société italienne. Les sublimes balades nocturnes dans la cité romaine, qui évoquent aussi bien Federico Fellini que Terrence Malick, contrastent avec la caricature grimaçante de la bourgeoise défroquée. Il y a une demi-heure dans le film - qui dure tout de même 2h20 - qui tient même du miracle, quand l'écrivain raté croise la route de la fille d'un des anciens amis, strip-teaseuse qu'il décide de ne pas séduire. Et le couple de se voir offrir les clés du paradis de la Rome d'antan, peuplée de fantômes et de statues antiques...

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MessagePosté: 28 Mai 2013, 08:47 
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En lisant le résumé Allociné, aujourd'hui :

Rome dans la splendeur de l’été. Les touristes se pressent sur le Janicule : un Japonais s’effondre foudroyé par tant de beauté. Jep Gambardella – un bel homme au charme irrésistible malgré les premiers signes de la vieillesse – jouit des mondanités de la ville.

Image

Voilà voilà...


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MessagePosté: 28 Mai 2013, 09:03 
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C'est surtout que "vieux mec bien sapé" = "beau", ça sonnait tellement berlusconien, ça m'a fait marrer.

Me demande si je vais aller le voir tiens (à se joindre à la meute pour taper sur Sorrentino, faudrait quand même avoir vu les films...)


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MessagePosté: 28 Mai 2013, 09:37 
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Garçon-veau
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J'ai vu la bande-annonce de ce truc, j'ai eu envie de me flinguer.

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MessagePosté: 28 Mai 2013, 09:52 
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Garçon-veau
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MessagePosté: 28 Mai 2013, 09:54 
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Vu hier, la pire séance de l'année pour moi. Rejet total et absolu. Mais j'y reviendrai.

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MessagePosté: 28 Mai 2013, 13:40 
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Je pensais qu'on en avait fini avec le matraquage de la BA en salle, mais le Médicis la fout cette semaine en attendant de le reprendre... persécution :twisted:


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MessagePosté: 28 Mai 2013, 20:14 
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Antichrist
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Art Core a écrit:
Vu hier, la pire séance de l'année pour moi. Rejet total et absolu. Mais j'y reviendrai.


Je veux, je veux, que l'on débatte un peu.

Je trouve des scènes du film sublimes - les balades dans Rome, la scène des clés, les flashbacks, le plan final.

mais le reste est tellement dans l'auto-indulgence.


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MessagePosté: 29 Mai 2013, 16:15 
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Désolé Léo, mais je rejoins le clan des déçus.

Enfin déçus, je connaissais le bruit critique autour, j'attendais qu'à être surpris, mais je trouve l'ensemble assez repoussant. Le cinéma de Sorrentino me semble aussi clinquant et vulgaire que le monde qu'il dépeint. Il y a bien des idées, des possibilités, qui viennent se loger entre deux moments de grotesque complaisant (dans les percées plus oniriques, peut-être, comme l'homme aux clés), mais cette structure en oppositions constantes (ça c'est vrai / ça c'est décadent / ça c'est vrai / ça c'est décadent...) m'apparaît un peu limitée et facile, d'autant que les moments de "pureté" que le film élit à la va-vite (par une musique classique démarrée au bon moment, par un beau décor historique...) sont tous aussi apprêtés, maquillés comme des voitures volées.

Donc voilà, je rejette pas en bloc et par principe, mais il y a quelque chose de profondément vulgaire dans ce regard, qui fait que ça n'a à aucun moment pour moi la possibilité de déployer ses ailes.


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MessagePosté: 29 Mai 2013, 21:50 
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Oui voilà tu touches du doigt tout ce qui a pu m'insupporter dans le film : sa profonde et entière vulgarité.

Tout est contenu déjà dans la mise en scène pétrie de prétention de Sorrentino qui dès les premiers plans te fait des travellings aériens en veux tu en voilà sur des bâtiments historiques avec opéra qui va bien et cherche par tout les moyens à donner une ampleur et une épaisseur à son film à travers l'artificialité absolue de sa machinerie de réalisateur. Attention je ne dis pas qu'il n'est pas doué (il est capable de créer des scènes belles, presque poétiques même (effectivement la scène des clefs sort du lot, la scène sur la terrasse avec les oiseaux aussi) mais que l'enrobage me paraît tellement voyant et ostentatoire que ça me laisse constamment à la porte.

