alain et diane se séparent, après 30 ans de mariage.et c'est tout. j'étais prêt à un twist, un concept, quelque chose, mais non, c'est juste l'histoire de gens qui se séparent à 50 ans, après 30 ans de mariage.
alors ça aurait pu être un drame, une chronique, un film d'auteur, le film argentin dont c'est le remake (sorti en 2019, donc la filiale du remake français fonctionne vraiment en flux tendu) a l'air d'un truc doux-amer à la gabriele muccino, mais il n'y avait pas beaucoup de suspense en lisant la filmo du réal, typique des gens qui réalisent un ou deux long pour se crédibiliser sur un créneau qu'ils exploitent ensuite à la télé, le mec étant spécialisé dans les séries télé familiales style
fais pas ci, fais pas ça. après avoir réalisé
le souffleur pour europa corp il y a 20 ans.
à la place c'est donc une comédie mainstream ultra formatée, totalement calibrée pour être le téléfilm de luxe que c'est (8 millions de budget..... !).
c'est même amusant comme c'est le parfait prototype de cette fin de race de films, qui ont eu pignon sur rue pendant 10 ans, qui ont sévèrement morflé après le covid, et qui semblent être en voie d'extinction - il y en avait un par semaine, il n'y en a plus qu'un de temps à autre, et qui floppent (comme celui ci qui finira à 300 000).
et c'est aussi le parfait prototype dans le fond. rien qui dépasse, pas une idée qui stimule ou provoque un peu (d'ailleurs amusant, leur fille est lesbienne et fait une pma avec sa compagne noire et ça aurait été sûrement un peu offensif il y a encore 10 ans, mais là tu réalises que l'homosexualité et les couples mixtes c'est vraiment devenu une fête commerciale). le séquencier est totalement balisé, ça file en mode tgv sur ses rails. mais chaque scène a son twist, son gag, son petit angle (et c'est même souvent assez réussi). son inévitable cinémascope et son image de pub pour que le réalisateur puisse dire dans le dossier de presse "d'habitude les comédies ne sont pas très soignées visuellement, mais j'ai vraiment voulu soigner et faire un bel objet". ses 2 stars qui viennent prendre un gros chèque et font leur travail efficacement mais c'est le 4ème tournage de l'année et tu sens bien qu'ils ne jouent pas leur carrière, tout au plus leur tranche d'imposition fiscale.
et tout ça, donc, pour raconter cette histoire.
dans son livre qui racontait sa campagne 2017, ségolène royal parlait de sa séparation subie avec françois hollande en disant que ça avait été "comme se couper la jambe avec une scie rouillée" et ça m'avait beaucoup marqué. je suis marié depuis très longtemps, je n'ai jamais connu de grande rupture ou quoi, donc je ne peux qu'imaginer, et le film parle de ça, et te plonge dans quelque chose qui a l'air assez honnête et crédible de ce que ça peut être, à ce moment de la vie. je me suis projeté, ça m'a touché.
mais c'est est tellement noyé sous le formatage que c'est parfois même difficile de se souvenir qu'on te raconte te parle de ça. mais quand ça arrive à la surface, et c'est plutôt joli. et des moments jolis, il y en a : la séquence hyper émouvante avec le bébé qui vient de naitre, les plans sur le visage de dubosc malheureux comme les pierres.. mais encore une fois, il faut se cogner les trucs de comédie mainstream pas drôles, même si la salle remplie de femmes séxagénaires qui riaient de bon coeur à des blagues pourtant de piètre qualité a aidé à compenser le fait que ça ne m'a pas arraché un sourire.
sinon le film a clotilde coureau dans le rôle ingrat de la meilleure amie qui apparait 17 minutes à l'écran, bérangère krief dans le rôle de la collègue de bureau 13 minutes à l'écran dont 10 assise derrière un bureau, et berleand dans le rôle du beau père 3 minutes à l'écran. je sais pas si c'est conçu comme des caméos ou comme des moyens de vaguement justifier le devis, mais ça fait surtout dire "ah zut je savais pas qu'ils étaient finis à ce point !".
j'aime bien dubosc et il était bien, et le film a une jolie histoire, et film freak m'a demandé si j'allais y aller en mode "toi qui voit les films de merde..." et j'aurais pu me vexer mais je me suis dit que je devrais ce sera intéressant de voir l'état de la comédie mainstream et c'est probablement le haut du panier dans le genre, mais enfin c'est très très dispensable. mais si j'en crois les témoignages dans le topic "vis ma vie de cinéphage débordé", plusieurs d'entre vous se retrouvent à regarder des conneries mainstream avec leur femme quand elle rentre crevée du boulot : ce ne sera pas forcément le pire de ce qu'elle pourra vous proposer.