Forum de FilmDeCulte

Vicky, petite fille étrange et solitaire, a un don : elle peut sentir et reproduire toutes les odeurs de son choix qu’elle collectionne dans des bocaux étiquetés avec soin. Elle a extrait en secret l’odeur de sa mère, Joanne, à qui elle voue un amour fou et exclusif, presque maladif. Un jour Julia, la soeur de son père, fait irruption dans leur vie. Vicky se lance dans l’élaboration de son odeur. Elle est alors transportée dans des souvenirs obscurs et magiques où elle découvrira les secrets de son village, de sa famille et de sa propre existence.

On retrouve une des qualités d'AVA, le premier film de Mysius: cette belle photo au grain argentique et à l'étalo contrasté. Les paysages montagnards sont en général croqués avec une image plus crisp, donc ça change et ça donne un cachet rugueux au film. L'atmosphère est enveloppante et prenante avec parfois quelques plans osés ou fulgurances lyriques (merci l'achat des droits musicaux de "Total Eclipse of the Heart").

Cependant, je peine à être convaincu. Le principal problème tient à un fantastique aux contours flous. Si les odeurs ont indubitablement le pouvoir de rappeler des souvenirs, les utiliser ici Bref, on n'y comprend rien.

C'est bête car le dispositif scénaristique est au service finalement d'une métaphore assez claire sur les vies alternatives qu'on n'a pas vécues (Vicky dont la présence terrifie Julia, comme un symbole de la vie que Joanne pourrait avoir si elle la quittait). Mais c'est emballé dans un mystère qui tient une heure mais pas plus. Surtout que, dans le présent, l'intrigue n'est pas particulièrement trépidante. Il y a un moment cruel vers 1h10 où on ne sait juste pas ce qu'on est censés attendre du film et on sent le temps passer. Et j'ajouterai que la petite actrice qui joue Vicky n'est pas encore suffisamment au niveau pour porter le film.

Bref, un peu dommage tout ça car ça tente des choses mais ça manque d'une rigueur ou d'une cohérence interne qui ferait tenir l'ensemble.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

En effet ça manque un peu de cohérence et les liens entre le récit "olfactif" (néanmoins captivant) et le récit "drame romantique" (qui moi m'a franchement chopé) ne sont pas assez travaillés/cohérents et donc on loupe un peu le scénar en béton armé qui aurait pu tout emporter et porter le film à un autre niveau.
Mais (un peu comme pour Nope) malgré ces faiblesses j'étais quand même à fond, notamment grâce à l'ambiance géniale, le cadre montagneux, l'esthétique (ce grain, ces couleurs), des scènes super fortes, la gueule de la fille... Et puis Adèle quoi... Immense, une fois de plus. Après Rien à foutre, elle fait vraiment une grosse année.

Bref, c'est imparfait mais constamment stimulant, original, vibrant, avec plein d'émotions, ça propose plein de trucs... Vraiment une belle surprise. Très envie de rattraper Ava du coup.

4.5/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Jean-Baptiste Grenouille a finalement réussi à se reproduire…

Mon premier Mysius et c'est très inégal. J'aime bien l'intention d'introduire du fantastique dans le cinéma français mais le résultat final est assez foireux. Comme souligne Liam, niveau cohérence c'est n'importe quoi et le paradoxe temporel est très mal géré. Dans les points négatifs, il y a aussi ces 20 dernière minutes médiocres. Mais pour le reste, dès les premières minutes, il y a un charme qui opère et une belle atmosphère de mystère dans ces montagnes grenobloises. Il y a des scènes qui fonctionnent bien, comme celle du karaoké, et Adèle prend vraiment une autre dimension depuis quelques films. C'est l'exemple type du film bancal, qui n'est pas dénué de qualités, mais peine à convaincre sur la longueur.

3/6

Ils ont filmé la V1 du scénar là, tous les éléments sont là mais au final impression que rien ne fonctionne ou presque. Le film est trop coincé entre un côté fantastique premier degré et un aspect mystérieux qui permet une licence poétique où l'on ne va pas chercher la cohérence au récit. Mais là le postulat fantastique n'est jamais expliqué, ne parvient pas à avoir un sens dans la globalité du film et surtout échoue totalement à donner une explication au traumatisme originel, cet incendie criminel presque risible.
C'est parti pour les 3000 questions sans réponses :


Je pourrais continuer encore longtemps tellement le film galère à nous raconter son histoire de manière simple et limpide. C'est marrant ça m'a fait penser à Dark la série Netflix allemande sur le voyage dans le temps qui était un "clusterfuck" imbitable. La construction aide pas avec ce simili climax, l'incendie, qui arrive trop tôt et qui enchaîne sur les 20 dernières minutes en forme de long épilogue relou. Le film passe à côté de ses sujets je trouve, notamment le truc sur l'odeur, passionnant, qui est posé là sans en faire grand chose. Pareil je pensais que le film aurait un discours sur le racisme et que ce voyage temporel était aussi un voyage vers les origines mais alors pas du tout, la gamine se fait un peu emmerder mais on passe à travers le sujet. Et pas aimé la photo trop "cramée", avec son étalo granuleux sombre un peu abusé.