L'autre soucis c'est la vulgarité de l'écriture. On comprend son projet, montrer la vacuité de la vie mondaine et y opposer des bonheurs simples et retrouvés, du mystique mais que dans l’exécution c'est terriblement laborieux. Entre les ridicules séquences de fête (bien beaufs d'ailleurs ça m'a surpris), la scène Deux Jours à Tuer où le mec avoue ses quatre vérités à son amie et des scènes/concepts nullissimes (l'infâme scène du botox), j'ai presque l'impression d'un scénario non-écrit, d'une collection de vignettes qui contiennent chacun une idée bien précise (l'affreuse scène de l'enterrement et de sa répétition) ou des espèces de sous-intrigues bizarres (lle fils fou, e voisin, quel intérêt ?). Et puis plus prosaïquement ça part dans tous les sens, ça n'a aucune structure. Je comprends pas l'intérêt dramatique de Ramona si c'est pour la faire mourir (elle est d'ailleurs éjectée du film avec un mépris dégueulasse) deux scènes plus loin. Quant à l'arrivée de la Soeur Thérésa à la fin, ça m'a semblé totalement hors de propos si ce n'est pour opposer de manière totalement puérile l'opulence des nantis et le sacrifice d'une religieuse pour les déshérités. Et je ne parle pas de la vision caricaturale ridicule de l'art contemporain (l'interview avec l'artiste au début mon dieu quelle horreur d'écriture), de l'opposition binaire province/capitale (avec le personnage qui finît par repartir), la scène du bar-tabac où le mec soudain se sent oppressé par les classes populaires. Tout ça est tellement manichéen et plein de mépris.Tout le monde y passe d'ailleurs, les femmes sont des putes pour la plupart. Ramona, le personnage féminin est la caricature de l'italienne berlusconienne, pute refaite de partout qui lors d'une soirée porte une combinaison couleur chair donnant l'impression qu'elle est à poil.

De toute façon pour moi le film est quasiment conscient de son propre echec en adoptant un "motto" qui veut tout dire. Ce n'est qu'un [i]truc. Ce n'est qu'une illusion, tout ça n'est qu'un pur mécanisme pour raconter une histoire. Alors ça pourrait faire office de métaphore du cinéma à la limite, mais appliquée au film la métaphore devient assassine dès lors que la vacuité du personnage prend possession du film et que le "truc" en question n'est qu'un écran de fumée pour masquer tout ça. Sorrentino ne fait que multiplier les images fortes (la girafe par ex) mais ne parvient absolument jamais à les charger d'une signification (pas nécessairement d'un symbole attention). Il reste simplement dans le décalage, dans la démonstration, dans la satisfaction bourgeoise de l'opulence (cinématographique s'entend).


Je ne vois que profond cynisme, nostalgie de pacotille et au final un cinéaste qui n'est que dans le paraître, que dans la démonstration de sa toute puissance de cinéaste qui est selon moi en permanence stérile. J'avais déjà détesté Il Divo et Les Conséquences de l'Amour mais suite aux bons échos de Cannes, j'y croyais un peu. Il est clair que ça ne passe pas pour moi, qu'il représente un cinéma que je méprise, presque un cinéma de connard et qu'il m'apparaît de plus en plus comme une imposture. Tony Servillo est très bien mais dès lors que je bloque directement sur le projet du film je ne peux même pas tellement saluer sa performance.

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MessagePosté: 29 Mai 2013, 22:44 
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Antichrist
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Le pire c'est que je suis assez d'accord avec ce que tu dis, mais j'ai trouvé ça... fascinant et très italien dans un sens. Je le crois sincère, l'ami Sorrentino.

sinon c'est produit par Berlusconi....


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MessagePosté: 29 Mai 2013, 23:13 
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Karloff a écrit:
Le pire c'est que je suis assez d'accord avec ce que tu dis, mais j'ai trouvé ça... fascinant et très italien dans un sens.

Bah c'est un peu ce qui est terrible, ça confirme un peu tous les clichés qu'on peut avoir sur le pays à l'heure berluscolienne (et je parle pas que des soirées...)

Art Core a écrit:
effectivement la scène des clefs sort du lot, la scène sur la terrasse avec les oiseaux aussi)

Ça marche pas pour moi, peut-être simplement à cause des SFX dégoulinants.



Tiens, Guillaume Loison (TéléCinéObs, tiens donc) résume parfaitement ce qui me gêne :
Citation:
La complaisance du cinéaste pour sa matière première confisque tout élan de remise en cause, pourtant raison d’être officielle du film.

