Forum de FilmDeCulte

#lesfilmsde12h30alugcdissy

Après le cours de la semaine dernière sur les scénarios formatés pour les commissions d'aide, on va se pencher sur une autre spécificité du cinéma français, les scénarios pas cuits. Les scénarios dont on a l'impression d'être face à une V1 mal dégrossie mais qui par on ne sait quel miracle sont financés, tournés et sortis tels quels. C'est le cas ici du particulièrement médiocre De grandes espérances, totalement coincé entre sa nature première de thriller et son ambition de titiller le monde politique échouant forcément lamentablement sur les deux tableaux.

On pense à Rodgrigo Sorogoyen devant le film entre sa grande scène inaugurale très As Bestas et le côté thriller politique de El Reino et inutile de dire qu'on est à des années lumières du talent du réalisateur espagnol. Le film est plutôt intrigant pendant environ 20mn mais dès qu'on quitte la Corse tout se casse lamentablement la gueule, et tout simplement il n'y a à peu près plus rien qui fonctionne. On a vraiment le sentiment que le film court après son propre récit, dans le sens où il ne sait plus très bien quoi raconter en attendant de pouvoir raconter le cœur de son sujet (les conséquences donc de ce drame inaugural). En conséquence toutes les scènes ont quelque chose de raté, on attend que ça démarre sans que ça ne démarre vraiment. On finit par oublier le sujet du film tant il s'égare et tente de recentrer sur la politique de manière métonymique en feignant de s'intéresser à une petite usine à la recherche d'un repreneur et dans la figure d'une députée de gauche incarnée par Emmanuelle Bercot (elle est très bien d'ailleurs, même si les appels du pied au lesbianisme du perso sont à se flinguer). Puis ça revient, le thriller repointe le bout de son nez mais le film s'en était tellement détaché jusque là qu'il ne sait plus quoi en faire non plus. Tout cela se termine dans un dernier acte d'une platitude quand même assez spectaculaire, sans aucun climax, balançant du n'importe quoi pas du tout tenu et du saut de foi sorti de nulle part La fin tente d'ouvrir vers l'avenir pour le personnage de manière bien hypocrite

Lavernhe est nul, jamais cru à son personnage, Marder est très bien (après Mon crime, elle sauve un deuxième merde en deux semaines, chapeau) et le film n'a aucun intérêt.

1/6

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CroqAnimement votre

RIP Lohmann


Douché. Celui qui prétend beaucoup aimer Marder sans aller voir ses films, c'est moi.

Tout à fait. Par contre je pense être le seul à avoir vu son doc de l'an dernier, qui était pas mal.

J'hésitais, attiré par le côté politique mais rebuté par l'irruption inutile du thriller (quand on juge sur la structure de la BA en tout cas). J'ai failli y aller aujourd'hui mais j'ai préféré attendre les retours et mater À plein temps.

Les rares retours sont négatifs donc je regrette pas.

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je suis beaucoup moins sévère, ça a même été une plutôt bonne surprise.

disons que c'est une bonne version de ce que c'est - un thriller politique français parfaitement formaté - tout en étant du coup très limité par ce que c'est - un thriller politique français parfaitement formaté.

donc on a des qualités qui vont avec - la description du milieu politique est plutôt pas mal, des bons acteurs par ci par là, le tout en étant plutôt carré - tout en étant profondément limité par son formatage. le point qui me dérange le plus est clairement le choix de partir d'un pitch assez ridicule et de le traiter en total premier degré, de privilégier une étude psychologique du personnage avec une reflexion sur bla bla bla plutôt que juste assumer que c'est ridicule donc allons y. du coup, on a un truc de thriller over the top à 15 minutes, puis 1 heure de développement réaliste (jusqu'à oublier de quoi on parlait à la base) avant de revenir dans les 20 dernières minutes à des trucs over the top ridicules, mais qui du coup ne passent pas puisqu'on sort d'une heure d'étude sociale et psychologique réaliste.

bref, je retrouve l'impression que j'avais avec "l'origine du mal", cette manière d'avoir le cul entre deux chaises, vouloir plaire aux commissions régionales et aux retraités tout en ayant envie de faire un thriller américain des années 90 et du coup ça ne marche sur aucun des deux aspects.

là dessus je suis trop sévère parce que dans l'absolu j'ai été correctement diverti.
emmanuelle bercot est très bien, maintenant que anais demoustier a 35 ans elle a été remplacée par rebecca marder (le problème ne se pose pas pour lavervhne qui joue un étudiant en ayant bientôt 40 ans comme aux plus grorieuses heures de 90210...), et la réalisation est vraiment totalement impersonnelle, ça devient épuisant ces mises en scène françaises interchangeables.