Bref déception après Ava même si le film a quelques qualités, j'aime la sensibilité du regard, je vénère Adèle et même si c'est clairement pas un de ses meilleurs rôles elle est parfaite et aussi j'aime l'ambition d'un certain cinéma fantastique ancrée dans son territoire. Dommage que ce soit globalement raté. Sinon pour l'anecdote Esther Mysius (la soeur de Léa, qui est directrice artistique sur le film) réalise aussi et ses derniers courts sont excellents, là aussi assez ambitieux et originaux.

2-3/6

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CroqAnimement votre

j'ai pas compris.

le film commence par 25 minutes d'introduction (c'est beaucoup). il y a la présentation des personnages et de la situation, et c'est platement écrit (pour montrer qu'elle donne des cours à la piscine, on la voit donner un cours à la piscine). et puis il y a le teasing sur l'aspect fantastique avec les odeurs, et les 2-3 scènes sont plus efficaces, dis m'en plus léa je t'écoute.

puis à 25 minute on rentre dans le vif du sujet, et on découvre donc que la petite fille voyage dans le temps grâce aux odeurs d'une fiole magique. voilà qui n'est pas banal. alors c'est un postulat fantastique, donc de fait on est prêt à accepter n'importe quoi, mais enfin certains postulats sont fascinants, terrifiants, et d'autres farfelus, et il faut bien admettre que celui là tombe un peu dans cette dernière catégorie.

et là, commence une bluette post adolescente. on a donc une amourette entre ces deux jeunes femmes, et on est très content pour elles, mais c'est un peu compliqué de déterminer ce qu'on regarde. c'est une romance lesbienne, avec une fille sénégalaise, sauf que ça n'a aucun impact visible sur leur relation qui est tout à fait banale, ce qui en terme de #representation est sûrement formidable, mais en terme de #dramaturgie ne présente aucun intérêt.
puis on se rend compte qu'on ne parle quasiment plus de cette histoire de fiole magique, que la petite fille pourrait apprendre tout ça en surprenant juste une conversation sur le sujet à diner ça ne changerait pas grand chose, et puis là je me formule que :
mais c'est vraiment juste l'histoire d'une petite fille qui découvre grâce à un voyage dans le temps via les odeurs (!) que sa mère a eu une romance lesbienne avec sa tante dans sa jeunesse ? wtf ?

puis j'attends un peu un smash thématique ou narratif (j'avais un peu tiré un trait sur ce dernier aspect, mais sait on jamais) qui n'arrive jamais. puis les questions se multiplient, que ce soit sur l'histoire ou ses intentions. pourquoi la soeur est elle si effrayée par les apparitions de la petite fille ? pourquoi le mari parle t'il avec cet accent au couteau alors que le personnage est en france depuis au moins 10 ans et a la nationalité ? pourquoi ces scènes de racisme collectif grand guignolesque au début ? c'est à la fémis qu'on leur apprend qu'il faut dire au début qu'elle couche pas avec son mari pour qu'on comprenne à la fin qu'en fait elle est lesbienne ? mais quel est l'intéret de cette histoire ? a t'elle directement posé la musique de there will be blood et du master sur le film ou a t'elle demandé au compositeur de les changer juste assez pour ne pas avoir de procès? l'image de l'incendie au tout début était-elle prévue ou vient elle quand même d'une version au montage où ils se sont rendus compte qu'il n'y avait aucun enjeu pendant une bonne partie du film ?

à l'exception des scènes vers la fin où les effets sont trop prononcés, l'image est absolument splendide, puis je connais très bien et j'adore cette région donc grand plaisir de voir tous ces endroits.

au final, un pur de commission à la mode actuelle : une histoire qui ne fonctionne pas qui semble principalement construire autour de ses (bonnes) intentions, puis écrit scolairement, puis mis en scène en restant fixé à ce scénario - d'où une absence de souffle, de cinéma, de force. le film a eu sa sélection à cannes lui permettant de déposer le prochain dossier en ayant confiance, il part de canal dans quelques jours et disparaitra probablement des consciences collectives dans la foulée, et puis une poignée de gens y repenseront en disant "ah oui c'était pas mal / pas terrible" lorsqu'ils verront son prochain dans une sélection cannoise et puis...
bref, team "pas terrible".

Ca me rappelle un truc vécu ya une semaine : pour une vidéo corpo j'ai interviewé un mec dans un atelier de SAV. Typé africain, énorme accent, prononce certains mots bizarrement donc on le fait se reprendre sur certains termes. Mec super sympa, on rigole bien. Pour faire la discute je lui demande de quelle origine il est : "je suis né en France". Oups.

Tu peux être né en France et avoir des origines étrangères donc c'est quoi le souci en fait?

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ben qu'un mec né en France ait un gros accent.

Sinon on peut avoir un gros accent même après des décennies en France, regarde Victoria Abril, Jane Birkin, Jodorowsky... Et à côté des gens qui perdent leur accent en quelques mois.

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CroqAnimement votre

Oui voilà ya pas de règles, c'est "génétique" il me semble..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Oui, et ça dépend qui parle à la maison et dans quelle langue aussi.

Y a pas de oups à avoir, le gars a pas compris ou fait semblant de pas comprendre. Ta question était tout à fait légitime.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

OK Jürgen Voller

Sauf que dans le film le groom parle parfaitement anglais donc on sait qu’il est là depuis longtemps.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Mmm... L'un n'implique pas nécessairement l'autre.