Bien qu'il prenne pour exemple un des rares trucs qui m'ait surpris (dans le bon sens) dans le film :
Citation:
On prend pour preuve cette impayable séquence durant laquelle une enfant-star bénie par la petite cour mondaine réalise une performance d’art painting (très mal filmée) qui se voudrait grotesque et hilarante. Une minute de burlesque souffreteux et de décadrages esthétisants plus tard, miracle : ce qu’on prenait pour un infâme gribouillis attrape-gogo apparaît au bout du compte comme un geste lumineux qu’il convient d’applaudir.


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MessagePosté: 10 Oct 2013, 11:58 
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Revu des bouts hier, je bloque plus sur le personnage de Toni Servillo qui se la pète vraiment trop mais c'est pas grave. La scène où il demande à son ami ce qu'il va faire ce soir avec sa femme est gênante, elle pourrait presque sortir de son esprit tellement il s'écoute parler et il se regarde adopter un regard (pardon pour la répétition) détaché mais plein de sympathie sur le monde...
Tu comprends que sa pote lui tombe dessus à un moment, l'écriture n'est hélas pas assez subtile.
ça reste un des meilleurs films de l'année malgré ses défaut


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MessagePosté: 04 Nov 2013, 15:22 
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La grande Bellezza n'est pas un film parfait mais est un de ces rares films qui obsède et qui au détour de scénes arrive à marquer la rétine et à délivrer des moments d'une beauté enivrante ou on a l'impression d'être non pas au côté de ce personnage mais à divers degré d'être ce personnage qui représente toute la frivolité humaine qui s'assume. Si je devais rapprocher ce film d'une œuvre récente ce serait Oslo 31 aout, pas tellement pour son ton ou son personnage radicalement différent mais pour ses moments d'égarement, cette photographie de la société et dans cette aptitude à livrer un travail qui parle à son spectateur malgré le fait qu'il prenne comme postulat un homme ayant dépassé la soixantaine.
Jed Gambardella n'a pas vocation a être un homme bien, il est conscient de son existence futile et le positionnement de Sorrentino est très intelligent, il ne juge jamais, humanise ses personnages et ne cherche jamais à expliquer quoi que ce soit, il décris juste un mode de vie et ironise sur ce qu'est devenue l'art sorte d'entité réservé à une poignée qui n'y connaisse rien et se contente de sortir le guide du parfait petit bobo en soirée pour essayer de s’élever en vain.

Mais le film n'oublie pas de livrer autre chose et jongle brillamment entre le comique et le drame, le film livre les plus belle scénes intimistes/Nostalgique de l'année avec les déambulations de ce personnage d'une poésie infinie dans un Rome à mi chemin entre l'ancien et le renouveau avec cette caméra qui virevolte constamment comme si on suivait nous même le personnage.
La ou j'ai quelques réserves c'est sur le dernier quart heure qui reste figer dans une sorte d'hommage au grand cinéma italien de l'époque avec cette description un peu hypocrite de la religion, pourquoi pas mais je trouve ca mal placé dans le film et on finit sur la partie la plus faible à mon sens et Sorrentino aurait gagné à faire quelque chose de plus ambitieux pour le coup.
Toni Servillo acteur fétiche de Sorrentino sur qui repose entièrement le film livre ce qui est peut être une des meilleurs prestations de l'année en jouant ce Dandy mondain misanthrope qui traverse la vie avec une vision des plus noire sur le monde qui l'entoure tout en participant à la décadence ambiante, le reste du casting est excellent et il n'y a vraiment aucune fausse note à ce niveau.
On passe pas loin du sans faute (le dernier quart d'heure gâche tout) mais on est ici face à des un des meilleurs films italiens de la dernière décennie et à un des meilleurs films de l'année.

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MessagePosté: 11 Fév 2015, 23:21 
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Caribou a écrit:
La scène où il demande à son ami ce qu'il va faire ce soir avec sa femme est gênante, elle pourrait presque sortir de son esprit tellement il s'écoute parler et il se regarde adopter un regard (pardon pour la répétition) détaché mais plein de sympathie sur le monde...
Tu comprends que sa pote lui tombe dessus à un moment, l'écriture n'est hélas pas assez subtile.
ça reste un des meilleurs films de l'année malgré ses défaut


Plutôt d'accord avec Caribou sur ce film, j'ai du mal à voir une complaisance de Sorrentino pour son matériel, ses personnages, etc.., au contraire, il y a une sincérité touchante dans la façon dont son personnage regarde le monde et oscille en permanence entre une ironie de mondain, désabusée, et une candeur enfantine. La scène sus-nommée en est emblématique: dans la moue de Servillo, il y a autant de jeu que de volonté de croire.