Ces phrases sans majuscules au début... Tiny Tears, c'est toi?

Flûte, en lisant l'avis d'Art Core et ses remarques sur le financement, j'allais le traiter de FingersCrossed, avant de scroller en bas et de constater que FingersCrossed voyait véritablement les films en producteur avisé, dispensant les bons et les mauvais points selon ce que le public, divisible à l'infini, demande.

baptiste, j'ignore qui était cet individu mais j'espère que c'était quelqu'un aux analyses fines et toujours pertinentes.

bmntmp, tu me fais un bien mauvais procès car je reproche justement aux films français de notre époque d'être conçus pour correspondre à ce que les financiers veulent pour plaire à un goût supposé d'un public fantasmé de cette manière. je n'aspire qu'à voir des films qui font un peu péter ce moule que je trouve abrutissant.

ce n'est visiblement pas le cas...
qu'ils n'aient pas réussi en 7 ans à corriger les gros défauts visibles de structure c'est quand même étrange.

https://twitter.com/emonlibert/status/1639201302260469760?s=20

"Un des meilleurs scénarios que j'ai pu lire ces dernières années" , la tristesse de cette phrase sérieux.

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CroqAnimement votre

Art Core a dit certaines choses mais les a dit trop cruellement.

Le début du film avant le drame m'a particulièrement séduit. Le débat d'idées autour de la table m'a emporté et j'ai trouvé ça bien joué: le père est bien, Bercot est super, Marder aussi, même Lavernhe est pas mal du tout. D'ailleurs contrairement à ce que certains disent je trouve pas la mise en scène impersonnelle. Certes, il y a par moment du tout-venant sans doute pour aller vite (un peu trop de stead qui se balade mollement avec les personnages) mais il y a quand même quelque choix forts, des parti-pris qui durent, des ruptures inattendues. Pas la folie mais pas honteux non plus.

Une fois le pitch alleno-dostoïevskien lancé j'avais envie d'adorer mais je suis freiné par cette décision inexplicable des personnages de fermer leur gueule. Ils sont très clairement dans leur bon droit, ils ont leur double parole face à aux gestes d'un prolo agressif qui se balade avec une carabine gravée. Evidemment, avouer veut dire mettre le doigt dans la machine judiciaire et personne n'a envie de ça, mais malgré tout la situation aurait dû être davantage inextricable. Pour croire à leur mauvaise décision d'enfouir le flingue, il aurait fallu que ce soit plus limite. Bref, bad decisions make good stories mais non.

Par la suite, je ne suis pas ennuyé comme certains car l'épée de Damoclès de ce crime plane sur chaque scène et donne un sous-texte fort. Mais en effet au bout d'un moment ça finit par patiner. Le dernier acte est particulièrement mal troussé avec Fin aussi nulle que le début était bien.

Par contre j'ai apprécié l'aura réaliste de l'ensemble. Pas trop d'erreurs qui te sortent du film. Bon, on imagine Desclous embarrassé car pendant les 5 ans au minimum de financement la retraite a eu le temps d'être reculée et l'ENA d'être dissoute, mais il fait de son mieux. Belle volonté de montrer une vraie permanence d'élue en mode préfabriqué et pas un bureau chromé ou boisé (par contre on en parle d'Emmanuelle Bercot qui se fait un Nespresso sans enclencher totalement la poignée de la machine ?). Réalisme génial aussi avec le personnage du ministre, j'étais impressionné par l'acteur -- las, il s'agit de Thomas Thévenoud ! (souvenez-vous: la phobie administrative, c'était lui) D'ailleurs y a Benjamin Griveaux remercié au générique (et Chloé Mazlo qui a fait le générique de début).

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ah oui et c'est cool un film qui comprend qu'on a beau être ancienne ministre, on peut avoir cultifié une réplique de CONAN LE BARBARE (même si le script s'oblige à citer la réf à l'écran...) ou écrire un sms "WTF ?"

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

aurelie filipetti aussi est remerciée !

au final on est assez d'accord sur le fait que c'est le crime qui pose problème : too much, pas très crédible, pas très inextricable, moralement pas très stimulant, benjamin lavernhe devrait y contribuer / provoquer plus directement, et ce qu'il produit ensuite comme "résolution" est vraiment minable.

bref très exactement le genre de trucs que tu corriges au fil des versions...

Art Core a tout dit.

Le couple ne fonctionne pas du tout, Rebecca Marder doit changer de mec.