C'est un film profondément romantique, hanté par la recherche de la Beauté, par la perte, par la volonté de changer sa vie, d'écrire l'oeuvre vraie, l'oeuvre qui rencontre et affronte la mort, comme la sainte dans l'escalier à la fin. Cet appel, c'est celui de Rilke, ils s'arrêtent d'ailleurs contempler les statues durant la nuit:

Citation:
Nous n'avons pas connu sa tête prodigieuse
où les pupilles mûrissaient. Mais son torse
encore luit ainsi qu'un candélabre
dans lequel son regard, vrillé vers l'intérieur,

se fixe et étincelle. Sinon, tu ne serais
ébloui par la poupe du sein, et la légère
volte des reins ne serait parcourue du sourire
qui s'en va vers ce centre où s'érigea le sexe.

Et la pierre sinon, écourtée, déformée,
serait soumise sous le linteau diaphane des épaules
et ne scintillerait comme fourrure fauve

ni ne déborderait de toutes ses limites
comme une étoile : car il n'y est de point
qui ne te voie. Tu dois changer ta vie.


Art Core a écrit:
la scène Deux Jours à Tuer où le mec avoue ses quatre vérités à son amie et des scènes/concepts nullissimes (l'infâme scène du botox), j'ai presque l'impression d'un scénario non-écrit, d'une collection de vignettes qui contiennent chacun une idée bien précise (l'affreuse scène de l'enterrement et de sa répétition)


J'ai plutôt l'impression d'un film justement très écrit, très littéraire, où la multiplicité des références (Turgeniev, Céline, Flaubert, Proust etc...) sont là pour souligner cet aspect là. Lors d'une des promenades nocturnes, Servilo croise une femme promenant un lévrier tout aussi famélique qu'elle, la ressemblance est volontairement exagérée et je pense qu'on tiens ici une des clés de l'oeuvre: le fait que l'on adopte un regard d'écrivain, qui a un rapport ambigu avec la ""réalité"", où tout est à la fois accentué, jusqu'au grotesque/onirique tout en étant à la fois juste, vrai. Une entrelacement assez délicat de la fiction et de la réalité, comme s'il y avait une réécriture permanente. D'où le heurt avec son voisin mafieux, celui qui "travaille". Et il appelle toujours à des écrivains où Dieu est absent, tandis qu'il conclut son film sur une rencontre avec une sainte, il y a quelque chose d'intéressant à creuser par là, je pense.

D'ailleurs, quant il emmène la stripteaseuse avec qui il revient sur le chemin de la création, il croise le fils fou. S'ensuit un duel de mondanités, de traits d'esprit qui finalement laisse Servilo désemparé face à la volonté de recherche du Jeune : " ce n'est pas parce que vous en êtes incapable (de chercher) que d'autres ne le peuvent pas". Et, après un silence, Ramona qui reprend "Alors, vous ne répondez rien ?" Il se joue quelque chose de très important dans le projet du film, un jalon qui marque l'évolution du récit vers quelque chose d'autre, et servilo se tait autant face au jeune, que face à lui même, à ce silence qu'il s'est imposé.

D'ailleurs, cette scène où il dit ses quatre vérités à la femme du groupe, c'est avec autant de dureté que d'amour: c'est par delà et par ses défauts que cette femme là est leur amie. C'est une scène très touchante à mes yeux (enfin, je l'ai ressenti en tant que telle) Je n'ai pas trouvé le film misanthrope, il est tranchant, dur avec ses protagonistes, mais d'une dureté qui élève. Même l'affreux suivant de mère theresa joue un rôle important.

Je trouve que ce qu'à écrit Flaubert à propos d'un cœur simple est valable pour cette oeuvre:

Citation:
"l'histoire d'un cœur simple est tout bonnement le récit d'une vie obscure, celle d'une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu'elle soigne, puis son perroquet ; quant le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint esprit. Cela n'est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste.

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ART: Ça mène à l'hôpital. A quoi ça sert, puisqu'on le remplace par la mécanique qui fait mieux et plus vite.


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